BEN & CHARLIE
Amico, stammi lontano almeno un palmo – Italie, France – 1972
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : Michele Lupo
Acteurs : Giuliano Gemma, George Eastman, Vittorio Congia, Giacomo Rossi-Stuart, Luciano Catenacci, Marisa Mell…
Musique : Gianni Ferrio
Image : 2.35 16/9
Son : DTS HD Master Audio 2.0 mono Italien, Anglais et Français
Sous-titres : Français et Anglais
Durée : 112 minutes
Editeur : Éléphant Films
Date de sortie : 5 novembre 2024
LE PITCH
Un pistolero attend un homme à la sortie du pénitencier. Bien décidé à se venger d’une arnaque du détenu, il promet de le tuer s’ils se revoient. Mais les destins des deux hommes ne cessent de se croiser. Au fil des petites arnaques, une improbable amitié naît de leur collaboration. Rapidement, l’étonnant duo se spécialise dans les braquages de banques rocambolesques et se retrouve en haut de la liste des bandits les plus recherchés de l’Ouest.
Amis pour la vie
Autrefois distribué sous le titre à rallonge de Méfie-toi Ben, Charlie veut ta peau (ce qui est faux au demeurant), alors que l’excellent titre italien signifie « Ami, reste à une bonne distance de moi », Ben & Charlie permet de découvrir un duo inattendu formé par Giuliano Gemma et George Eastman dans une comédie western tout à fait recommandable.
Forme déjà déviante du western classique, son versant italien n’aura cessé de muter, de se transformer au gré des modes et des succès. Impossible ainsi de ne pas reconnaitre dans ce Ben & Charlie les influences manifestes de l’énorme succès de On l’appelle Trinita, première grande parodie western et buddy movie avant son heure portée par le duo iconique Terrence Hill et Budd Spencer. Des rois de la torgnole qui laissent tout de même la place ici à une équipe un peu moins potache. Pas de parodie véritablement, quelques échappées à coup de baffes, de gags visuels et bien entendu de grosses bagarres, mais une tonalité qui préfère tout de même rester sur la corde raide de la comédie, du comique de situation, tout en gardant un arrière-plan légèrement plus sombre. Un peu comme si le scénario imaginé au départ par George Eastman (Keoma, Anthropophagous…) et Sergio Donati (Il était une fois dans l’ouest, Orca…), pas franchement des rigolos, avait été légèrement révisé pour correspondre à l’ambiance générale. Nos deux anti-héros, frères d’infortunes, et camarades de longues dates multiplient dans les dialogues pleins de moqueries l’un envers l’autre, passent leur temps à se chamailler, se taper dessus comme des gosses, à se séparer sur un coup de tête pour mieux se retrouver un peu plus loin… souvent dans les emmerdes. L’ouverture du film est ainsi admirable, rejouant presque l’élégance et l’attente à la Sergio Leone alors que Charlie (le géant brun Eastman en colosse taiseux et renfrogné) attend assis sur une fontaine que son vieux camarade Ben (Giuliano Gemma, le gamin blond, charmeur et toujours une idée à la con dans la poche) ne sorte de prison. Tout deux se tombent dans les bras, s’éloignent vers le désert… pour qu’on les retrouve en train de se filer des pains un peu loin.
L’un cause, l’autre pas
Les deux acteurs, antinomiques autant physiquement que dans leur personnalité et leur image au sein du cinéma italien, fonctionnent à merveille ensemble à l’écran, apportant une excellente dynamique et une tonalité très particulière à ce divertissement tout à fait réussi. Forcément cet humour impacte régulièrement tout ce qui aurait pu transformer le projet en une œuvre un peu plus exigeante, si par exemple il avait poussé plus loin cette relation passée en Ben et Sarah (la jolie Merissa Mell qui n’apparait que dans une scène), où si la lente chute du duo dans la vraie criminalité et son opposition à trois authentique brigands sans fois ni loi n’avaient été plus creusée. Léger donc, même si parsemé de quelques moments plus dramatiques et parfois même d’un soupçon de cynisme, mais indéniablement plaisant, divertissant, et très solidement emballé par l’artisan Michele Lupo qui revenait au western six ans après le précédent, et plus classique, Arizona Colt et qui n’y reviendra que cinq ans plus tard avec le bien plus sombre California, tous deux encore avec la star Giuliano Gemma. Trois westerns c’est peu, mais pourtant le réalisateur montre ici encore une belle maitrise des codes du genre avec un scope toujours élégant et précis, une belle photo solaire, une utilisation inspirée des habituels décors d’Almeria et même un sens de l’espace et du rythme tout à fait enthousiasmant pour son ultime gunfight final.
Pas un incontournable soit, mais un vrai bon moment en compagnie de deux excellentes, et charismatiques, têtes d’affiche.
Image
Encore plutôt rare en Bluray, même si on a déjà vu passer deux galettes dans les frontières allemandes, Ben & Charlie se dote d’une copie HD d’assez bonnes factures. On observe immédiatement une restauration assez soignée ayant permis de faire disparaitre la plupart des taches, griffures et décolorations dues aux longues années, et une certaine stabilité sur les bords. La définition est tout à fait efficace avec des grands espaces bien dessinés, et des détails vraiment notables sur les décors ou les visages. Le traitement de nettoyage numérique est cependant visible avec des plans parfois très lisses, une absence constante de grain et le traitement des couleurs se laissent parfois emporter par un traitement trop jaunâtre. Des défauts, mais l’ensemble est tout de même bien confortable.
Son
La version originale a plutôt bien résisté au temps et assure une restitution très propre et efficace sans grandes disparités notables.
Comme pour beaucoup de western, Ben & Charlie a connu en France une version tronquée d’une dizaine de minutes, le doublage, pourtant solide et énergique, est donc partiel et remplacé dans les passages manquants (quelques dialogues, quelques vannes…) par la VOST. A noter qu’il est possible de visionner, en vf sans interruption, le montage tronqué du film en option.
Interactivité
Autre titre de la collection Western Italiens d’Elephant Films, Ben & Charlie retrouve naturellement le boitier FuturePak et le visuel stylisé tout en rouge. A l’intérieur l’éditeur a glissé le petit livret thématique rédigé par Alain Petit, et sur les disques Bluray et DVD, une nouvelle présentation de Gérald Duchaussoy, co-auteur de Mario Bava Le Magicien des couleurs. L’intervenant n’est manifestement pas très inspiré par le film et passe surtout son temps à évoquer ce qu’il n’est pas, ou ce qu’il aurait pu être. Un peu dommage.
Liste des bonus
Un livret rédigé par Alain Petit (24 pages), Le film par Gérald Duchaussoy (15’), Bande-annonce.