AZRAEL, L’ANGE DE LA MORT

Azrael – Etats-Unis, Estonie – 2024
Support : Bluray
Genre : Action, Horreur
Réalisateur : E.L. Katz
Acteurs : Samara Weaving, Nathan Stewart-Jarrett, Vic Carmen Sonne, Johann Rosenberg, Eero Milonoff, Sebastian Bull…
Musique : Toti Gudnason
Durée : 88 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Metropolitan Film & Vidéo
Date de sortie : 11 avril 2025
LE PITCH
Dans une forêt, une communauté religieuse isolée a renoncé à la parole, désormais considérée comme un péché. Afin d’apaiser un mal ancien résidant au cœur de la nature, Azraël est livrée en offrande à des créatures monstrueuses. Échappant de justesse au sacrifice, elle ne reculera devant rien pour assurer sa survie.
Témoin muet
Avec le survival forestier Azrael, le réalisateur E.L. Katz fait un retour remarqué dans le genre du cinéma horrifique avec un aplomb certain, une brutalité et une sauvagerie qui font du bien par où ça passe.
On n’avait plus trop de nouvelles de E.L. Katz, réalisateur du remarqué Cheap Thrills en 2013, si ce n’est sa participation au film à sketchs ABCs of Death 2, un deuxième long Small Crimes pour Netflix et la mise en boîte de quelques épisodes de The Haunting of Bly Manor ou encore Channel Zero. Un bilan pas déshonorant mais un peu maigre qui conduit néanmoins à un joli retour en 2024 avec la livraison d’Azrael, L’Ange de la mort, son nouveau long-métrage. Le réalisateur revient avec un film assez brutal et minimaliste, pouvant trahir un certain manque de moyens, mais pas nécessairement d’ambition. Un aspect dépouillé qui se retrouve d’ailleurs dans le contexte et l’environnement de son récit : dans un avenir incertain, que l’on devine soumit aux règles d’une époque post-apocalyptique, on suit un jeune couple campé par Samara Weaving et Nathan Stewart-Jarrett, contraints de fuir dans une forêt, sans aucune explication. Les deux tourtereaux sont traqués à la fois par une bande de dégénérés appartenant à un culte dévolu à une divinité mystique, mais aussi par des créatures sanguinaires sensibles au son. Nous voilà donc en présence d’un survival sans dialogue, un concept qui n’a plus grand chose d’original depuis le succès de Sans un bruit et ses descendants. Mais soit… Ici, la parole est d’un côté considéré comme un péché, de l’autre le signe annonciateur d’une mort probable et prochaine. Et de fait, le film respecte son cahier des charges en montrant des personnages absolument mutiques durant la quasi-totalité du film. Cette fuite en avant muette se déroule par ailleurs en quasi-temps réel, ce qui apporte une difficulté associée à une efficacité supplémentaires. Car E.L. Katz sait exploiter ses règles sans en rajouter. D’ailleurs, Azrael n’est pas qu’un film sans dialogues, c’est aussi une série B qui se dépouille de tout apparat superflu, le gras y est minimum. On ne sait quasiment rien des personnages, on n’apprendra pas grand-chose sur les raisons d’être de cette secte bien mystérieuse, ce qui intéresse le réalisateur et son scénariste Simon Barrett, ce sont l’action et ses résultats. Au sein de cet univers en vase clos, comme une bulle refermée sur elle-même, seule l’apparition inopinée d’un personnage extérieur, semblant tout droit sorti d’un autre film et qui ne fait pas long feu, vient questionner cet environnement, sans jamais apporter de réponse.
Survival post-apo forestier
E.L. Katz et Simon Barrett font de leur héroïne un personnage d’abord fragile, se transformant progressivement en un ange de la mort qui se rebelle pour survivre et finalement semer la désolation. A cet égard, la prestation, l’investissement physique et moral de son actrice principale, Samara Weaving, habituée aux rôles bad-ass (Wedding Nightmare), est exemplaire, la comédienne donne ici encore furieusement de sa personne pour empêcher (?) l’arrivée de l’Antéchrist… Par ailleurs, bien que son intrigue soit resserrée à tous niveaux, Azrael assure l’essentiel de sa narration par le visuel. Doté d’une assez belle photographie, toute en contrastes, le film assure sur ce plan. Le package créatures et déambulations dans les bois ne garantit pas un résultat systématiquement qualitatif, si on se réfère aux atermoiements grisâtres assez vilains et pénibles des dernières saisons de Walking Dead de sinistre mémoire ou des pires DTV de fond de tiroir évoquant les récits de fin du monde. Fort heureusement, le film d’E.L. Katz ne tombe jamais dans ces travers. D’autant qu’il peut s’appuyer également sur d’excellents effets de maquillage pour représenter ses créatures, sortes d’êtres humanoïdes se situant entre vampires et grands brûlés.
S’il ne répond finalement à aucune question soulevée par son pitch de départ, s’il laisse volontairement dans l’ombre toute explication quant aux tenants et aboutissants de l’intrigue et encore moins les motivations des personnages, Azrael demeure un très sympathique survival, rugueux et furieusement sauvage, assez peu original, mais radical et assez gore, dépourvu de temps mort par sa courte durée, qui séduit par son efficacité redoutable.
Image
Avec ses scènes forestières et très souvent nocturnes, on peut relever que le master utilisé pour cette édition haute définition se sort excellemment bien des contraintes techniques. Les contrastes sont poussés et tranchés, avec des couleurs à l’aspect presque délavé, les nombreux effets de lumière, notamment bougies et torches, se détachent dans l’obscurité. L’image possède un niveau de détail très respectable, avec un piqué très solide.
Son
Le film joue assez efficacement de son environnement sonore, bien mis en valeur puisqu’il est dépouillé de presque tout dialogues. Ce qui n’empêche pas l’ambiance et les différents éléments de la bande-son d’être remarquablement restitués sur l’unique piste anglaise présentée en 5.1 DTS HD Master Audio au rendu clair et précis.
Interactivité
C’est léger, et il ne faudra pas se montrer trop regardant sur la proposition en termes de bonus. Une featurette présentant la scène du combat dans l’église, plutôt bien foutue au demeurant, soutenue par la version répétition sans effets spéciaux. C’est sympathique mais très dispensable. Le second module, « Les secrets du maquillage », s’avère plus intéressant, puisque le maquilleur Dan Martin explique son travail et celui de son équipe pour le film. C’est très détaillé et illustré par des éléments visuels (photos et vidéos) illustrant l’évolution des maquillages, notamment les créatures brûlées, de la sculpture au résultat final, y compris les concepts abandonnés. Un super supplément.
Liste des bonus
Le combat dans l’église, double écran avec et sans VFX (2’), Les secrets du maquillage (37’), bande-annonce.