BACKTRACK
aka Catchfire – Etats-Unis – 1989
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Dennis Hopper
Acteurs : Dennis Hopper, Jodie Foster, Dean Stockwell, Vincent Price, John Turturro, Joe Pesci, Charlie Sheen Bob Dylan, Fred Ward…
Musique : Curt Sobel, Michel Colombier
Durée : 100 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 07 juillet 2021
LE PITCH
Anne Benton, une jeune artiste de Los Angeles, est témoin d’un meurtre orchestré par la mafia. Elle tente de trouver protection auprès de la police, mais les hommes de main du parrain ont déjà retrouvé sa trace. Anne parvient malgré tout à s’enfuir sous une nouvelle identité. Un tueur à gages nommé Milo est alors engagé pour débusquer et éliminer la jeune femme. Contre toute attente, cet homme sans pitié va tomber amoureux de sa cible…
Alan Smithee & Me
Longtemps désavoué, autant par le Dennis Hopper réalisateur que certains de ses acteurs, les critiques ou les spectateurs, Catchfire ou Une Trop belle cible, a-t-il retrouvé une forme plus compréhensible et logique dans son Director’s cut ? Pas totalement, mais c’est peut-être ce qui en fait aussi l’attrait.
Si la longue carrière d’acteur de Dennis Hopper n’est jamais vraiment facile à suivre, enchaînant les projets aussi exigeants et brillants (allez hop Blue Velvet) que les nanars honteux, celle en tant que cinéaste est systématiquement marquée par une volonté d’innover, d’expérimenter et de surprendre. Un cinéma atypique, auto-analytique, née en parallèle du nouvel Hollywood où cohabita coup sur coup le générationnel Easy Rider et le trip personnel The Last Movie. Même si entre temps Hopper signa les plus âpres et réalistes Out of the Blue et Colors, le fossé reste immense entre ces premiers essais et le très typé 80’s Backtrack. Musiques saxophonnées et planantes de Curt Sobel (Futur Immédiat, Los Angeles 1991) et Michel Colombier (Golden Child), photo froide aux accents de néons bitumeux, fringues tapantes et veloutés neo-noir… Même le scénario où le tueur professionnel devient amoureux de sa proie (et plus bizarrement encore l’inverse) comme dans un thriller télé bas de gamme, puis affronte les vilains mafieux pour sa belle, questionne vraiment sur la raison de l’attrait de Hopper pour un tel projet. Les tensions sensibles nées entre lui et l’actrice Jodie Foster, qui apprécia très peu une scène de nudité qu’elle jugeait trop insistante, et le remontage du film par la société de production Vestron Pictures (qui déposa le bilan rapidement après) n’arrangèrent pas vraiment la réputation d’un objet effectivement assez incompréhensible et chaotique en l’état.
Color of Night
Hopper en refusa même la paternité optant pour le célèbre pseudonyme Alan Smithee. Disparu, le montage initial de 180 minutes, mais le réalisateur en reprendra heureusement le chemin quelques temps plus tard avec un Director’s cut plus long de 16 minutes que la sortie cinéma et surtout plus fluide et étoffée. Le film n’en est pas forcément plus facile à appréhender, mais s’inscrit beaucoup plus aisément, et souligne plus efficacement, la véritable tonalité du film. Les apparitions remarquées, mais pas toujours crédités, d’une pléthore de copains acteurs et artistes (de Dean Stockwell à Bob Dylan en passant par Vincent Price ou Charlie Sheen), la trame secondaire vaguement mafieuse où Joe Pesci et John Turturro en fond des tonnes, relèvent autant du film de potes que de la quasi-parodie du genre. Un cadre, dans lequel Hopper investit surtout son immense passion pour l’art, classique et moderne, où il effectue entre deux poursuites, entre deux étreintes, un dialogue presque théorique sur l’opposition entre le beau et le concept, la représentativité et l’abstraction. Osé, bancale, baigné de citations visuelles et physiques multiples (ne seraient-ce que les installations lumineuses de Jenny Holzer), la balade improbable et parfois même aussi délirante qu’un Lynch, s’affirme dans l’autoportrait ironique, retrouvant des lieux de tournages de The Last Picture presque désaffectés, ou embarrassant lors Hopper se lance dans un énième solo de saxo. Improbable mais forcément très attachant.