BLOWN AWAY
États-Unis – 1994
Support : Bluray
Genre : Action
Réalisateur : Stephen Hopkins
Acteurs : Jeff Bridges, Tommy Lee Jones, Suzy Amis, Forest Whitaker, Lloyd Bridges, Stephi Lineburg, …
Musique : Alan Silvestri
Durée : 120 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Français & Anglais DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : L’Atelier d’Images
Date de sortie : 20 septembre 2022
LE PITCH
Terroriste et poseur de bombes d’une des branches les plus radicales de l’IRA, Ryan Gaerity parvient à s’échapper de sa prison d’Irlande du Nord et lance une vendetta contre un ancien compagnon d’arme devenu depuis un expert de la brigade de déminage de Boston sous une fausse identité, …
Le fil bleu ou le fil rouge
Été 1994. À un mois d’intervalle, deux films de studios proposent au public un affrontement spectaculaire et tendu entre un poseur de bombes fou à lier et un virtuose du déminage luttant contre une série de compte à rebours retors. Si le Speed de Jan de Bont sort vainqueur par KO de ce duel au box-office, Blown Away du sous-estimé Stephen Hopkins mérite pourtant une réhabilitation d’urgence.
Pour la MGM et United Artists, la première moitié des années 90 ressemble à un authentique chemin de croix. Accumulant les dettes et les dépôts de bilan depuis le fiasco épique de La porte du paradis, le légendaire studio au lion et sa prestigieuse filiale passent de main en main (et notamment celles du Crédit Lyonnais !) mais ne retrouvent toujours pas le chemin du succès et ne peuvent même pas compter sur les franchises James Bond et Rocky, au point mort depuis quelques années. Transfuge de la Paramount, Frank Mancuso Sr. tente pourtant de redresser la barre et mise près de 30 millions de dollars sur Blown Away qu’il espère voir caracoler en tête du box-office du début du mois de juillet 1994, dix jours avant la sortie de True Lies, le poids lourd de la Fox emmené par James Cameron et Arnold Schwarzennegger. Le réalisateur Stephen Hopkins, artisan solide en pleine ascension, et Jeff Bridges, curieux de s’essayer au cinéma d’action, signent sans hésiter à la lecture du scénario dont il vante les qualités. Oscarisé l’année précédente pour son rôle dans Le fugitif et courtisé par tous les studios, Tommy Lee Jones accepte également de se joindre à l’aventure pour le rôle du flamboyant bad guy. Moyennant une rallonge budgétaire, l’équipe expérimente de nouvelles techniques de macrophotographie et imprime sur pellicule et pour sa scène finale la plus grande explosion de l’histoire du cinéma, un record homologué et un mauvais souvenir pour les habitants de Boston, le souffle de la déflagration ayant vaporisé ce jour-là pas loin de 8000 fenêtres dans le voisinage ! Avec un tel pedigree, non, Blown Away ne pouvait – ne devait !- pas se planter.
La bombe humaine
En fin de parcours, le film de Stephen Hopkins parvint de justesse à rembourser son budget et à générer de très maigres bénéfices, en partie grâce à l’international. Car la presse américaine ne fut pas tendre avec le poulain de la MGM, critiquant les incohérences du script (il y en a effectivement quelques-unes, surtout lors du premier acte) et l’accent irlandais ridicule de Tommy Lee Jones. Sans forcément crier au scandale, il faut bien avouer que l’acteur texan est bel et bien le point faible de Blown Away et qu’il cabotine avec moins de conviction que Dennis Hopper dans Speed, puisque la comparaison est inévitable. On peut aussi se demander si la décision de caster Lloyd Bridges, indissociable des parodies des ZAZ au même titre que Leslie Nielsen après ses participations à Y a t-il un pilote dans l’avion ? et Hot Shots, fut une sage décision malgré le plaisir de le voir jouer avec son fils.
La mise en scène et le génie visuel de Stephen Hopkins font pourtant bien vite oublier les quelques défauts de Blown Away et rappellent une fois encore à ceux qui l’auraient malheureusement oublié, le talent si singulier du réalisateur de Predator 2 et de L’Ombre et la Proie. Jouant habilement à la frontière du classicisme et du modernisme, Hopkins construit ses scènes à l’ancienne avec un découpage très étudié et les « habille » avec des effets de style à la mode. Du plan séquence d’ouverture qui résume sans une seule ligne de dialogue la psychologie tourmentée et le patriotisme radical de son grand méchant jusqu’aux ralentis virtuoses et iconiques du climax monté en parallèle avec un concert de musique classique et le feu d’artifices de la fête nationale du 4 juillet en passant par des sommets de suspense évoquant aussi bien Alfred Hitchcock que Tsui Hark (et oui !) ou Richard Donner, Blown Away est un véritable festin pour cinéphiles.
Bien servi par un Jeff Bridges toujours aussi charismatique et attachant, par la photo soignée du fidèle Peter Levy et le score ébouriffant d’Alan Silvestri, Blown Away remplit donc haut la main son contrat de blockbuster de luxe, prolonge efficacement certaines thématiques exploitées dans le Patriot Games de Philip Noyce tout en anticipant The Devil’s Own d’Alan J. Pakula et témoigne, avec le recul, de l’inventivité dont Hollywood savait faire preuve dans le domaine de l’action. Ah, le bon vieux temps !
Image
Identique au master exploité par Kino Lorber aux USA, le transfert haute-définition que nous propose aujourd’hui L’atelier d’images est une vraie bénédiction. D’une part, il permet de visionner le film avec un confort et une qualité d’image qui font immédiatement oublier le DVD de 1998 (!). D’autre part, il corrige en partie les problèmes d’étalonnage rencontrés en post-production (une conséquence de la technique du « flashing », la pellicule étant préexposée pour modifier les contrastes) et visibles sur grand écran et qui donnaient alors l’impression que les copies avaient été passées à la machine à laver. Ici, les contrastes sont renforcés et les palettes de couleurs sont rehaussées. Demeure seulement l’impression d’un léger voile bleuté qui adoucit un peu trop la définition.
Son
Les explosions et bruits de mécanismes divers étant au cœur du spectacle, on appréciera les efforts de découpage et les sursauts salutaires de mixages 5.1 pas aussi violents que l’on pouvait l’espérer. Du beau boulot, fidèle au rendu d’époque, et qui prend le risque de ne pas totalement satisfaire les drogués du Dolby Atmos et du 7.1 qui fait trembler les murs.
Interactivité
Belle plume du Point Pop, Philippe Guedj témoigne de son enthousiasme pour les films d’action des 90’s en général et pour le film de Stephen Hopkins en particulier en insistant sur les qualités formelles de Blown Away et le professionnalisme de sa confection. Une analyse de séquence lui permet de développer ses arguments avec encore plus de précision en mettant en évidence la construction d’une scène de suspense, classique dans les ressorts qu’elle emploie mais novatrice dans les effets choisis pour la mettre en image. Un making-of d’époque en forme de reportage sur une véritable brigade de déminage animé par Lloyd Bridges témoigne des efforts de la MGM pour promouvoir son bébé en jouant sur l’authenticité et sur les impressionnants moyens mis en œuvre pour mettre en boîte des explosions spectaculaires.
Liste des bonus
« Le Blockbuster mésestimé » par Philippe Guedj, journaliste au Point Pop (2022, 21 minutes) / Analyse de séquence par Philippe Guedj (2022, 6 minutes) / Making of (1994, 20 minutes, VOST) / Bande-annonce originale / Bandes-annonces éditeur.