BIRDY
États-Unis – 1984
Support : Bluray & DVD
Genre : Drame
Réalisateur : Alan Parker
Acteurs : Matthew Modine, Nicolas Cage, John Harkins, Sandy Baron, Karen Young, Bruno Kirby …
Musique : Peter Gabriel
Durée : 120 minutes
Image : 16/9-1.85
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.07
Sous-titres : Français
Éditeur : Wild Side Video
Date de sortie : 23 novembre 2022
LE PITCH
Deux amis inséparables reviennent du Vietnam marqués à jamais. Malgré un long séjour à l’hôpital, Birdy ne sort plus de son mutisme. Prostré, isolé, il passe des heures à fixer le ciel et à rêver de pouvoir voler comme un oiseau. son ami Al, qui a perdu son visage dans cette guerre, décide alors d’entrer dans son jeu pour l’aider à s’évader…
Parker nous donne des ailes
Grand Prix du jury à Cannes en 1985, Birdy est une œuvre fascinante, ode à la liberté et à la différence portée par une interprétation incroyable de Mathew Modine, une réalisation audacieuse et une musique planante de Peter Gabriel. Désormais disponible dans un Master 2K, le film d’Alan Parker, salué aussi bien par la critique que le public, n’a rien perdu de sa force.
A l’instar de Midnight express (1978) ou de Pink Floyd : The wall (1982), Alan Parker retrouve avec Birdy un thème central de sa filmographie, l’enfermement aussi bien mental que physique. Adaptation du livre de William Wharton, le film raconte l’histoire d’un jeune homme (incarné par un Mathew Modine dans son plus grand rôle) à part, réservé et rêvant de pouvoir…voler ! Pris dans le tourbillon de l’Histoire, il sera embarqué, comme son ami Al joué par le tout jeune Nicolas Cage, dans l’enfer de la Guerre du Viêt Nam, avant d’être interné à son retour dans un hôpital militaire.
A la manière de Michael Cimino dans Voyage au bout de l’enfer, le réalisateur britannique suit son duo d’amis avant, pendant et après la guerre, même si cette dernière sera finalement peu présente à l’écran et que cette fois, le récit n’est pas linéaire, mais ponctué de flashbacks renvoyant à différentes périodes. Tous deux traumatisés, l’un est défiguré, l’autre muré dans son silence, ils ne se reconstruiront finalement qu’en résistant, même si cette résistance doit passer par la folie, contre un système qui sacrifia toute une génération dans la jungle vietnamienne. Ainsi dans le final, Al déclarera : « Ils nous ont tout pris, on est complètement foutus. C’est toujours les autres qui ont décidé pour nous. ». Véritable ode à la liberté, Birdy, malgré son caractère dramatique, nous donne des ailes grâce à son éloge de l’amitié, son humour très présent et son final surprenant qui s’éloigne du registre dramatique attendu.
Vol au dessus…
Difficile de ne pas songer à Vol au-dessus d’un nid de coucous devant la description de cet hôpital psychiatrique militaire, qui est le lieu principal de l’intrigue, tenu de main de fer par le détestable Dr Weiss. Comme Jack Nicholson, Mathew Modine croit lui aussi, dans un premier temps, échapper à la folie du monde extérieur dans cet asile. Grâce à la sublime photographie de Michael Seresin, Parker sort de cette cellule de magnifiques séquences, véritables tableaux au clair de lune qui donneront d’ailleurs la célèbre affiche européenne.
Froides et austères après la guerre, les couleurs sont au contraire chatoyantes lorsque le passé et la jeunesse du duo resurgit. Le Philadelphie populaire des années 1960 est joliment retranscrit et nous vaut des séquences mémorables où la maestria de la réalisation se déploie. Avant-gardiste, Parker utilise alors la Skycam, grâce à un système de tyrolienne, pour nous faire nous envoler lors des rêves de Birdy, sorte d’Icare moderne.
Lui-même compositeur, Parker aura toujours attaché une grande importance à la musique de ses films, quand elle ne tient pas tout simplement le rôle principal (Fame, Evita, The Commitments…). Il s’attache ici les services du fondateur de Genesis, Peter Gabriel, pour une première BO mémorable, réalisée à partir d’un patchwork de morceaux préexistants de l’artiste, ainsi que de sons d’oiseaux, percussions africaines… Elle colle parfaitement au film et semblerait vraiment avoir été écrite pour l’occasion !
Film culte et grand succès à sa sortie, Birdy reprend donc son envol grâce à cette belle édition collector de Wild Side. Emblématique des années 1980, ce film qui révéla au grand public son duo d’acteurs demeure, malgré les années qui passent, une grande œuvre pleine d’imagination et de poésie, touchante mais jamais larmoyante.
Image
Présenté dans un nouveau Master 2K, Birdy affiche un joli rendu et une belle définition. Malgré des couleurs parfois un peu ternes, l’image dans l’ensemble est lumineuse et les détails, la profondeur de champ sont appréciables.
Son
Le mixage 2.0 est clair et dynamique, la musique et les sons d’ambiance parfaitement rendus. Les deux versions sont équivalentes.
Interactivité
Cette belle édition collector Digibook avec un livret écrit par François Cau (Nanarland) nous propose 78 minutes de bonus intéressants. La musique de Peter Gabriel est particulièrement mise à l’honneur avec une intervention de l’auteur de la BO de La dernière tentation du Christ et une analyse par le passionné Christophe Geudin. On apprend que Gabriel, réputé pour sa lenteur légendaire, a signé la musique en 2 mois…en recyclant nombre de ses propres sons ! D’ailleurs la pochette de l’album contient l’avertissement : « Attention, ce disque contient du matériel recyclé. » !
L’intervention des deux scénaristes Jack Behr et Sandy Kroopf, et du réalisateur Keith Gordon nous en apprennent plus sur le roman et son auteur William Wharton. Gordon, qui adapta Wharton pour son Section 44, nous apprend que l’écrivain vécut longtemps dans un tanker sur la Seine et évoque son « réalisme poétique » ! Le duo de scénaristes rappelle que le roman n’a pas vraiment de fil narratif et que de nombreux monologues intérieurs parsèment le récit ce qui les amena à focaliser l’histoire sur l’amitié entre Al et Birdy.
Enfin, Mathew Modine revient sur son « plus grand rôle ». « Guidé par une force intérieure sur le tournage », l’acteur avait d’abord auditionné pour le rôle de Al et ne se voyait guère jouer Birdy, un « personnage fragile et délicat alors que je fais 1.90m ! ». Enfin, il nous délivre des anecdotes sur la célèbre séquence reprise sur la sublime affiche du film, où il tint tête à Parker !
Liste des bonus
L’abstraction de la guerre, avec Mathew Modine (24’), Prendre la plume, avec les scénaristes Jack Behr et Sandy Kroopf (14’), Haut vol, avec le réalisateur Keith Gordon (17’), Une musique réinventée, avec Peter Gabriel (7’), Birdy et l’ange Gabriel, avec le journaliste Christophe Geudin (16’), Bandes-annonces.