BABYLON
États-Unis – 2022
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Damien Chazelle
Acteurs : Brad Pitt, Margot Robbie, Diego Calva, Jean Smart, Jovan Adepo, Li Jun Li, Eric Roberts, Lukas Haas, Tobey MaGuire
Musique : Justin Hurwitz
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby Atmos & Dolby TrueHD 7.1 anglais, Dolby Digital 5.1 français, espagnol, anglais
Sous-titres : Français, anglais, espagnol
Durée : 189 minutes
Editeur : Paramount Pictures
Date de sortie : 24 mai 2023
LE PITCH
Une histoire d’ambition démesurée et d’excès scandaleux, il retrace l’ascension et la chute de plusieurs personnages à une époque de décadence et de dépravation débridées au début d’Hollywood.
L’Heure magique
Nouveau Wonder Boy du cinéma américain, Damien Chazelle (Whiplash, La La Land, First Man) semble déjà livrer son magnum opus, sa déclaration enflammée à un art cinématographique constamment enterré, tout autant ressuscité, plongeant dans le Hollywood premier, ses excès et sa frénésie, pour mieux parler de celui d’aujourd’hui, de toujours, d’art, de musique et d’industrie. Spectaculaire et fascinant.
Retour aux mythiques années 20 donc où le cinématographe, art intensément populaire, se transformait peu à peu en véritable industrie prise d’une frénésie de création inextinguible, portée par une armée de saltimbanques, de doux rêveurs et de figures extrêmes sur tous les points. Une sorte de bacchanale délirante où l’hystérie des tournages laissait place la nuit aux orgies de musique, d’alcool et de sexe dans un chaos total. Damien Chazelle n’a rien inventé, c’est peu ou prou comme cela qu’Hollywood est né. C’est aussi comme cela qu’il s’est fait voler par les financiers, par les fameux hommes en cols blancs, des décisionnaires de moins en moins intéressés par l’aspect artistique et humain des œuvres. Une histoire tristement classique, celle du passage du muet au parlant, de l’artisanat sincère à l’économie de marché, de la liberté d’expression au retour d’une morale tristement réactionnaire (le code Hayes n’est pas loin). Dans ces quelques années de transition, Babylon rejouerait presque sur une notre plus irrévérencieuse et ténébreuse le mythique Chantons sous la pluie (auquel les références et citations ne manquent pas) mais en ne s’intéressant finalement qu’à ceux qui finiront par y laisser des plumes. De l’étoile filante enflammée possédée par Margot Robbie à la star mélancolique impérialement incarnée par Brad Pitt, au trompettiste génial (Jovan Adepo) ou à l’icône asiatique (Li Jun Li), tous finiront abandonnés sur le bord de la route à cause de leurs caractères indomptés, de leurs origines raciales, de leurs sexualités ou tout simplement parce qu’ils ont malheureusement fait leur temps.
La fête est fini
Construit essentiellement autour de trois grandes fêtes nocturnes, toutes dantesques à leur manière, le film suit ainsi la trajectoire glorieuse et rapidement en chute libre d’icônes de l’écran, dont les trajectoires finiront par s’abimer dans la décadence pourtant autrefois célébrée, ne revêtant plus alors que des atours malades et brutaux. Un film qui éructe, qui sue, qui pisse, qui vomit et qui joui car chez Chazelle l’acte créatif ne peut avoir lieu que dans le drame, la douleur et la mort avec un jusqu’au-boutisme désarmant mais jouissif constamment emporté par le jazz enfiévré du complice Justin Hurwitz rejouant quasiment le seul et même thème de toute les manières possibles et ce jusqu’à la lie.
Une œuvre volontairement épuisante bondissant de personnages en personnages, de visions infernales en délires superbes, de gloires en chutes vertigineuses, où malgré les réserves et les défauts inhérent à une ambition folle voir hypertrophiée, explose comme un ultime feu d’artifice un amour sincère et éclatant au 7eme art. Si l’ultime effet de montage, touchant mais étrangement à contre-courant du ton amer du film, ne convient pas totalement, la première heure du film, épique, succession de course en avant, de choc, de chutes, de reprises et de bruits culminant dans la capture inespérée mais sublime de deux plans parfaits, suspendus dans un argentique immortel, marque définitivement les cœurs. Pour ces deux instants volés, on est prêt à tout pardonner.
Image
Naturellement filmé sur pellicule 35mm puis transféré en numérique 4K pour la postproduction, Babylon gagne forcément à passer sur format UHD. Certes le bluray est déjà d’une éblouissante luminosité, affirmant détails et couleurs avec une chaleur indéniable, mais le format supérieur en éprouve massivement les qualités, tout d’abord en affirmant une palette de couleurs plus riche et subtile et des noirs plus étendus, mais surtout en creusant constamment les textures et les matières. Si le bluray est pointu, l’UHD retrouve lui l’aspect profondément organique du film en distillant discrètement le grain initial, en insistant sur les matières et les couleurs terreuses et les excès rococo. Absolument splendide.
Son
Paramount s’entête malheureusement à sacrifié les pistes de doublage avec ici une version française tristement glissée sur un agréable Dolby Digital 5.1 mais fonctionnel. La version originelle elle s’impose aisément avec un Dolby Atmos aussi tonitruant que subtile, accompagnant avec ferveur la folie musicale du film tout autant que s’approchant avec réalisme des détails d’arrière-plans et de la netteté des dialogues pas toujours des plus posés. Vif, dynamique et entêtant.
Interactivité
Le film dépassant légèrement les trois heures de projection, l’éditeur a opté pour un bluray uniquement dédié aux suppléments. Alléchant de prime abord, cependant ceux-ci ne sont aussi épiques qu’attendu. Un petit making of de trente minutes relativement complet et bien produit qui traverse tout autant la reconstitution historique que la trajectoire des personnages ou l’illustration de la transformation d’Hollywood, est complété par des featurettes rikiki sur les costumes et la musique (quel dommage !). Le court programme s’achève par quelques scènes coupées tournant essentiellement autour des tensions et disputes supplémentaires entre Nellie et Mannie là où on espérait en découvrir plus sur Lady Fay Zhu et Sidney Palmer.
Liste des bonus
« Babylon : une toile panoramique » : rencontre avec les acteurs et l’équipe (30’50”), « Les costumes de Babylon » (2’50”), « La Musique de Babylon » : rencontre avec Justin Hurwitz (1’49”), Scènes coupées et étendues (9’30”).