BEAUTY WATER
Gigigoegoe seonghyeongsu – Corée du Sud – 2021
Support : Bluray
Genre : Horreur, Animation
Réalisateur : Cho Kyung-hun
Acteurs : Moon Nam-Sook, Jang Min-Hyuk, Cho Hyun-Jung
Musique : Hong Das Sung
Durée : 85 minutes
Image : 1.77 16/9
Son : Coréen DTS Master HD 5.1 et stéréo 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 4 avril 2022
LE PITCH
Yaeji, une jeune femme obèse, découvre par hasard un produit de beauté pas comme les autres. Il suffit de l’appliquer sur la peau pour remodeler son corps et son visage selon ses désirs. Yaeji va ainsi pouvoir exaucer son vœu le plus cher : devenir la plus belle des femmes. Mais la beauté a un prix qu’elle va payer cher…
La cruauté dans la peau
Le cinéma Coréen continue de bien s’exporter chez nous et avec Beauty Water, qui nous arrive directement en Blu-ray et DVD, Spectrum Films nous propose une autre facette de cette filmographie, celle de l’animation horrifique.
Une animation qui prend sa source auprès d’un autre médium qui a fait son apparition il y a quelques années et est devenue très réputé depuis, celle des webtoon horrifiques. Des bandes dessinées créées spécialement pour être lues sur ordinateur, téléphone ou tablette et qui jouent astucieusement sur le fait que les pages se découvrent au fur et à mesure (contrairement à une BD classique où on a la planche directement sous les yeux) et qu’un moment horrifique peut littéralement se déployer sous nos doigts. Ces bandes dessinées ont connu un tel succès qu’elles ont même fini par être imprimées et vendu en support physique ou parfois même, comme dans le cas qui nous intéresse ici, sont adaptées en long métrage d’animation. Mais si en bandes dessinées papier l’horreur peut encore faire effet grâce à l’effet de surprise de ce que qui se cache derrière une page, la retranscription en film demande un peu plus de travail d’adaptation.
Beauté Fatale
Beauty Water nous raconte l’histoire de Yaeji, une jeune femme d’une vingtaine d’année en surpoids qui travaille dans le milieu de la pub. Un milieu extrêmement superficiel et impitoyable où le physique « parfait » fait loi et où Yaeji est condamnée d’office à être humilier à la fois devant et derrière les caméras. Une situation intenable pour la pauvre jeune fille, malgré le soutien de ses parents, qui va radicalement changer le jour où elle fait acquisition de la « Beauty Water » une eau qui permet de remodeler sa peau à sa convenance et qui va lui donner l’apparence dont elle rêvait. Tout semble aller pour le mieux, hélas, un mauvais dosage va l’entrainer dans une spirale cauchemardesque.
A la lecture du pitch et à la vision du film difficile de ne pas ressentir l’influence de David Cronenberg et ses expérimentations en tout genre sur le corps humain, Beauty Water nous plonge effectivement à fond dans le body horror mais son postulat reste profondément ancré dans la culture Coréenne. En effet la chirurgie esthétique, dès un très jeune âge, s’est depuis quelques années très vite imposée dans les mœurs et les canons de beauté du pays et, dans ce contexte, une telle histoire peut parfaitement traduire les névroses et les dérives que peuvent engendrer ces pressions sociales.
Hélas le traitement de l’histoire va plutôt favoriser les effets chocs et horrifiques plutôt que la psychologie de ses personnages, il en ressort des visions gore plutôt efficaces et viscérales mais contrebalancées par un déroulement d’histoire très balisé, la faute à une écriture du personnage principal, trop unidimensionnelle et très vite antipathique. Si la détresse que ressent Yaeji est parfaitement compréhensible, son besoin de reconnaissance se transforme trop vite en besoin d’humiliation envers les autres et de mépris à l’égard de ses parents (seuls personnages vraiment humains du film) qui lui fait perdre tout sentiment d’empathie. Dans le cadre d’une histoire horrifique, on se doute alors très vite que qu’une punition aura lieu dans la pure tradition des E.C Comics, Quatrième Dimension ou autres Contes de La Crypte, à la différence qu’ici la durée du long métrage porte préjudice au rythme et on se retrouve assez vite à attendre passivement la fin (attendue) du récit.
Beauty Water souffre malheureusement d’un vrai manque de travail d’adaptation en passant du médium dessiné au celui du cinéma et en voulant simplement en copier-coller le visuel. Si la rigidité de l’animation qui transposent les cases avec un rendu très lisse, rend finalement service à cette histoire de faux corps qui peuvent se déformer comme de l’argile, l’histoire aurait été beaucoup plus adaptée à être un court métrage dans un film à sketches.
Image
Quand on lance le film un panneau nous informe que le master du film (le seul existant) possède quelques défauts d’image. Rien de gênant pour autant pendant le visionnage, le résultat reste tout à fait correct avec un rendu très propre et des couleurs parfaitement contrastées.
Son
Le blu-ray propose deux pistes sonores, 5.1 et stéréo, uniquement en version originale, toutes les deux très dynamiques. La 5.1 aura bien sur un meilleur rendu sur la profondeur, notamment lors des scènes de fête mêlant plusieurs niveaux de sons, mais la piste stéréo fera tout de même un très bon travail avec un son très clair et des atmosphères très différentes bien mixées.
Interactivité
Les bonus nous proposent une présentation du film par Antoine Coppola, celui-ci revient sur la genèse du projet, de son passage du papier à l’écran et des influences de son réalisateur. On retrouve ensuite une interview de Cho Kyung-hun et une introduction très brève de Yeon-Sang-ho, le réalisateur de Dernier Train Pour Busan, qui s’est lui aussi frotter au genre horrifique et social dans le médium de l’animation.
Liste des bonus
Présentation du film par Antoine Coppola (17’), Interview de Cho Kyung-hun (12’), Introduction de Yeon Sang-ho (1’), Bandes annonces.