BETTER MAN

Royaume-Uni – 2024
Support : Bluray
Genre : Drame, Musique
Réalisateur : Michael Gracey
Acteurs : Robbie Williams, Jonno Davies, Steve Pemberton, Alison Steadman, Kate Mulvany, Raechelle Banno…
Musique : Batu Sener
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, Dolby Digital 5.1 Français
Sous-titres : Anglais, Français, Japonais.
Durée : 135 minutes
Editeur : Paramount Pictures France
Date de sortie : 22 mai 2025
LE PITCH
L’ascension du célèbre chanteur/compositeur britannique Robbie Williams. Devenu une star avec le Boy Band, Take That, dans les années 1990, ce dernier a peu à peu plongé dans les paradis artificiels avant de retrouver le succès en solo en 1997 avec la chanson « Angels ».
Let Me Entertain You !
Immense star des années 90 autant connue pour ses tubes (She’s the one, Supreme, No regrets, Angels…) que pour ses frasques et ses show télévisés sous substances, Robbie Williams s’offre une biographie cinématographique à son image : démesurée, too much mais terriblement entrainante et in fine particulièrement touchante.
Dans l’égrenage désormais bien régulier des grands biopics venant revisiter la carrière bouleversante des grands noms de la chanson internationale, de Freddie Mercury à Bob Marley en passant par Amy Whinehouse ou Elvis, Better Man assume déjà, comme le faisait Rocketman consacré à Elton John, la particularité de s’intéresser à un artiste toujours vivant et n’ayant pas encore achevée sa carrière : Robbie Williams. La seconde particularité est d’être produit et partiellement interprété par l’artiste lui-même qui au passage s’est fendu de réinterprétions et réorchestrations de ses plus grands tubes. Une idée curieuse qui viendrait confirmer l’égo surdimensionné du bonhomme, mais qui pourtant est surtout née dans l’esprit de Michael Gracey, réalisateur de l’enthousiaste The Greatest Showman, alors qu’il enregistrait une série d’entretiens avec ce dernier. Des discussions durant lesquels Robert Peter Williams, de son vrai nom, se livrait comme jamais, sans fausse pudeur, sans honte et avec une lucidité rare sur sa personne, son statut et sa carrière. Certains passages se retrouvent d’ailleurs tels quels dans la narration en voix off du film, et offrent un éclairage unique au film. Il s’agit certes reconstitution d’une trajectoire d’ascension / chute / rédemption finalement terriblement basique dans le show-business, mais aussi d’un portrait parfois cru et pathétique d’un gamin des quartiers populaires pulvérisé en vol par une célébritée survenue trop tôt (au sein du boys band Take That), cherchant éperdument la reconnaissance du public mais aussi et avant tout d’un père égoïste, obnubilé par sa propre carrière d’artiste raté.
My Way
On aurait pu craindre l’égo trip embarrassant, le délire mégalo rejouant la partition de l’artiste maudit et génial brisé par des failles intimes que les autres ne peuvent comprendre, mais Robbie Williams lui-même n’a que peu de sympathie pour son personnage médiatique, qui en fait toujours des caisses, ni de prétention sur une création musicale certes de qualité mais qui n’a pas vocation à transformer l’histoire de la pop musique. Plus crooner dans l’âme, entertainer, voir même bête de foire… Ce statut poussant même le film à lui donner un visage et un corps de chimpanzé. Excellente idée technique (pas de soucis de ressemblance pour retrouver un Robbie enfant, ado puis jeune homme…) mais aussi une personnification brillante de l’ambivalence constante du chanteur dans son besoin de prendre toute la place et la lumière, et un dégout de lui-même qu’il n’a jamais caché. Son cheminement autodestructeur, jalonnée d’alcool et de toutes les drogues à disposition, peut alors prendre des airs de fantaisie, de fable moderne surréaliste et s’envoler, malgré la dureté de certaines séquences, vers tous les excès de la comédie musicale. D’un Feel qui devient déchirant en illustrant les souffrances de l’enfance à un plan séquence virtuose dans Regent Street sur un Rock DJ endiablé célébrant les débuts du groupe jusqu’à un Let Me Entertain You où les démons prennent corps en plein concert et transforme la performance en bataille épique, Michael Gracey explose le cadre du biopic musical pour en faire une expérience spectaculaire et intime assez unique.
On n’ échappera pas à quelques épisodes très mal exploités (la concurrence avec les frères Gallagher…), l’évangélisme de la représentation de la mère ou de la grand-mère, une rédemption finale réduite à un montage expéditif et une tendance à passer sous silence de proches ou artistes connus qui ont indéniablement comptés (George Michael, Ruppert Everett…). Malgré quelques petites longueurs et pesanteurs Better Man brille d’une telle sincérité cruelle et d’une telle volonté d’échapper à l’hagiographie habituelle, qu’on y sent véritablement poindre cet homme meilleur, cet artiste apaisé prêt à tous les mea-culpa, mais qui, heureusement, n’a rien perdu de son énergie musicale.
Image
Pas de sortie UHD en France pour Better Man. Bien dommage. Mais si le film fut effectivement capturé sur cameras Arri Alexa en 4.5, la post-production elle ramena le master à une 2K plus modeste. Le format Bluray semble alors idéal finalement, restant au plus près de la source et de son potentiel, affirmant bien entendu une image ultra limpide, parfaitement définie même si les inserts en synthèses (essentiellement Robbie le singe) sont marqués pas un léger flou notable. Le piqué est solide, les contrastes bien marqués, les couleurs souvent pétantes, les noirs profonds, et un léger grain ajouté en post-production ajoute effectivement à l’ensemble quelques matières plus « cinéma » très appréciables.
Son
Le film est disposé ici avec une petite version française doublée, coincé dans un Dolby Digital 5.1 efficace mais gentillet. Inutile de dire que la voix de Robbie Williams, les accents britishs à couper au couteau et le naturel général y manquent cruellement. Surtout que la version originale déploie un Dolby Atmos ultra ample et énergique, accompagnant à merveille les morceaux chantés, imaginés ou sur scène, avec des effets de volume et de spatialisation impressionnants. Extrêmement solide et naturel même dans les simples passages dramatiques. Performant.
Interactivité
Pas de grosses surprises du coté de la section bonus de l’édition, où on aurait tellement apprécié retrouver un documentaire plus large sur la carrière de Robbie Williams ou une sélection de certains de ses, très bons clips, voir le fameux concert en mode crooner qui sert de modèle pour le final du film… Bref, ici que du classique avec un segment très complet sur la conception des effets spéciaux, du design à l’intégration en passant par le découpage et l’animation, et surtout un véritable making of d’un peu plus de trente minutes revenant sur la conversation enregistrée entre le chanteur et le réalisateur Michael Gracey qui deviendra la base du scénario et la voix of du film, l’idée de la tête du singe, l’aspect témoignage et bien entendu la mise en place des grandes séquences musicales. Très complet et souvent aussi franc que le métrage.
Liste des bonus
« Let Me Entertain You : Dans les coulisses de Better Man » (35’), « Monkey Business : Les effets visuels » (15’).