BILITIS
France – 1977
Support : Bluray
Genre : Comédie sentimentale, Erotique
Réalisateur : David Hamilton
Acteurs : Patti D’Arbanville, Mona Kristensen, Gilles Kohler, Bernard Giraudeau, Mathieu Carrière…
Musique : Francis Lai
Durée : 95 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Français, anglais et allemand DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Aucun
Editeur : L.C.J. Éditions
Date de sortie : 25 août 2021
LE PITCH
Âgée de dix sept ans, Bilitis est élève dans un internat. Peu avant les vacances d’été, qu’elle passe chez son amie Melissa qui est mariée, elle est tombée amoureuse d’un photographe, mais n’ose pas cependant faire le premier pas. Elle est témoin de la violence avec laquelle Pierre le mari de Melissa, la force à des rapports sexuels. Toutes deux se réfugient alors dans une brève aventure saphique, à laquelle Melissa met fin par la suite.
Jeune fille en fleur
Symbole d’une époque où photographier et filmer de jeunes adolescentes dans le plus simple appareil de provoquait aucun remous dans le milieu culturel français, Bilitis est la première réalisation cinéma de David Hamilton. Et c’est là que, pour beaucoup, ça coince.
Évocation surannée et suave des premières émotions sentimentales et de la découverte de la sexualité par une jeune fille de 17 ans, Bilitis fut en 1977 un énorme succès populaire (en France et ailleurs), entraînant une vente record du vinyle de la BO de Francis Lai et l’apparition de l’affiche du film dans les chambres de nombreuses gamines. La consécration d’une certaine façon pour le photographe David Hamilton, alors largement plébiscité autant dans le milieu de la pub, dans celui de l’art que du grand public, pour sa manière vaporeuse et sensible de capturer l’instant fragile du passage de la jeune fille à la femme. Au cœur de ces années de libération sexuelle, personne ne s’offusque ou presque qu’il photographie ses sujets dans des postures suggestives et dans une nudité plus ou moins affirmée. En soit, rien de mal à montrer un corps nu, quel qu’il soit, et ses photos sont souvent particulièrement esthétiques, surannées certes, mais évocatrices… Ce qui peut poser problème, c’est l’obsession constante de David Hamilton pour ce seul et unique sujet. Et son arrivée dans le monde du cinéma ne change forcément pas la donne puisque l’ambition de celui-ci va être alors, en particulier dans le premier Bilitis, de transférer sa touche si personnelle dans la logique du cinéma. Pas si évident que cela puisque les fameux flous et effets voilés obtenus en faisant apparaître de la vapeur sur objectifs de l’appareil photo, ne peut être reproduit sur celui d’une caméra. C’est Bernard Daillencourt, célèbre chef opérateur de Borowczyk (Contes immoraux), qui va mettre au point tout un jeu de caches et de filtres, permettant de recréer cette atmosphère rêveuse, presque onirique.
« Elle venait d’avoir 17 ans… »
Autre homme de l’ombre sur le projet, Henri Colpi, Palme d’or 1961 avec Une Si Longue absence et monteur privilégié d’Alain Resnais, est engagé lui pour servir de super assistant de la réalisation, dirigeant les acteurs, mettant en place les mouvements de caméra, préparant tout le monde, laissant à David Hamilton le soin d’imposer ses intentions et de reproduire à l’envie des compositions déjà célèbres. Avec un rythme volontairement lent et contemplatif, avec sa construction desserrée s’efforçant de capter les hésitations et l’immaturité sentimentale de son héroïne, Bilitis est un film aux airs de tableau vivants… voir de roman photo en mouvement tant les émotions véhiculées, se confortent très souvent dans une naïveté douceâtre et, ironie, une sensualité tiède. Même si Patti D’Arbanville (Flesh, a) alors âgée de 26 ans se montre étonnamment convaincante, et pas uniquement pour son corps de nymphe, et que Bernard Giraudeau impose aisément son charme canaille, les personnages et leurs interactions manquent d’intensité, de force. Étonnant de la part de la romancière Catherine Breillat (Une Vraie jeune fille), ici coscénariste et qui effectivement se montra peu satisfaite du résultat, et franchement dommage pour une chronique qui se voulait au départ une adaptation moderne de Les Chansons de Bilitis de Pierre Louys. Un faux conte antique et une célébration du saphisme face à la brutalité et la maladresse masculine, dont on perçoit difficilement l’ardente intention dans la très proprette étreinte entre Bilitis et Melissa, la femme mariée dont elle s’éprend. Seule la lecture d’un poème charnel sur les masturbations pratiquées contre le tronc rugueux d’un arbre et sa mise en image sans détour peut éveiller les sens.
Au-delà de la polémique entourant David Hamilton, son Bilitis fait tout de même un peu mieux que l’embourgeoisé Emmanuelle de Just Jaeckin, autre film érotique culte de cette décennie là, mais en dehors de l’âge limite de certaines figurantes, tout cela semble bien suranné.
Image
LCJ annonce ici un nouveau Master HD restauré par ses soins. Pas forcément une tache facile on le sait tant les filtres vaporeux et les flous hamiltoniens ne facilitent jamais ni le travail de restaurations, ni la définition, ni l’encodage. La copie en présence s’en sort cependant particulièrement bien déjà en proposant des cadres très propres et stables, et en réussissant à marier la nature originale de l’image, de préserver une part de son grain sans se faire envahir. On verra bien apparaitre dans quelques plans un bruit plus numérique, mais le tableau d’ensemble est plus qu’honorable, équilibré et idéalement doucereux.
Son
Accompagnée des doublages anglais et allemand, la version française retrouve son mono d’origine dévoilé en DTS HD Master Audio 2.0. Pas de grandes prouesses ici cependant, la source est fortement marquée par une légère saturation dans de nombreux dialogues. Le son reste assez clair, bien posé, et donne bien entendu une belle présence aux mélodies de Francis Lai.
Interactivité
LCJ propose une fois encore un bel objet, petit boitier en carton épais contenant un Mediabook richement composé d’un livret « making of » rédigé par Marc Toullec et agrémenté de photos du film, du CD remasterisé de la bande originale et du Bluray. Sur ce dernier on peut découvrir une interview de Nöel Véry, assistant du chef opérateur sur Bilitis (et devenu dans les années 80 LE pro de la Steadycam). Une rencontre très intéressante sur les différentes recherches techniques pour retrouver en mouvement l’esthétique particulière de David Hamilton. Quelques souvenirs de tournage sont partagés, mais on sent le monsieur un peu moins à l’aise lorsqu’il doit évoquer les polémiques plus récentes qui ont entouré le photographe.
Liste des bonus
Le livret rédigé par Marc Toullec (60 pages), le CD audio de la bande originale du film, Rencontre exclusive avec Noël Véry, assistant chef opérateur sur le film (18’).