BEETLEJUICE
Etats-Unis – 1988
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Comédie, Fantastique
Réalisateur : Tim Burton
Acteurs : Geena Davis, Alec Baldwin, Winona Ryder, Michael Keaton, Jeffrey Jones, Catherine O’Hara, …
Musique : Danny Elfman
Durée : 92 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, Dolby Audio 2.0 Français, Italien, Allemand, Espagnol…
Sous-titres : Français, Anglais, Italien…
Éditeur : Warner Bros Home Entertainment France
Date de sortie : 2 octobre 2024
LE PITCH
Barbara et Adam forment un adorable couple. Hélas survient un stupide accident de voiture et les voilà devenus fantômes obligés de hanter les murs de leur propre demeure ! Quelle n’est pas leur déception lorsqu’ils la voient livrée aux mains d’une famille excentrique dont les membres évoluent entre hystérie et stupidité. Barbara et Adam tentent de les chasser. En vain. La seule solution : faire appel à Beetlejuice, un fantôme exorciseur de vivants…
Freaks vs Freaks
Bonne nouvelle, le calendrier des (re)sorties 4k de Warner pour cette fin d’année 2024 nous propose de replonger dans l’une des œuvres de jeunesse de Tim Burton, cinéaste jadis prometteur mais aujourd’hui embourbé dans une impasse à la fois artistique et commerciale. Allez, tous en chœur : Beetlejuice ! Beetlejuice ! Beetlejuice !
Fruit d’un compromis entre l’univers enfantin et absurde de Paul Reubens et celui, surréaliste, macabre et ironique de Tim Burton, Pee Wee’s Big Adventure se révèle être une aventure profitable pour à peu près tout le monde lors de sa sortie en salles en 1985. Devenu « bankable » aux yeux de la Warner, Burton est immédiatement aiguillé vers l’adaptation très attendue de Batman. Seul problème, l’écriture du script patine et les négociations en coulisses s’éternisent. Pour ne pas perdre la main et s’occuper, le réalisateur jette son dévolu sur Beetlejuice, une histoire de fantômes imaginée par Michael McDowell et Larry Wilson. Si la maison hantée et l’affrontement entre familles lui rappellent à coup sûr la série Dark Shadows de Dan Curtis (qu’il adaptera directement bien plus tard, en 2012), Tim Burton saisit surtout l’opportunité d’imposer son imaginaire unique sur ce qui ressemble fort aux prémisses d’une sitcom. Le décor unique et le clash culturel entre les Maitland et les Deetz (la campagne contre la ville) saupoudré de fantastique transgressif évoquent en fin de compte un croisement entre The Brady Bunch et La Famille Addams. Burton opère donc un travail de réécriture en compagnie de Warren Skaaren et y injecte toutes ses obsessions et en particulier son amour des freaks, de Mario Bava et de Ray Harryhausen ; Et ses passions d’entrer en guerre les unes contre les autres avant de faire front commun contre les profiteurs, les cyniques et les conformistes. Au centre de ce tourbillon créatif, un électron libre : Beetlejuice.
Shake, shake, shake, señora !
Bien qu’il donne son titre au film, Beetlejuice ne bénéficie que de peu de temps de présence à l’écran. Burton l’utilise avec parcimonie et soigne avec malice chacune de ses apparitions. Le personnage lui sert essentiellement à venir bousculer et relancer une histoire qui, sans lui, menacerait de faire de tourner en rond et de manquer d’enjeux. Pervers, menteur, arnaqueur, Beetlejuice offre également à un Michael Keaton encore peu connu à l’époque de se livrer à un cabotinage endiablé, iconique et mémorable entre Buster Keaton (!), Groucho Marx, Freddy Krueger et James Brown. Une performance outrée et à l’opposé de celle qui livrera dans les deux Batman à venir.
En face de Michael Keaton, le reste du casting se met plus ou moins au diapason. Si Alec Baldwin et Geena Davis apportent du charme et de la nuance à un petit couple « bien crétin », Jeffrey Jones, Catherine O’Hara et Glenn Shadix en font des caisses en caricature de yuppies imbues d’eux-mêmes. Âgée d’à peine 16 ans au moment du tournage, Winona Ryder apporte fraîcheur, sensibilité et un étrange parfum de séduction à l’ensemble, lolita gothique et dépressive par excellence. Encore un peu raide par moments, la mise en scène de Tim Burton sait se montrer plus inventif lors de scènes musicales tout à la gloire du calypso d’Harry Belafonte ou d’escapades dans l’au-delà où les suicidés finissent fonctionnaires et où les visions morbides se teintent d’un humour féroce. Le tout mis en musique par un Danny Elfman en forme olympique.
Succès au box-office avec des recettes de 75 millions de dollars pour un investissement initial de 15, Beetlejuice conforte le statut d’auteur de Tim Burton, pose les bases de son univers pour un public plus large mais qui ne connaîtra finalement une suite que sur le tard. Regrettable ? Oui et non, ce petit joyau des 80’s se suffisant finalement très bien à lui-même.
Image
Le passage à la haute-définition en 2015 ne s’étant guère montré convaincant, nous étions en droit d’attendre beaucoup de ce transfert 4k. L’attente est en partie récompensée par un master enfin débarrassé du bruit vidéo et du grain des précédentes éditions. Les couleurs et la profondeur de champ ont également pris du galon. La transition entre vues aériennes et plans de miniatures lors du générique d’ouverture est à la fois plus visible et plus harmonieuse qu’auparavant. Dommage que les textures semblent quelque peu lissées et que le format initial ait subi un très léger recadrage, à peine perceptible mais bien réel pour quiconque connaît le film sur le bout des doigts. Un bidouillage déjà visible sur l’UHD de Gremlins et que l’on peine un peu à expliquer.
Son
Le mixage Dolby Atmos (réservé à la seule version originale) est le grand atout de cette nouvelle édition, offrant à une bande originale pour beaucoup dans le charme intemporel du film une véritable seconde jeunesse. Le découpage acoustique est énergique et judicieux, ne noyant jamais les voix et les ambiances sous les accords et les orchestrations du score de Danny Elfman. Propre, la version française ne possède pas la même pureté.
Interactivité
Après un superbe coffret reprenant le desin du fameux Guide pour jeunes décédés (épuisé) et un premier steelbook (épuisé lui aussi) Warner continue de soigner le packaging de ses éditions de Beetlejuice avec un coffret « Ultime » au fourreau cartonné (superbe dessin du ver géant) comprenant un nouveau steelbook, un livret de photos, un poster A3 recto-Verso et 5 cartes « collector ».
Bel objet mais malheureusement rien de neuf du coté des suppléments avec un UHD tout nu et un Bluray qui reprend la piste musicale de Danny Elfman et les trois épisodes du dessin animé des années 90. Avec le succès de Beetlejuice Beetlejuice, on aurait pu espérer enfin un documentaire rétrospectif.
Liste des bonus
Un livret (12 pages), Un poster A3 recto/verso, 5 cartes collector, Bande originale isolée Dolby Digital 5.1, Trois épisodes de la série animée Beetlejuice, Bande-annonce.