BODY TRASH

Body Melt – Australie – 1993
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : Philip Brophy
Acteurs : Gerard Kennedy, Andrew Daddo, Ian Smith, Vince Gil, Regina Gaigalas, Neil Foley…
Musique : Philip Brophy
Durée : 83 minutes
Image : 1.77 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Rimini Editions
Date de sortie : 16 mai 2025
LE PITCH
Une nouvelle vitamine est testée en secret sur les habitants d’une petite ville australienne, alors que les précédents tests se sont révélés mortels. Le chercheur qui a découvert la molécule tente de donner l’alerte, mais, contaminé, il décède dans des circonstances atroces. Deux policiers mènent l’enquête, tandis que mutations, effets secondaires violents et hallucinations se multiplient dans la population.
A Substance
Renommé en France Body Trash sans doute pour faire écho aux clodos pourrissants de Street Trash, Body Melt joue aussi allègrement sur la mutation des chairs, mais s’échappe des rues mal famées new-yorkaises pour décrire par le menu les joies de la zone pavillonnaire australienne… Et au final tout le monde fini dans la même flaque nauséabonde.
Sorti en 1993 dans son pays d’origine, Body Melt reste tout de même une petite anomalie dans un paysage cinématographique australien qui avait clairement dit adieu à son âge d’or de l’exploitation. Sans doute motivé par le succès inattendu d’un curieux film gore en provenance de Nouvelle Zélande, Braindead d’un certain Peter Jackson, et nourri par des années 80 bien fournies en délires comico-trash (de Re-Animator à Toxic Avenger), le jeune réalisateur Philip Brophy a finalement réussi à réunir un petit budget resserré, mais suffisant, et quelques acteurs de secondes zones, certains croisés dans les soaps locaux, pour mettre en boite son seul et unique long-métrage. Il n’a en effet pas besoin de beaucoup puisque venue de la culture underground et des vidéos expérimentales, ce dernier combine ici tous les postes, de scénariste à producteur en passant par compositeur, responsables des effets spéciaux et bien entendu réalisateur. Un as de la débrouille, mais aussi avant tout un artiste complet, plasticien et vidéaste qui vient concrétiser plus ou moins toutes les thématiques, obsessions et réflexions déjà visibles dans des courts métrages réunis en 1988 dans l’appétissant programme : Salt, Saliva, Sperm and Sweat.
Trouver le bon dosage
On retrouve ici d’ailleurs un peu cet aspect compilation puisque le métrage devait être au départ un film à sketch mais dont la trame fut finalement, vaguement réunie autour d’un même axe, celui d’une enquête de police autour des agissements d’un labo pharmaceutique n’hésitant pas à se livrer à quelques expériences sur les patients du club de remise en forme, ou sur les habitants de la ville d’à côté. Une simple pilule délivrée comme une vitamine miracle ou des déchets radioactifs enfouis sous de belles maisons toute neuves, vont ainsi provoquer de nombreux transformations, hallucinations, accès de violence et mutations corporelles terminales. Dans une atmosphère assez joyeuse de sitcom aux couleurs acidulées avec ses petites familles bien propres sur elles et un humour au raz-du-sol, Body Melt se permet toutes les outrances entre corps qui fondent, visages qui s’arrachent tout seuls, éventrations, pénis explosifs, des litres de mucus et de bidoches, jusqu’à un fœtus qui s’échappe tout seul… juste avant d’attaquer papa. Un bon gros délire très généreux dans ses effets, mais qui manque, il faut bien le dire, de constance et de cohésion, ou d’un petit sentiment d’hystérie collective, ou d’urgence allumée pour convaincre totalement. La construction éclatée y est sans doute pour quelque chose, même si cette dernière nous offre tout de même une parenthèse totalement hallucinée dans une famille de redneck locaux, plus vrais que nature, et dont la petite dernière à la fâcheuse tendance à bouffer ses amants en pleine étreinte.
Des délires bien barjos, mais pas si gratuits, puisque Philip Brophy joue bien entendu la carte de l’outrance pour se moquer ouvertement de la middle class australienne, de sa quête maladive d’un confort illusoire et de son obsession de l’apparence. Entre image d’Epinal dévoyée, petits joggings matinaux en tenue fluo et célébration de l’aérobic dans toute son intelligence (les musclors de service parlent avec une voix de ballerine), Body Melt fait bien entendu partie, en toute modestie, de la belle famille du body horror.
Image
Body Melt a été restauré en 2018 par Vinegar Syndrome à partir des négatifs 16mm scannés en 2K. C’est bien entendu ce travail que reprend Rimini, ce qui nous permet de redécouvrir le film dans des conditions exceptionnelles : cadres ultra stables, image nettoyée de fond en comble, couleurs pimpantes, piqué solide et creusé, grain organique, argentiques présents… En dehors de quelques rares plans plus abimés (ou zoomés) on frôle constamment la perfection, l’ensemble profitant d’une définition des plus solides.
Son
La version originale australienne s’est vue doté d’un nouveau mixage DTS HD Master Audio 5.1 d’excellente facture, redonnant une belle énergie aux dialogues, mais développant aussi avec un certain naturel les ambiances. Les bruitages semblent plus envahissants et dégueux que jamais, se coulant joyeusement sur les enceintes latérales et arrières, mais le tout reste bien équilibré. La version française reste dans sa mouture stéréo, mais en DTS HD Master Audio, assurant effectivement clarté et stabilité, mais comme souvent les voix, très DTV, sont trop mises en avant.
Interactivité
Boby Melt rejoint l’excellente collection Fantastique de Rimini Editions et reprend donc à son compte le packaging habituels (digipack + fourreau cartonné) et bien entendu l’incontournable livret making of signé Marc Toullec. On ne trouvera par contre sur les disques qu’un seul supplément, là où l’édition US proposait interviews inédites et making of, avec une présentation signée Lilyy Nelson. Une intervenante du Blog du cinéma qui s’en sort parfaitement bien, dynamique et informative, évoquant la carrière et les obsessions de Philip Brophy, le rebond tardif de l’Ozploitation, les liens avec le body horror mais aussi l’Areobics-sploitation… Si,si, ça existe !
Liste des bonus
Le livret « 13 morts sur ordonnance » écrit par Marc Toullec (24 pages), « Body Horror et Fitness au pays des kangourous » par Lilyy Nelson, chroniqueuse cinéma de genre (16’).