BLASTFIGHTER
Italie, France – 1984
Support : Bluray
Genre : Action
Réalisateur : Lamberto Bava
Acteurs : Michael Sopkiw, Valentina Forte, George Eastman, Stefano Mingardo, Ottaviano Dell’Acqua, Massimo Vanni…
Musique : Fabio Frizzi
Image : 91 minutes
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 91 minutes
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 14 décembre 2023
LE PITCH
Pour avoir fait justice lui-même, Jake « Tiger » Sharp a été condamné à dix ans de prison. À sa sortie, l’ex-policier d’Atlanta retrouve son camarade Jerry, qui lui offre un fusil SPAS-12, arme de guerre aux effets dévastateurs. Alors qu’il était décidé à se venger du procureur véreux qui l’a fait condamner, Jake choisit de poser les armes. Il se retire dans le cabanon familial situé dans les Appalaches, pensant y couler des jours paisibles. Mais il se retrouve bientôt confronté à une bande de dangereux braconniers et au retour inopiné de son passé…
Sans retour
Troisième long métrage d’un Lamberto Bava écrasé à vie par l’aura envahissante du paternel, Blastfighter est beaucoup moins cité que Baiser macabre et surtout que les deux Démons parmi ses rares réussites. Ce rip of très honnête de Rambo s’avère pourtant peut-être son film le plus maitrisé. Du bis, mais carré et tendu.
Il n’y a pourtant rien de bien glorieux dans la naissance de Blastfighter projet monté, comme beaucoup à l’époque, uniquement sur son titre qui en jette, puis une vague affiche, et qui devait au départ atterrir dans l’escarcelle fatiguée de ce brave Lucio Fulci. Toujours prompte à passer derrière la caméra, c’est finalement Lamberto qui s’y colle déviant l’ambiance voulue typée SF vers le film d’action d’autant plus simple à mettre en boite et à vendre que le Rambo de Ted Kotcheff a explosé les box-office quelques mois plus tôt. Même si les années 80 marquent un affaiblissement considérable de la production italienne, les vieilles méthodes ont la dent dure, et Blastfighter n’hésite pas à piocher allègrement dans quelques références US particulièrement visibles comme Voyage au bout de l’enfer (la partie de chasse), Délivrance (le film a été tourné dans le même parc naturel et reprend en cameo le fameux joueur de banjo)… Des hommages dirons nous, mais Lamberto n’est pas si bête et déroute par exemple très efficacement le contenu politique de Rambo, le fameux retour difficile des vétérans, vers une réflexion plus écologiste et donc relativement originale. Ici les culs terreux si fiers d’être de bons américains du cru et qui rejettent le nouveau venu Jake Sharp, le font car en plus de venir de la ville, il a osé s’opposer à eux sur la mort inutile d’un chevreuil et le commerce sordide qu’il font des animaux sauvages de la forêt. Eux voient ça comme une tradition et un droit primordial (les premiers écologistes qu’on vous dit !) et ne supporte dès lors pas l’ingérence de ce gars du coin revenu avec ses idées progressistes, et vont dès lors le menacer, multiplier les cadavres d’animaux sur le pas de sa porte et transformer sa vie en enfer jusqu’à franchir la limite terminale.
« Je pus peut-être, mais j’ai un gros flingue »
Une escalade dans la violence classique, mais plutôt bien menée puisqu’elle repose sur cet ancien flic incarcéré pour avoir tuer l’un des assassins de son partenaire et de sa propre femme, mais qui malgré ses désirs de vengeance ne veut plus tuer d’être vivant (ça va changer…) et sa confrontation à un ancien ami d’enfance, le patron de ce petit trafic, joué par l’imposant George Eastman, assez désemparé devant la stupidité de son frère et de ses hommes. Un peu d’épaisseur psychologique dans ce monde de brutes qui n’empêche certainement pas Blastfighter de rester une véritable série B jusqu’au trognon, misant constamment sur l’action et l’efficacité jusqu’au bout. Réalisateur tout de même connu pour une certaine inconsistance, Lamberto Bava se montre ici particulièrement solide et maitrise son récit, n’hésitant pas à multiplier les castagnes bourrines, les chasses à l’homme anxiogène dans les bois et même une très réussie tentative d’échappée sur les rapides, sans jamais faire pauvre ou bâclé. Même la dernière bobine, façon Charles Bronson qui aurait mis la main sur un fusil expérimental à balles dum-dum (le blastfighter du titre), rebondit généreusement sur ses effets les plus abusés et sanglants pour aboutir à un délire assez jouissif et décomplexé.
On n’échappera pas à quelques dialogues un poil con, à une tête d’affiche, Michael Sopkiw (vu dans 2019 après la chute de New York) rigide et jamais très convaincant avec sa moustache de concours, et à une trame secondaire inutile autour des retrouvailles avec la fille chérie (jolie Valentina Forte mais dont la différence d’âge avec le papou est assez ridicule), mais le divertissement est bien mené jusqu’au bout et émaillé de quelques notes d’humour noir bienvenues. Malgré sa ribambelle de copies carbones habitées par Chuck Norris et autres, la fameuse Cannon ne fera jamais mieux…
Image
Comme les autres éditeurs européens avant lui, Le Chat qui fume n’a pas vraiment d’autre choix que de composer avec un master HD qui n’a manifestement pas eu les honneurs d’un scan 2K ou 4K à la source. La copie, sans doute héritée d’un transfert vidéo plus ancien, a cependant connu de nombreuses tentatives de rafraichissement permettant d’obtenir des cadres relativement propres et stables, et même, petite amélioration de dernière génération, un rééquilibrage et une harmonisation des couleurs pour un résultat plus terreux et verts qu’autrefois. Mais tout ces efforts ont forcément eu un impact sur la précision avec un piqué clairement trop doux et légèrement lissé.
Son
L’édition propose deux pistes en DTS HD Master Audio 2.0. Des propositions relativement sobres avec des dialogues assez clairs et des effets (bruitages, musique…) jamais totalement naturels mais assez efficaces. Cette fois-ci on incitera à plutôt choisir la version française au jeu plus caractérisé (même si assez caricatural) mais au moins plus proche de l’action et des véritables dialogues, la version anglaise s’étant amusé à ajouté en post-synchronisation de nombreuses remarques et morceaux de dialogues assez crétins.
Interactivité
Édition simple proposée dans un boitier bluray scanavo standard, Blastfighter s’offre tout de même un très bon supplément avec le segment « L’esprit de vengeance » qui regroupe les interviews de Lamberto Bava, Gianlorenzo Battaglia et Luigi Montefiori alias George Eastman. Un petit doc étonnant puisqu’autant les deux premiers prennent à cœur de raconter la création du film, le tournage, la petite carrière du métrage à grand renforts d’anecdotes (dont pas mal sur le tout jeune Michele Soavi ici assistant et acteur), l’ancien acteur lui impose d’emblée sa vision désabusée du cinéma italien, regarde de haut sa participation à Blastfighter et allume très méchamment le pauvre Lamberto Bava. Un personnage très particulier.
Liste des bonus
« L’Esprit de vengeance », avec Lamberto Bava, Luigi Montefiori et Gianlorenzo Battaglia (38’).