BELFAST
Royaume-Uni – 2021
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Kenneth Branagh
Acteurs : Jude Hill, Lewis McAskie, Caitriona Balfe, Jamie Dornan, Judi Dench, Ciaran Hinds
Musique : Van Morrison
Durée : 99 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : DTS HD Master Audio 7.1 anglais, DTS High Resolution 7.1 français, allemand, espagnol…
Sous-titres : Français, allemand, italien…
Éditeur : Universal
Date de sortie : 06 juillet 2022
LE PITCH
Été 1969 : Buddy, 9 ans, sait parfaitement qui il est et à quel monde il appartient, celui de la classe ouvrière des quartiers nord de Belfast où il vit heureux, choyé et en sécurité. Mais vers la fin des années 60, alors que le premier homme pose le pied sur la Lune et que la chaleur du mois d’août se fait encore sentir, les rêves d’enfant de Buddy virent au cauchemar.
Magic Time
Projet mené entre la commande Artemis Fowl et le luxueux Mort sur le Nil, Belfast est une œuvre beaucoup plus intime, réduite, mais néanmoins intense dans laquelle Kenneth Branagh se livre personnellement sans doute pour la première fois à l’écran. Un retour à l’enfance, forcément teinté par ces « troubles » qui abimeront l’Irlande du nord.
Cultivant encore et toujours sa place d’un réalisateur plébiscité pour quelques blockbusters à stars (les adaptations d’Agatha Christie) et de grosses machineries Disney (Thor, Cendrillon) ou Paramount (The Ryan Initiative), Kenneth Branagh a toujours su revenir régulièrement à quelques créations plus modestes comme ce fut le cas dès ses passionnants débuts (Peter’s Friends). Ici l’idée est née durant la crise du Covid et au cours du premier confinement, la crise créant un déclic chez le réalisateur qui ressent alors le besoin de revenir sur sa propre enfance et de dévoiler ses souvenirs liés aux premières explosions de violence entre protestants et catholiques qui allaient mener l’Irlande du Nord dans une longue crise des plus dramatiques. Que peut-il persister de l’enfance alors que tout s’écroule autour de soi et que la violence fictionnelle, celle de l’imaginaire d’un petit garçon, devient bien trop réelle sous ses yeux ? Quelques images en couleurs donnent à voir le Belfast d’aujourd’hui, coloré, imposant, lumineux et moderne avant de passer à un noir et blanc éclatant, photographie hors du temps signée par l’habituel Haris Zambarloukos, qui signifie autant le passage à une ère de souvenirs qu’à une certaine subjectivité. Car si l’innocence de Buddy est brisée au bout de quelques minutes par une première horde de manifestants venant s’en prendre aux catholiques habitant son quartier, le film restera toujours vissé au point de vue certainement idéalisé du bambin.
Entre les barricades
Certes la situation n’est pas facile, papa et maman se disputent pour des problèmes d’argent, papy est très malade, quelques bêtises et les agissements d’un voisin brutal gâchent un peu le tableau idyllique, mais les parents Caitriona Balfe et Jamie Dornan sont glamour à souhait et le jeune acteur, Jude Hill, affiche une bouille parfaite, solaire. Le traitement même du contexte politique reste le plus souvent de l’ordre de l’anecdote, d’un écho lointain, et de toute façon Branagh ne veut y prêter aucun point de vue, aucune discussion, véhiculant bien entendu un message d’acceptation, de dialogue et la célébration de la culture familiale irlandaise plutôt que du communautarisme religieux qui a pu la déchirer. D’où la place prégnante des grands parents, interprétés par les fabuleux et particulièrement complices, Judi Dench et Ciaran Hinds, tout en douceur, humour, chaleur et justesse. Un message doux, trop soft pourrait on dire, qui fait alors surtout la part belle à la chronique de l’enfance, premiers amours, premières conneries, premières confrontations avec la réalité du monde adulte, là toujours juste, charmant et emporté par les chansons du rockeur local Van Morrison. Un feelgood movie admirablement construit, aux cadres et aux petites envolées joliment composées où Kennet Branagh vient aussi payer sa dette à ses premières découvertes cinématographiques (Chitty Chitty Bang Bang, Un Million d’année avant J.C.) et ses premiers émois théâtraux (A Christmas Caroll de Dickens) présentés eux en couleurs avec des accents dorées pour en souligner l’impact merveilleux sur un jeune esprit.
Joli et plaisant, Belfast est un film étonnement pétillant et léger, sincère certainement, mais où on peut avoir un peu l’impression qu’il soit passé prudemment un petit peu à coté de son sujet.
Image
Capturé en 4K sur divers caméra Arri Alexa (essentiellement) Belfast n’est pourtant proposé nulle part au format UHD. Heureusement le Bluray est superbe avec un master d’une propreté, forcément, virginale, et une définition extrêmement poussée qui creuse admirablement aussi bien les décors que les visages. Imposant lors des quelques plans en couleurs, splendide en noir et blanc avec des contrastes fins et subtiles aux reflets argentiques qui réveillent les sensations d’un passé par si lointain.
Son
Ample et généreux le DTS HD Master Audio 7.1 travaille à la perfection les ambiances de la petite rue de Belfast, les sonorités naturelles et les imaginaires de l’enfance, affirmant une clarté joliment dynamique lors des dialogues et étendant plus largement son amplitude pour accompagner les manifestations de chaos ou la bande son habitée par le rock de l’époque. Faisant perdre l’accent irlandais et donc une bonne part de charme au film, le doublage français se porte plutôt bien dans un DTS High Resolution 7.1 très proche dans ses sensations.
Interactivité
Section bonus en demi-mesure qui se contente par exemple d’un petit segment de moins de dix minutes en guise de making of, brassant assez rapidement les aspects intimes du film, le choix des acteurs et la reconstitution de cette rue typique du Belfast d’alors. Branagh a heureusement beaucoup plus de place pour s’exprimer pendant le commentaire audio qui accompagne le film, revenant sur l’impulsion d’origine, ses propres souvenirs, ses choix esthétiques et de nombreuses petites anecdotes qui viennent compléter un propos plutôt tranquille. Reste ensuite une petite sélection de scènes coupées ajoutant quelques détails à la petite vie de la famille et surtout une « fin alternative » qui vient surtout témoigner d’une orientation abandonnée pour le film. Celui-ci devait en effet comporter des séquences modernes régulières avec Buddy devenu grand (et interprété bien entendu par le réalisateur) qui revenait sur les lieux de son enfance. Pas franchement nécessaires en effet, elles n’auraient fait qu’alourdir le montage final.
Liste des bonus
Commentaire audio de Kenneth Branagh, Fin alternative, Scènes coupées, « Une ville d’histoire » : making of, « L’Enfant qui est en vous ».