BEAU IS AFRAID
États-Unis – 2023
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Drame, Fantastique
Réalisateur : Ari Aster
Acteurs : Joaquin Phoenix, Patti LuPone, Amy Ryan, Nathan Lane, Kylie Rogers, Denis Ménochet
Musique : The Haxan Cloak
Image : 1.85
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 179 minutes
Éditeur : Originals Factory
Date de sortie : 15 septembre 2023
LE PITCH
Beau tente désespérément de rejoindre sa mère. Mais l’univers semble se liguer contre lui…
L’odyssée de B.
Auteur des déjà largement débattus Hérédité et Midsommar, Ari Aster confirme avec son troisième film son statut à part dans le paysage contemporain. Faisant un léger (mais léger) pas d’écart avec le cinéma d’horreur revisité, il livre une fable délirante et angoissante aussi intime qu’épique. Beau a peur, et il n’est définitivement pas le seul.
Plus gros budget alloué par le studio indépendant A24 (35 millions de dollars tout de même), Beau is Afraid est un sacré morceau. Une œuvre protéiforme, constamment changeante et mutante de trois heures où les règles habituelles de la structure dramatique et de la lente montée en puissance sont largement balayées par le metteur en scène. Impossible de connaitre exactement le cadre de l’action (Amérique contemporaine certes, mais…), sa temporalité, voir même sa réalité, et surtout parfois de comprendre pleinement les connexions logiques entre les différentes ruptures de ton et les, nombreuses, sorties de routes. Une séquence animée qui s’embarque dans une évocation théâtralisée d’une vie romanesque complète, une prise d’otage dans une famille totalement obsédée par la disparition du fils sur le front, le spectateur comme Beau ne savent jamais vraiment à quoi s’attendre, ni quel malheur ou terrible révélation se cache au prochain tournant. Pourtant tout semble être écrit d’avance tant le protagoniste (fascinant Joaquin Phoenix en somnambule éveillé) se dirige tout droit dans la gueule de la louve, téléguidé, martyrisé, mais mue par une force imperturbable : rentrer chez sa mère où le corps de cette dernière l’attend pour être enterrer comme il se doit. Le problème apparent c’est que Beau est un angoissé maladif et qu’il a peur de tout. Le problème évident c’est qu’il a subit toute sa vie une mère castratrice, écrasante et culpabilisante. La force absolue du film, c’est qu’elle embrasse jusqu’à la lie la vision totalement biaisée du monde par Beau.
« I’m Afraid i can’t help it »
Un univers commun et quotidien mais où les menaces sont omniprésentes, les dangers partout, la folie, la violence et la maladie ne trouvant d’échappatoires que dans quelques spots de pub ventant une consommation placebo. La première heure du film, hallucinée, flippante et éblouissante, restera certainement dans les mémoires comme l’une des plus brillantes mise en images des troubles maladifs du XXIe siècle, apocalypse lente et intensément paranoïaque peuplée de SDF serial killer, de cadavres pourrissants sur le bitume, d’exhibitionnistes, de flics portés sur la gâchette et d’un mélange de germes et de médoc qu’internet promet comme source probable et rapide d’un cancer assassin. Un film qui transpire l’anxiété, l’agoraphobie et des troubles comportementaux qui prennent littéralement corps dans un spectacle qui n’a jamais peur (ironie) de s’enfoncer pleinement et farouchement dans l’analyse psychanalytique, la symbolique extrême et le grotesque le plus assumé (la vision du père WTF ?!). Car sans doute que Beau is Afraid aurait pu se révéler difficilement digérable s’il n’était pas constamment contrebalancé par un humour noir et baroque aussi culotté que désarmant. Il n’y a pas que le rapport entre Beau et sa mère dans lequel raisonne les origines juives d’Ari Aster, mais aussi dans la truculence de ses décalages, dans la férocité de la description du cercle familial plus œdipien que jamais et dans ce télescopage de personnages extraordinairement verbaux (tout est dans le dialogue) et le travail maniaque effectuée sur le contenu des cadres et la lenteur hypnotique des mouvements de caméra (tout est dans l’image).
Aussi roboratif qu’un repas chez môman, aussi malaisant qu’une fête païenne dans la Norvège lointaine, Beau is Afraid est certes parfois trop opulent, mais question cinéma ça envoie.
Image
Jolie petite exclusivité pour l’éditeur Originals Factory qui nous permet de redécouvrir le film au format UHD, en plus d’un très performant Bluray. Rien de plus naturel pour un film capturé en 4k numérique et qui joue constamment sur des optiques larges, des plans ultra composés et des effets de profondeur omniprésents. Le résultat est d’ailleurs redoutable avec une finesse de restitution rare, un piqué pointu et un travail ample et généreux sur les couleurs, vives et contrastées, même dans les séquences les plus sombres.
Son
Proposée en DTS HD Master Audio 5.1 la piste sonore anglaise tient aisément la dragée haute, assurant une amplitude constante et une dynamique extrêmement naturelle (du moins à l’échelle du film). Les atmosphères sont bien entendu consciencieusement sculptées et fourmillent de détails insolites, inquiétants, autant que d’atmosphères lourdes et étouffantes. Tout est clair, net et terriblement immersif.
Interactivité
Seul un petit et classique EPK vient compléter l’édition. Une featurette assez promo donc où l’on ne cesse de louer les talents du réalisateur, l’originalité de son univers et de son script, à grand renfort d’interviews et d’images du tournage. Quelques petites infos à dégotter mais rien d’incroyable.
Liste des bonus
« L’Odyssée de Beau » : making of (16’), Bandes-annonces.