BATMAN V SUPERMAN : L’AUBE DE LA JUSTICE
Batman V Superman : Dawn of Justice – Etats-Unis – 2016
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Science-fiction
Réalisateur : Zack Snyder
Acteurs : Henry Cavill, Ben Affleck, Amy Adams, Jesse Eisenberg, Diane Lane, Laurence Fishburne, Gal Gadot, Holly Hunter…
Musique : Junkie XL, Hans Zimmer
Durée : 182 minutes
Image : 2.40 / 1.78 (scènes IMAX) 16/9
Son : Français & Anglais Dolby Atmos
Sous-titres : Français, anglais, néerlandais…
Editeur : Warner Bros. Entertainment France
Date de sortie : 23 juin 2021
LE PITCH
Homme d’affaires influent et génie du crime à l’échelle planétaire, Lex Luthor a mis au point un complot pour que Batman, le vigilante de Gotham City, élimine Superman, dernier survivant de la planète Krypton …
Royal Rumble
2021, l’année Zack Snyder ? Après la résurrection inespérée et gargantuesque de son Justice League et la sortie sur Netflix du très décevant Army of the Dead, le cinéaste offre un relooking discret au mal aimé Batman V Superman : L’aube de la justice. Au-delà d’une colorimétrie revue et corrigée et d’un format d’image respectant enfin les scènes tournées en Imax, cette nouvelle édition permet surtout de confirmer la supériorité écrasante du director’s cut sur le montage sorti au cinéma en 2016. Une évidence, même si les défauts d’écriture et d’interprétations persistent.
Commençons par aborder les choses qui fâchent. L’échec (tout à fait relatif, mais bien réel) de Batman V Superman auprès du public et de la critique était non seulement prévisible mais aussi parfaitement mérité. Et, chose rare, Zack Snyder et son équipe créative en sont tout autant responsables que les pontes mal embouchés de la Warner. Entre la volonté louable de raconter une histoire ambitieuse mêlant des éléments du « Dark Knight Returns » de Frank Miller et de « La mort de Superman » de Simonson & Co et la nécessité de rattraper le retard face au succès insolent des productions Marvel, l’équilibre semblait précaire et cette suite attendue d’un Man of Steel déjà très roboratif ne partait pas forcément gagnante. Incapables de raconter une histoire qui se tienne et considérablement alourdies par un cahier des charges indigeste, les 2h30 (!) du montage cinéma ne valaient que pour la mise en image souvent grandiose de Snyder et la révélation d’un Ben Affleck dont on ne se doutait pas une seule seconde qu’il était né pour incarner un Bruce Wayne rongé par la haine et laissant libre cours à ses pulsions de violence par le biais de son alter-égo masqué, Batman. Un bilan mitigé, donc. Jusqu’à la sortie du film pour le marché de la vidéo. En rajoutant près de trente minutes de scènes et de plans inédits et en chamboulant presque tout le montage, Snyder donne à Batman V Superman ce qui lui manquait le plus : un rythme et une cohérence dramatique. Le film fonctionne, enfin. Ou presque.
Le crépuscule des Dieux
La présence de Wonder Woman et de Doomsday pour gonfler le climax ? Toujours aussi inutile. L’introduction de la Justice League par le biais d’une poignée de vidéos ? Toujours aussi bancale et déplacée. Le retournement de situation liée à « Martha » et la prestation de Jesse Eisenberg en Lex Luthor ? Toujours aussi ridicule et insupportable. Les seconds rôles ? Toujours aussi fades. Quant à l’intrigue, elle raconte toujours plus ou moins la même chose que le Captain America : Civil War des frères Russo, mais avec beaucoup moins de clarté. Il est des erreurs de conception que tous les remontages du monde ne peuvent corriger.
