BATAILLE SANS MERCI
Gun Fury – États-Unis – 1953
Support : Blu-ray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : Raoul Walsh
Acteurs : Rock Hudson, Donna Reed, Philip Carey, Roberta Haynes, Leo Gordon, Lee Marvin, …
Musique : Mischa Bakaleinikoff, Arthur Morton
Durée : 82 minutes
Image : 1.75 16/9
Son : Français & Anglais DTS-HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Distributeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 7 avril 2023
LE PITCH
Ben Warren, ancien militaire, part chercher sa fiancée Jennifer pour la conduire en Californie où ils désirent s’établir. Leur diligence est attaquée par deux hommes masqués qui assomment Warren, s’emparent de deux sacs d’or et enlèvent Jennifer…
La poursuite impitoyable
Quatrième et dernier film réalisé en 1953 par le prolifique et légendaire Raoul Walsh, Bataille sans merci est à classer sans hésitation parmi les westerns mineurs du cinéaste. D’un scénario simpliste tenant sur deux lignes (et pas une de plus), le réalisateur de La charge fantastique tire néanmoins une série B trépidante et rythmée dont le méchant campé avec une certaine classe par Philip Carey se révèle l’attrait majeur.
Arrivé au terme de son contrat avec la Warner Bros avec le drame Un lion dans les rues qui sort sur les écrans américains à la fin du mois de septembre 1953, Raoul Walsh entame la dernière décennie de sa carrière en papillonnant d’un studio à l’autre, refusant l’inactivité et vendant son talent et son savoir-faire au plus offrant. Bataille sans merci le voit atterrir à la Columbia et lui offre des retrouvailles avec l’acteur Rock Hudson, lequel est redevable à Walsh de lui avoir donné sa chance pour un rôle secondaire dans Les géants du ciel cinq ans auparavant. Outre ces retrouvailles, le film représente pour le cinéaste de 66 ans un défi technique inédit : tourner en relief afin de capitaliser sur l’engouement récent (et très éphémère) du public pour la 3D.
Adapté d’un roman écrit à six mains (par le trio Robert, George et Kathleen Granger), le scénario de Roy Huggins et Irving Wallace est on ne peut plus expéditif. Laissé pour mort et privé de sa fiancée qui sert d’otage au gang de hors-la-loi qui ont attaqué sa diligence dans les paysages arides de l’Arizona, Ben Warren, ancien officier de l’armée confédérée ayant tourné la page de la Guerre de Sécession pour devenir un fermier pacifiste, se lance dans une course-poursuite effrénée. Il est rejoint dans sa traque par un bandit trahi par les siens, un indien ivre de vengeance et une jeune mexicaine jalouse. Et c’est à peu près tout ce qu’il y a à savoir de l’intrigue de Bataille sans merci, laquelle fonce en ligne droite sans jamais se retourner et sans vraiment développer une galerie de personnages qui n’en demande de toute façon pas tant.
Cool Raoul !
Seule exception notable, le personnage de Frank Slayton, le chef du gang de braqueurs, propose une vision pas inintéressante de ces anciens soldats sudistes qui, humiliés par la victoire du Nord, poursuivirent la guerre à leur façon en se recyclant dans le grand banditisme à la frontière avec le Mexique. Acteur de second plan au physique de gentleman, Philip Carey compose un salopard pas comme les autres, poussé vers une violence de plus en plus extrême par un mélange de romantisme morbide, de nostalgie et de frustration. Un sociopathe, certes, mais dont la fuite en avant est troublée par les beaux yeux de Donna Reed, idéal féminin d’un passé révolu. Autre élément de satisfaction, la présence en seconds couteaux patibulaires des toujours indispensables Leo Gordon et Lee Marvin. Leur seule présence suffit à donner un semblant d’épaisseur et de caractère au gang de Slayton.
Pour le reste, Walsh vise l’efficacité à tout prix et les 82 minutes de projection sont remplies jusqu’à l’overdose de cavalcades, de fusillades, de trahisons et de bourre-pifs sauvages. Au point d’ignorer l’érotisme trouble qui se dégage d’un arrêt dans un lupanar à la frontière mexicaine où même la résolution de tous les enjeux de l’histoire pour un supplément d’action totalement gratuit dans les cinq dernières minutes. En dehors d’une 3D qui se limite à quelques effets de projection vers le public et une poignée de plans à la profondeur de champs travaillée, c’est peu dire que l’on en a pour son argent !
Image
Le format choisi pour cette édition haute-définition résulte d’un compromis entre le 1.37:1 original et le 1.85:1 des projections en 3D d’époque. Peu de perte d’information en haut et en bas par conséquent pour un master à la restauration inégale. Certaines scènes tournées en nuit américaine présentent des baisses de luminosité intempestive et les plans tournés en relief (procédé qui n’est pas repris en vidéo) se font remarquer par des contours brûlés. En dehors de ces menus inconvénients, le gain de la haute-définition est bien visible avec un grain très agréable et des couleurs ravivées.
Son
Du mono gonflé en stéréo tout ce qu’il y a de plus classique. Propre, carré et sans (mauvaises) surprises. La version originale peut revendiquer un surcroît de clarté sur les dialogues et la musique.
Interactivité
Informatives, érudites et très contextualisées, les interventions des désormais incontournables Patrick Brion et Jean-François Giré ne tentent jamais de nous vendre un chef d’œuvre oublié mais elles appuient sur les points d’intérêts notables du film. Surprise, l’éditeur prolonge la fête avec un long documentaire d’1h35 réalisé en 2014 et intitulé The True Adventures of Raoul Walsh absolument passionnant et qui revient sur la longue carrière du réalisateur et qui tente de démêler la réalité du mythe en mettant en lumière son influence décisive à Hollywood en général et au sein de la Warner Bros en particulier. De quoi satisfaire les aficionados comme les non-initiés.
Liste des bonus
Présentation de Patrick Brion / Présentation de Jean-François Giré / « The True Adventures of Raoul Walsh » (95 minutes, VOST) / Bande-annonce.