BIANCO APACHE & SCALPS

Italie, Espagne – 1987
Support : Bluray
Genre : Western
Réalisateur : Claudio Fragasso, Bruno Mattei
Acteurs : Sebastian Harrison, Lola Forner, Alberto Farnese, Charles Borromel, Vassili Karis, Mapi Galán…
Musique : Luigi Ceccarelli,
Durée : 94 et 100 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 18 avril 2021
LE PITCH
Un convoi de pèlerins est attaqué par une bande de pillards. Ces derniers massacrent tout le monde à l’exception d’une femme, sauvée in extremis par des Apaches. Enceinte, elle est ramenée jusqu’à leur camp, où elle meurt en couches. L’enfant survit. Baptisé Shining Sky, il est élevé par White Bear, le chef de la tribu. « L’Apache blanc » grandit avec Black Wolf, le fils du chef, et devient son meilleur ami.
La résistance des Confédérés s’est effondrée avec la reddition du général Lee. Cependant, le colonel Connor refuse de capituler et ordonne le massacre d’une tribu apache afin de kidnapper Yarin, la fille du chef indien, qu’il convoite. Mais celle-ci, malgré ses blessures, parvient à s’échapper et trouve refuge dans la ferme de Matt Brown, un ex-soldat inconsolable depuis la mort de sa bien-aimée.
Vengeances indiennes
1987 alors que le western italien est depuis longtemps enterré, après une bien longue agonie, le duo responsable de Virus Cannibale et Les Rats de Manhattan entend bien lui offrir un retour glorieux en tournant dos à dos Bianco Apache et Scalps. Un vœu pieux, vite perturbé par la perversité habituelle de leur cinéma glorieusement tourné vers l’exploitation à la ristourne.
Rendons à César ce qui est à César, l’idée d’un tel projet est née dans l’esprit éclairé de l’acteur / producteur Richard Harrison, devenu spécialiste dans les années 80 de variations ritales sur la figure du Ninja (Ninja Terminator, Ninja Hunt, Ninja Dragon…) manifestement nostalgique lui aussi de la belle époque des grands westerns italien, et plus particulièrement de leur pendant crépusculaire et baroque. Des envies de renouer avec les derniers sursauts d’un Keoma ou d’un Mannaja qui fait clairement écho chez les camarades Bruno Mattei et Claudio Fragasso, qui s’embarquent réjouis pour les décors ô combien évocateurs d’Almaria. Le symbole d’un âge d’or, dont on retrouve d’ailleurs quelques superbes espaces sauvages ou des restes de décors dans Bianco Apache et Scalps, en particulier la fameuse maison d’Il était une fois dans l’ouest dans ce dernier. Malheureusement l’âge d’or est bel et bien révolu, et les financements n’ont plus grands choses à voir. Aux deux bougres de se débrouiller, comme d’habitude, avec les fonds de tiroirs, quelques figurants et second rôles fatigués (et recyclés d’un film à l’autre), une équipe technique limitée et une seule et unique caméra. Elle est loin l’amplitude d’antan, la fougue épique des Leone et la sécheresse baroque de Corbbucci, surtout que Mattei et Fragasso (va savoir qui dirige quoi…) n’ont bien évidement pas le talent de leurs modèles.