Pour autant, Batman V Superman a de sacrés beaux restes. S’appuyant sur un score surpuissant du très inégal Junkie XL, le prologue revisite avec brio les origines du Batman et son traumatisme fondateur. En quelques plans iconiques et gorgés de désespoir et d’émotion brute, Snyder surpasse de la tête et des épaules ses prédécesseurs Tim Burton et Christopher Nolan. Un authentique morceau de bravoure, immédiatement suivi d’un autre. Epousant le point de vue d’un Bruce Wayne cherchant à sauver les employés de sa filiale de Metropolis, le retour sur le climax destructeur de Man of Steel demeure d’une intelligence redoutable. Non seulement la scène justifie les actes à venir et de plus en plus extrêmes d’un Batman vieillissant mais elle permet également au réalisateur de poser les bases d’une thématique passionnante et qu’il n’aura de cesse d’explorer tout au long du métrage, la relation verticale et conflictuelle entre les hommes et les dieux. Snyder s’interroge sur les conséquences des prouesses de ses super-héros et souligne non sans amertume la nature paradoxale d’une humanité qui aime et déteste ses sauveurs avec la même ferveur. S’appuyant sur une imagerie chevaleresque, militaire et religieuse très marquée, l’épilogue clôt cette rencontre au sommet par un requiem à la fois intimiste et collectif qui rappelle autant le final de Star Trek II, La colère de Khan (cornemuses à l’appui) que celui d’Excalibur de John Boorman. Plus doué avec une caméra qu’avec un stylo, Zack Snyder ne craint pas de plonger sa mythologie dans les larmes et les ténèbres, la promesse de lendemains qui chantent ne tenant qu’à la lueur de quelques bougies et aux alliances incertaines. Il fallait oser.
Image
Oui Batman V Superman avait déjà été édité par Warner en 2016. C’était même l’une de leur première sortie sur ce format, en particulier dont la source était directement un master 4K. Mais celui-ci n’avait pas forcément été produit avec l’accord de Zack Snyder, entraînant une colorimétrie un peu poussive et quelques recadrages Home Cinema décevants pour les puristes. Le film se refait donc une beauté pour cette Ultimate Edition avec une palette HDR beaucoup plus maîtrisée et travaillant des variations et des teintes beaucoup plus fines et naturelles. Surtout, le réalisateur en a profité pour imposer à nouveau le cadre 1.43 pour les séquences tournées au format IMAX (l’ouverture, le « knightmare », la confrontation tant attendue, le combat post-Doomsday et l’épilogue). Changement de format donc avec l’ajout non négligeable en haut et en bas de l’image, pour un résultat beaucoup plus ample et spectaculaire. Les plus observateurs verront même quelques plans 2.35, eux aussi, élargis.
Son
Pas de changement du côté des pistes sonores qui sont les même entendus sur la précédentes édition UHD et sur le Bluray. Soit un Dolby Atmos ultra performant, ample et puissant, toujours fluide et clair qui rappelle une nouvelle fois à quelle point ce standard sonore est, à l’heure actuel, largement supérieur.
Interactivité
Une fois n’est pas coutume, la Warner s’est efforcée de produire deux nouveaux suppléments pour cette ressortie. Une très logique présentation du réalisateur qui souligne surtout la reprise des bons formats et la retouche des couleurs. Il se montre beaucoup enclin a parler du film proprement dit sur le commentaire audio inédit qui suit. Il y évoque ses différentes influences autour de la mythologie de Batman (films et comics), la construction des décors, la mise en place des scènes d’action… Pas toujours intarissable mais plutôt précis et soucieux de fournir les informations désirées par les amateurs.
Si aux USA le disque UHD est sorti en solo, en France, le boitier contient aussi le Bluray de la version cinéma (plus courte, formats différents) accompagné de sa très longue liste de featurette souvent très promo, revenant sur les origines de certains personnages et le tournage des séquences clefs du film. Ce n’est pas incroyable, mais c’est toujours ça de pris.
Liste des bonus
Introduction de Zack Snyder autour des ajouts techniques de la remasterisation 4K 2021, Commentaire audio de Zack Snyder, « L’union des plus grands » : le futur cinématographique des super-héros DC (13’), « Des hommes et des dieux : la rencontre de titans » : l’affrontement de deux icônes (12’), « La guerrière, le mythe, la magnifique » : l’origine, l’évolution et l’impact de Wonder Woman (21’), « Créée pour foncer :la nouvelle Batmobile » (22’), « Superman : complexité et vérité » (7’), « Batman : austérité et rage » (8’), « Wonder Woman : grâce et pouvoir » (7’), « La Batcave : un héritage » (7’), « La force du poing » (5’), « L’empire de Luthor » (12’), « sauvez les chauve-souris » (4’).