BOIRE ET DÉBOIRES
Blind Date – Etats-Unis – 1987
Genre : comédie
Réalisateur : Blake Edwards
Acteurs : Kim Basinger, Bruce Willis, John Larroquette, William Daniels, Phil Hartman, George Coe, …
Musique : Henry Mancini
Durée : 95 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0, Français DTS HD Master Audio Mono
Sous-titres : Français
Éditeur : ESC Éditions
Date de sortie : 03 novembre 2021
LE PITCH
Sous pression pour un dîner d’affaires où il lui est interdit de ne pas venir accompagné, Walter Davis accepte la proposition de son frère de rencontrer Nadia, la cousine de sa femme. D’abord charmante, la jeune femme change peu à peu de personnalité après quelques verres de champagne, …
Avec modération
À première vue, Boire et déboires semblait taillé sur mesure pour le génie comique de Blake Edwards. Mais le résultat final, à peu près aussi hilarant qu’un bilan comptable dans une usine de charentaises, interroge : comment le réalisateur de The Party, même en toute petite forme, a-t-il pu à ce point louper le coche ? Mystère et bulle de champagne.
« Perturbateur, perturbatrice (du latin perturbator) : adjectif ; qui perturbe le fonctionnement ou l’ordre de quelque chose. » (Le Petit Larousse).
C’est un mécanisme narratif immuable : pour qu’une histoire puisse aller de l’avant, il lui faut un élément perturbateur. Et pour que l’existence à mourir d’ennui de Walter Davis (Bruce Willis, inexistant) puisse prendre un nouveau tournant un chouïa plus excitant, il lui faut une Nadia Gates. Fraîchement séparée, la donzelle a quitté sa Louisiane natale pour une semaine de vacances chez sa cousine en Californie. Nadia est belle, Nadia est jeune, Nadia est souriante et Nadia est célibataire. Mais elle a aussi un vilain défaut : il ne lui suffit que de quelques gouttes d’alcool pour se transformer en catastrophe ambulante. Dans un rôle un temps convoité par Madonna, Kim Basinger tente de casser son image de sex-symbol (9 Semaines et ½ est sorti l’année précédente) pour s’aventurer dans un registre où, à la même époque, Goldie Hawn faisait des merveilles. La ravissante idiote pas si idiote que ça, la blonde sous-estimée. En dépit d’un jeu pourtant très naturel, la Domino de Jamais plus jamais laisse de marbre. Et la faute repose entièrement sur un Blake Edwards qui la dirige et la cadre au petit bonheur la chance, non content de lui avoir teint les cheveux en auburn et de l’avoir forcé à enfiler une robe de soirée rouge vif de très mauvais goût. Sans autre explication qu’une crise de paresse aiguë, le cinéaste saccage l’argument comique numéro 1 de son film. Actrice souvent surprenante, Kim Basinger aurait pu rivaliser avec Audrey Hepburn, Julie Andrews ou même – pourquoi pas ? – Peter Sellers mais Edwards ne lui laisse aucune chance.
Lendemain de cuite
Plus grave encore qu’une direction d’acteurs complètement aux fraises, c’est la structure même de Boire et déboires qui interpelle et qui pose problème. Pas follement excitantes, les dix premières minutes du récit sont essentiellement concentrées autour de la personnalité antipathique du personnage de Walter Davis, homme d’affaires sans élégance, sans envergure, sans une once de charme. On se dit alors que la nuit d’ivresse promise va faire décoller le rythme et que le yuppie sous Prozac qui nous sert de héros va en prendre pour son grade. Raté. Outre le running gag d’une altercation avec l’ex de Kim Basinger (John Larroquette, dans un rôle de grand dadais insupportable), une poche de veste déchirée et quelques rencontres pittoresques avec un serveur hautain et un trio de punkettes, on constate avec tristesse que l’humour carbure davantage au château La Pompe qu’au Jack Daniel’s. Et le script (en partie réécrit par Edwards, sans être crédité au générique) de cesser ses hostilités nocturnes à une demi-heure de la fin pour embrayer sur un vaudeville bordélique où seuls le juge cynique campé par un William Daniels en forme olympique (la voix de KITT en version originale dans K-2000, c’était lui!) et un doberman très judicieusement nommé Rambo nous arrachent quelques sourires avant un épilogue convenu et maladroit qui en appelle à l’amour et à la … sobriété. Zzzzzz ….
Histoire de nous faire oublier cet accident de parcours, Blake Edwards et Bruce Willis feront à nouveau équipe l’année suivante pour le compte de Sunset, excellent film noir se déroulant dans les coulisses du Hollywood des années 20 et dans lequel Wyatt Earp et la star du western Tom Mix mènent l’enquête sur un meurtre commis par un pseudo Charlie Chaplin psychopathe incarné par Malcolm McDowell. On attend une édition en haute-définition de ce petit bijou de pied ferme.
Image
Une copie propre et à la compression irréprochable mais le plus souvent terne et très pauvre sur le plan de la définition, la faute à un master vieillissant traité au réducteur de bruit. Quelques plans autour de la belle et grande piscine de la propriété servant de décor principal pour le troisième acte se démarquent du lot.
Son
La stéréo de la version originale, très agréable et dynamique sur le plan musical, enterre le mono tristounet de la piste française où les fans de Bruce Willis seront bien déçus d’apprendre que le doublage de l’acteur n’est pas assuré par le regretté Patrick Poivey.
Liste des bonus
Aucun.