L’adieu au grand esprit
Quelques cadrages, quelques plans citent naturellement les grands classiques mais l’esprit délicatement bisseux reprend le plus souvent le dessus. Premier du lot Bianco Apache semble d’ailleurs constamment batailler avec ses pulsions inavouables lorsqu’il décrit avec la grâce naïve d’un roman photo les amours adolescents de son fougueux héros (John Harrison fils de), s’engouffre dans une imagerie candide de western Playmobile, mais vient constamment la tacler avec des séquences de massacre et de viols collectifs pas plus réalistes mais largement plus scabreux. Film de contraste dirons-nous, sauvé il est vrai par un final d’une cruauté rare et d’un nihilisme expéditif, Bianco Apache reste une exploration à la fois très manichéenne de l’ouest sauvage (les Indiens sont super gentils, les blancs super méchants… même les femmes qui sont des pu…) et un divertissement assez mollasson. Sans vraiment dépareiller dans ses thèmes primaires et dans son esthétique, Scalps s’en sort largement mieux. Les mauvaises langues diront que cela est sans doute dû à une présence plus marquée de Fragasso sur cet opus, les autres se satisferont juste d’une orientation générale beaucoup plus homogène. En dehors d’une scénette niaiseuse et même pas sexy, celui-ci ne s’embarrasse pas vraiment de romantisme et d’élans bucoliques, s’engouffrant d’emblée dans une traque entre un Colonel sudiste dégénéré et une belle indienne dont la tribu a été massacrée, bientôt aidé par un ancien soldat repenti. Plus violent, plus brutal et certainement tout aussi binaire, Scalps impose un rythme bien plus maîtrisé et un aspect survival plus assumé. La preuve avec cette ultime bifurcation où Yarin (Mapi Galán recroisée depuis dans… La Cité des enfants perdus) part sauver son protecteur, torturé avec des crochets enfoncés dans le torse (ça doit piquer), se métamorphosant en Rambo sioux, éliminant ses ennemis par quelques pièges et autres flèches bien placées. Ne manquant pas d’ambition Scalps se permet même quelques emprunts musicaux à Ennio Morricone (parait qu’il était d’accord) pour s’efforcer de reproduire le mexican standoff du Bon La Brute et le Truand… Avant de s’achever par un arrachage de cuir chevelu bien gore. Sacrez naturel qui revient toujours au galop sur son fier destrier…
Image
Films devenus des plus rares sur support Home Cinéma, Bianco Apache et Scalps n’avaient jusque-là connu de Bluray qu’au Japon. Ils débarquent désormais chez Le Chat qui fume, mais ne se hisseront pas forcément aux hauteurs habituelles de l’éditeur. Il y a bien eu restauration dans les deux cas, mais clairement uniquement numérique et en utilisant des sources pas forcément des plus pimpantes. Le premier doit alors souvent batailler avec des sources disparates (les stock-shots), quelques instabilités encore perceptibles et surtout un équilibre fragile entre la propreté de l’image et les sensations de lissé. Un peu plus en forme, Scalps se dote pour le coup de cadres beaucoup plus nets et d’une définition plus marquée. Malgré les défauts énoncés, les deux éditions permettent aux films de retrouver leurs teintes crépusculaires et une patine HD assez agréable.
Son
Comme tout le monde joue mal et que la post-synchronisation est de tout façon assez foirée, le choix entre la version anglaise et la version française répond surtout aux subtilités de chacun. Les sources sont plutôt claires et nettes, mais restent assez centrales et un poil étouffées.
Interactivité
Distribués en même temps que le nunsploitation Novices Libertines, Bianco Apache et Scalps poursuivent l’interview du scénariste et réalisateur Claudio Fragasso qui y a été entamé. Un entretien carrière fleuve de quasiment deux heures scindé en trois époques dont on retrouve ici les seconde et troisième parties. C’est bien entendu sur le segment 1983-1990 que l’on entend parler des deux westerns en question, sur lesquels le bonhomme se montre assez lucide même s’il met leurs défauts sur le dos d’une production calamiteuse. Intéressant aussi d’entendre comment Fragasso laisse entendre qu’il a la paternité réelle des deux métrages. Le reste des échanges brasse la longue carrière de ce spécialiste de l’exploitation sur une petite trentaine d’année, passant de ses simili Rambo tournés en Asie aux beaucoup plus récents thriller sociaux, comédies lourdingues et récits de banditisme shootés en numérique. Increvable.
Liste des bonus
Entretien carrière avec Claudio Fragasso partie 2 1983-1990 (41′) & 3 1990-2016 (35′), Bandes annonces.