AUDITION
オーディション – Japon, Corée du Sud – 1999
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur, Drame
Réalisateur : Takashi Miike
Acteurs : Ryo Ishibashi, Eihi Shiina, Tetsu Sawaki, Jun Kunimura, Renji Ishibashi
Musique : Koji Endo
Image : 1.85 16/9
Son : Japonais DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 115 minutes
Editeur : The Jokers
Date de sortie : 19 avril 2023
LE PITCH
Shigeharu Aoyama, un producteur de films, veuf depuis sept ans, accepte sur les conseils de son collègue Yoshikawa, d’organiser une audition pour un film imaginaire afin de trouver une nouvelle épouse. Il déniche la perle rare en la personne d’Asami Yamasaki, une jeune femme douce et intelligente. Il en tombe aussitôt amoureux et, sans lui révéler son subterfuge, commence à entretenir une relation avec elle. Lors d’une escapade au bord de l’océan, Asami disparaît. L’enquête d’Aoyama révèle un angoissant secret : la disparition et le meurtre de plusieurs personnes. Alors qu’il commence à comprendre la véritable personnalité d’Asami, celle-ci réapparaît et tout bascule dans le cauchemar.
Fatale
Apparu sur les écrans français en pleine explosion du nouveau cinéma d’horreur asiatique, Audition a rapidement été classé parmi les révélations de la J-Horror. Un film choc certainement, mais l’essai plus que troublant de Takeshi Miike y détonne, là comme partout ailleurs.
Cinéaste culte, prolixe aussi inégal que génial, Takeshi Miike (la trilogie Dead or Alive, Ichi The Killer, Visitor Q…) n’a comme souvent dans sa carrière, choisi de s’intéresser au cinéma d’horreur uniquement pour des questions de mode et de facilités financières. L’artiste aime à se plier aux codes des genres, aux figures imposées, pour mieux les faire imploser en cours de route. Pas de fantômes à la Sadako dans Audition, mais tout de même une jeune femme, toute de blanc vêtu, presque impassible, et cachant ses fragilités derrière de longs cheveux noirs tombants. Une créature qui n’a, de prime abord, absolument rien d’inquiétant et provoquerait même plutôt l’inverse puisque Shegeharu Aoyamo, brave père de famille veuf depuis quelques années, tombe immédiatement sous son charme. Un producteur de cinéma qui use de son statut pour organiser avec son meilleur ami un faux casting afin de trouver la femme idéale pour refaire sa vie… Et en bon japonais il jette bien entendu son dévolu sur la plus douce, la plus gracile, la plus serviable et féminine du lot. Le mythe de la geisha, de l’épouse docile, de la femme d’ornement flotte forcément au-dessus des personnages et de cette première tromperie qui, naturellement, se retournera contre le protagoniste.
Une histoire d’amour
Mais si on célèbre souvent Miike pour la force chaotique de ses excès, pour sa propension aux ouvertures explosives et mémorables (quitte à se perdre souvent un peu par la suite avant de relever l’animal dans un final apocalyptique), le cinéaste se montre ici d’une très étonnante sobriété. Adaptant la nouvelle de Murakami Ryu (Les Bébé de la consigne automatique, Bleu presque transparent…), le cinéaste s’imprègne d’une certaine façon de son approche plus restreinte et réaliste et donne brillamment au film des airs de comédie sentimentale, de comédie dramatique, durant toute la première heure du film. En dehors de quelques images et inserts inquiétants et terriblement composés, tout semble aller pour le mieux dans Audition… Jusqu’à ce que la douce Asami ne commence à révéler ses secrets dans des visions particulièrement malsaines : les sévices subit durant son enfance, son modelage en poupée qui l’on surtout transformé en monstre. Les derniers tiers cauchemardesque du film, aux tortures égrenées sur son fameux « kirikirikirikiri » enfantin n’en sont que plus dérangeantes et insoutenables encore. Malin, manipulateur, définitivement troublant, Audition se sublime même en préservant constamment l’aura touchante de la jeune femme, victime d’une société et d’un système phallocrate destructeur, et en refusant de juger son pauvre amant, lui aussi conditionné par des normes et des fantasmes qui ne se circonscrivent pas uniquement à la société nippone. Leur dernier regard échangé en serait presque plus romantique encore, alors que lui souffre des aiguilles enfoncées dans le corps et un pied en moins, elle la nuque disloquée. La poésie insaisissable du cinéma de Miike…
Image
Invisible en France depuis sa première sortie DVD (ça date donc), Audition revient chez The Jokers avec sa nouvelle copie restaurée 2K. Un travail nécessaire tant les taches, débris et instabilités étaient nombreuses, mais qui ne peut en effet dépasser les capacités même des négatifs 35mm d’origine témoignant à la fois des volontés du cinéaste d’une photographie relativement douce, voir flou, et d’une pellicule excessivement granuleuse. Rendu un peu difficile pour les adeptes de la netteté à tout prix, mais les cadres sont bien tenus, très propres, les couleurs sont beaucoup mieux équilibrées qu’autrefois, et la définition maintien l’ensemble avec beaucoup de naturel et de fermeté.
Son
Déjà croisé sur le disque HD d’Arrow Video, le mixage japonais en 5.1 parait étonnamment bien plus plat et moins percutant que son équivalent DTS HD Master Audio 2.0. Mieux équilibré, plus costaud même il séduit par son contour net, précis et dynamique. Un bon cran au-dessus aussi de la piste française, un peu plate et jamais totalement bien plantée dans les intentions comme le veut la tradition des doublages de films asiatiques.
Interactivité
Malheureusement aucune trace ici des nombreuses interviews produites par l’éditeur british. Au journaliste Stéphane du Mesnildot la lourde tâche alors de donner un peu de présence à la section bonus de l’édition. Une présentation qui repart des premiers récits de fantômes japonais, leurs transpositions sur grand écran avant d’arriver à Audition, rejeton éloigné mais tout de même imprégné par certaines de ces figures. L’intervenant se montre cependant bien plus convaincant lorsqu’il explore les thèmes profonds du film et le regard porté sur la place de la femme au sein de la société nippone.
Liste des bonus
Analyse et décryptage du mythe Audition par Stéphane du Mesnildot, journaliste pour Tempura Magazine et Mad Movies (20’).