La triche reste tout de même une constante dans la vie des élèves, au mieux une tentation, au pire une véritable logique qui prend presque autant de temps à mettre au point que l’on aurait pris à réellement potasser. Et il y a clairement un peu de cette ironie dans Bad Genius, divertissement pour ados (mais pas que) qui met en avant un groupe de lycéens qui vont mettre au point plusieurs systèmes imparables pour élever celle-ci presque au rang d’art. Pas de machines improbables ou de gags crétins ici, que ce soit pour faire passer toutes les réponses des QCM de math ou carrément de détourner le lourd examen du STIC (mise à l’épreuve internationale autour de la langue anglaise et des capacités mathématique), les dispositifs imaginés par l’héroïne du film, Lynn, dite « professeur Lynn », sont particulièrement brillants et franchement spectaculaires. D’autant plus impressionnant que le film est effectivement inspiré d’une authentique affaire d’étudiants qui tentèrent de braquer littéralement ce fameux sésame indispensable pour accéder aux grandes universités américaines.

Le prestige

Réalisateur d’un Countdown et d’un One For The Road tout aussi bien considérés par les connaisseurs, Baz Poonpiriya fait effectivement de ces moments attendus les morceaux de bravoure du film, n’hésitant pas par exemple à étirer son climax sur une bonne trentaine de minutes en établissement consciencieusement la mise en place du coup, puis en démultipliant les contre-temps et les dérèglements pour faire monter, plus qu’efficacement, la tension. Des airs de films de casse, aussi ludiques et tendus en tout cas, qui font effectivement de Bad Genius un divertissement tout à fait réussi. Mais cette reconstitution réussie du stress bien réel ressenti lors des terribles contrôles de fin de trimestre, à laquelle est ajouté une bonne dose de sophistication dans la mise en scène, n’est pas juste une simple démonstration. Sous l’excitation du détournement du système, le film explore tout aussi intelligemment la mise en pression du système éducatifs thaïlandais, entre quête de bourses, pot-de-vin aux établissements et mise en concurrence absurde des élèves, ainsi que les rapports de classe où ceux qui se sont battus pour s’en sortir finissent toujours par se mettre au service de ceux qui ont grandit dans le luxe. Sous ses aspects les plus cool, Bad Genius est ainsi surtout un drame adolescent et une critique social acerbe et cruelle montrant le chemin de gamins forcément tiraillés entre leur quête de réussite, leur besoin de répondre aux besoins et attentes de leurs parents, et leur propre morale mise à mal par l’appât du gain et une possible élévation sociale comme poudre aux yeux.

Une excellente surprise, fun et pertinente, qui plus est servie par un casting de jeunes acteurs tout à fait convaincants, et en particulier Chutimon Chuencharoensukying, mannequin atypique devenue depuis une véritable star en Thaïlande, et c’est mérité.