ASTÉRIX & OBÉLIX : MISSION CLÉOPÂTRE
France, Allemagne – 2002
Support : Ultra HD 4K & Bluray
Genre : Comédie
Réalisateur : Alain Chabat
Acteurs : Gérard Depardieu, Christian Clavier, Jamel Debbouze, Alain Chabat, Monica Bellucci, Claude Rich, Gérard Darmon, Edouard Baer…
Musique : Philippe Chany
Image : 2.39 16/9
Son : Français Dolby Atmos
Sous-titres : Anglais, français sourds et malentendants
Durée : 107 minutes
Éditeur : Pathé
Date de sortie : 13 décembre 2023
LE PITCH
L’histoire commence il y a bien longtemps, à Alexandrie (ou en Alexandrie on peut dire les deux). Jules César défie Cléopâtre de lui construire un palais en trois mois. Délai impossible à tenir pour Numérobis, l’architecte égyptien. Son seul espoir : Panoramix et sa potion magique. Avec Astérix, Obélix et Idéfix, nos héros vont devoir déjouer les plans du vil Amonbofis, l’architecte rival, jaloux de ne pas avoir été choisi…
« C’est la Gaule »
Il y a les films live d’Asterix…. Et il y a Mission Cléopâtre. Soit l’exception qui confirme la règle et seule proposition qui a réussit à capturer véritablement l’essence de la bande dessinée tout en y apportant une modernité et une personnalité à la fois unique et dans le ton. Il est fort ce Chabat !
Sobrement, et avec une humilité non feinte, Alain Chabat explique dans le récent documentaire Uderzo : Sur le divan d’Asterix : “À chaque fois que j’avais un doute, je me disais n’essayons pas d’être plus malins qu’Uderzo et Goscinny.’ On a une base qui est incroyablement solide, des personnages campés, des dessins qui tuent, et des ambiances (…) La BD c’est l’art de l’ellipse. Il y a une case, puis rien, et entre deux cases le lecteur se fait son histoire. Avec mon adaptation, j’ai en quelque sorte fait ce qu’il y avait entre les cases”. La réussite absolue de son film, cette capture inédite, et tristement jamais approchée depuis, ce situe justement dans cet entre-deux. Une adaptation extrêmement fidèle à l’un des meilleurs albums d’Astérix & Obélix qui, comble de difficulté, avait déjà donné naissance à un petit bijou de dessin animé, où le réalisateur n’hésite jamais à reproduire directement les meilleurs gags, les meilleurs dialogues et les meilleures trouvailles visuelles de ses mentors, mais dans lesquels il glisse avec malice sa propre fantaisie. Ce fameux humour made in Canal +, version âge d’or avec les copains Les Nuls (on est jamais loin de La Cité de la peur), ou versant deuxième génération avec Edouard Baer dans un grand numéro lunaire dont il a le secret et Jamel Debbouze cannibalisant le film de ses improvisations à base de marmonnements, d’accélérations et de vannes de gamins.
« Viens me le dire de profil si t’es un homme ! »
Astérix et Obélix, toujours Clavier et Depardieu, bien plus supportables que dans le précédent Contre César, sont alors relégué comme dans les albums « autours du monde » à la place de témoins, offrant autant un regard ironique sur cette étrange monde égyptien (« C’est une autre culture ») que devenant les dindons franchouillards de la farce (« C’est une autre culture »). D’une baston finale façon kung-fu avec un clef d’œil au Grand Pardon au milieu signé par un Darmon jubilatoire, à une séquence musicale dynamitant la construction du palais sur fond de James Brown, Mission Cléopâtre ose tout, ou presque, enquillant les morceaux hilarants, les gags premiers et seconds degrés, les couches de références, les séquences charmes avec Monica Belluci et une relecture particulièrement osée (mais tellement fanboy) de La Guerre des étoiles. Comme Goscinny, Alain Chabat (prononcez Ciiisar) capture l’énergie de son temps et greffe dans son tableaux antique un défilé de copains et de talents en guest, dont les numéros, reconnaissables, ne tournent jamais à la bataille d’égo ou au One Man Show embarrassant, mais nourrissent véritablement l’énergie du film. Les robins des bois, Dieudonné (quel talent il avait !), Jean Benguigui, Bernard Farcy, Chantal Lauby (on la voit, on la voit plus), Kassovitz… sans oublier Claude Rich tout simplement magique en Panoramix espiègle et à l’œil qui frise à chaque plan. Presque l’anti-comédie française où tout passe crème, grâce aux enfantillages collectifs mais aussi grâce aux ambitions visuelles d’un réalisateur qui certes s’offre le rôle de l’Empereur (maladroit) mais n’oublie jamais ce qu’il doit aux autres et surtout à Goscinny et Uderzo.
Un succès largement mérité en 2002, rapidement devenu culte et qui n’est pas près de prendre une ride… surtout quand on voit les opus malheureux qui ont suivi. A se demander si Chabat n’était pas tombé, lui aussi, dans la marmite quand il était petit.
Image
Nouveau travail de titan pour Pathé qui a dû faire face à la problématique d’un film tourné au carrefour entre les méthodes classiques en 35mm et l’arrivée du tout numérique. Le film fut donc tourné sur pellicule mais entièrement post produit en 2K. Le distributeur aurait pu se contenter de lui offrir alors une restauration 2K, et se limiter au format Bluray, mais au vu du succès du film, il a préféré pousser la logique jusqu’au bout. Il a donc fallu repartir directement des négatifs non-montés mais aussi de bandes numériques DTF (format plus utilisées du tout aujourd’hui) pour les plans avec images de synthèse. Une restauration classique, mais poussée pour les premières, un travail d’upscale pointu assisté par une IA pour les secondes, tout à été fait pour reproduire à l’identique le métrage tel qu’on l’a connu tout en lui assurant une nouvelle jeunesse et une plus grande homogénéisation entre les différentes natures de film. Un résultat spectaculaire, accompagné comme il se doit d’un réétalonnage du film en association avec Laurent Dailland, le directeur photo d’origine, avec la volonté de s’approcher enfin des volontés initiales d’Alain Chabat. Si le film a profité de plusieurs étalonnages différents (deux pour les sorties salles en fonction de la qualité des projections, un pour le bluray et un autre pour l’UHD) la logique reste la même soit un rééquilibrage des contrastes, des couleurs chaires plus naturelles (et donc moins rosées) et une accentuation imposante d’une palette volontairement très BD. Là aussi, en dehors de quelques petits excès (les cheveux roux d’Obélix qui semblent presque prend feu parfois), l’esthétique du film est une vraie réussite qui semble toute droit sortie des planches d’Uderzo. Un travail admirable.
Son
Retour aux sources aussi pour la bande sonore qui ne s’est pas contentée de booster le 5.1 d’origine pour constituer le tout nouveau Dolby Atmos, mais bien de reprendre tous les éléments existants en compagnie de Thierry Lebon, le mixeur d’origine, et de les redéployer avec toutes la générosité des capacités modernes. Plus dynamique encore qu’autrefois, le résultat accentue encore l’énergie du film, joue avec une excessivité bienvenue sur ses différents effets, se rapprochant là encore des sensations presque de dessin animé… live.
Interactivité
Sortie évènement pour Noël, Mission Cléopâtre est proposé dans un gros coffret avec poster et surtout jeu de société exclusif pour les plus accros. Un objet déjà épuisé en précommande.
Reste la vraie édition heureusement avec, comme pour le récent Le Samouraï, un combo UHD, Bluray et DVD qui devrait satisfaire tous les publics. Et cette dernière a la très bonne idée de reprendre presque à l’identique (manque quelques storyboards) les suppléments du vieux collector de 2002, avec un DVD supplémentaire comprenant l’excellent et extrêmement complet making of (le fameux « Le Comankonafé »), les scènes inédites, les clips et bien entendu le director’s cut façon Chabat.
Sur l’UHD on retrouve aussi le commentaire audio du loquace, et manifestement très heureux d’être là, Mr Chabat, tandis que le Bluray en plus de ce dernier regroupe toutes les bandes annonces du film (dont celle avec Farrugia dans le rôle de Cléopâtre… quel dommage !) et un reportage très complet, instructif et didactique sur la restauration du film.
Liste des bonus
Commentaire audio d’Alain Chabat (2002), Documentaire sur la restauration du film (2023, 19’), « Le Comankonafé » : making of (115’), 8 scènes inédites (9’), 5 scènes in extenso (14’), Interview de Pierre Tchernia (4’), Clip avec la musique de Snoop Dogg (4’), Le Director’s Cut : version « Chabatisée » du film (6’19”), Bandes annonces.