ASTERIX ET OBELIX : L’EMPIRE DU MILIEU
France – 2023
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Comédie
Réalisateur : Guillaume Canet
Acteurs : Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Vincent Cassel, Jonathan Cohen, Julie Chen, Leanna Chea, Marion Cotillard, José Garcia, Ramzy Bédia, Bun-Hay Mean, Philippe Catherine…
Musique : Mathieu Chedid
Image : 2.40 16/9
Son : Dolby Atmos français
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Durée : 110 minutes
Éditeur : Pathé
Date de sortie : 07 juin 2023
LE PITCH
Nous sommes en 50 avant J.C. L’Impératrice de Chine est emprisonnée suite à un coup d’état fomenté par Deng Tsin Quin, un prince félon. Aidée par Graindemaïs, le marchand phénicien, et par sa fidèle guerrière Tat Han, la princesse Fu Yi, fille unique de l’impératrice, s’enfuit en Gaule pour demander de l’aide aux deux valeureux guerriers Astérix et Obélix, dotés d’une force surhumaine grâce à leur potion magique. Nos deux inséparables Gaulois acceptent bien sûr de venir en aide à la Princesse pour sauver sa mère et libérer son pays.
Adieu Mon Idole
Présenté comme la production française capable de redresser la barre d’une fréquentation en salles en berne (finalement c’est Mario qui va tout rafler quelques semaines plus tard), les nouvelles aventures live d’Astérix et Obélix ont sans doute été survendues par un réalisateur fébrile (et manifestement épuisé), recevant alors une volée de bois vert de la part de la presse et des entrées honorables mais loin du carton espéré. Ente « Canetbashing » et formule d’une potion magique diluée avec les années, que reste-t-il vraiment de notre Gaule d’antan ?
Il y a de toute façon quelque chose de totalement foireux dans l’idée de faire une adaptation du chef d’œuvre de la BD franco-belge en fictions interprétées en chair et en os. Le rythme et la profusion de l’écriture de Goscinny, le style tout en rondeur et en redoutable efficacité d’Uderzo, sont forcément immédiatement amoindris en live, autant par des acteurs forcements approximatifs que par une réalité qui ne se prête que rarement bien aux excès du stripcomics ou du cartoon. En ce sens le Mission Cléopâtre d’Alain Chabat reste un petit miracle, une incongruité imaginée il est vrai par un véritable connaisseur de l’œuvre des deux compères. Une véritable modernisation d’un album incontournable, un mélange de respect amoureux et d’irrévérence auquel aimerait forcément ressembler L’Empire du milieu. Ici aussi, comme dans l’insupportable et embarrassant Astérix aux jeux olympiques, le spectacle voulu ultra populaire et transgénérationnel, explore à fond la carte du guest, des auto-citations et des numéros d’acteurs et comiques rompus à l’exercice. Des airs de grandes improvisations parfois, de vignettes vouées à séduire qui aime Angele, Orelsan ou adule Zlatan Ibrahimovic (diantre que ses apparitions sont vaines et longues), où à laisser les latitudes à Jonathan Cohen, José Garcia ou Ramzy Bedia de quêter le fameux « esprit canal « ou l’effet « Djamel » au choix.
Banquet final
Bien entendu cela tourne le plus souvent à vide à cause d’une direction d’acteurs absente (certains interprètes sont catastrophiques), des dialogues peu écrits et des bons mots sans poésie, mais aussi une forme de jeunisme qui imagine qu’il est possible de se passer d’une base (pitch, scénario, dialogues) de Goscinny. Aussi sympathique soit-il, Guillaume Canet n’a clairement pas les armes pour se frotter aux maitres et surtout ne semble jamais vraiment comprendre ce qui faisait la force des albums ou de leurs meilleurs adaptations (Les 12 Travaux, les films d’Astier…). A commencer par un Astérix, timidement interprété par ses soins, bizarrement gamin, immature, jaloux plus que râleur qui perd tous ses aspects malins et sa perspicacité. Même si physiquement la corpulence pose soucis, Gilles Lelouch s’en sort beaucoup mieux, plus tendre certainement, tandis que plus loin Vincent Cassel, physiquement parfait dans la toge de Jules César, s’avère bien triste en empereur émasculé à deux doigts de chouiner sur son trône. On n’est jamais loin de la trahison en bonne et due forme. On n’est jamais loin non plus du ratage total puisque la profusion de personnages (autant de « célébrités » invités) frôle l’indigestion entrainant forcément dans son sillage une masse inutile de mini-trames parallèles ou l’étirement de nombreuses scènes au-delà du raisonnable.
Pas assez resserré, pas assez travaillé, pas assez efficace, pas assez drôle, L’Empire du milieu impressionne par la beauté et le luxe de ses décors (réels), attendris par ses ambitions de grande spectacle épique, mais échoue à offrir le feu d’artifice à la française promis. Reste bien quelques scénettes éparses, et un duo musical mémorable entre Philippe Catherine (certainement le meilleur Assurancetourix possible) et M pour laisser une bonne note final, mais c’est définitivement trop peu.
Image
Techniquement aussi le dernier Astérix tente clairement de venir concurrencer les mastodontes américains avec une copie 4K ultra pointue, creusée à l’extrême, au piqué ample et généreux et venant encore booster une palette de couleurs poussant vers les accents vifs et contrastés type BD. Mine de rien, les décors franchement riches et luxueux y sont plus appréciables, et la masse de figurants (réels) plus impressionnante encore. De la grosse artillerie jusqu’au bout.
Son
Que ce soit sur le Bluray ou sur l’UHD, le film est disponible uniquement dans son mixage Dolby Atmos. Celui-ci se décline bien entendu en DTS HD Master Audio 7.1 sur les installations moins récentes. Dans tous les cas ce dernier est là encore digne d’un vrai blockbuster avec une ouverture ample et extrêmement généreuse des canaux, des dialogues centraux toujours nets, et un fourmillement de détails sonores aussi minutieux que cartoonesques et donc dans le ton.
Interactivité
Un peu chiche en apparence, la section brasse en ouvertures quelques interviews promos plutôt détendues, le clip de la chanson titre et une sélection de scènes coupées (souvent rallongées) qui donne surtout accès à des numéros supplémentaires des stars invités du métrage. La bonne surprise vient du making of, qui suit pendant une bonne demi-heure la préparation du film, quelques jours de tournage, et surtout s’attarde sur les inquiétudes et les petits soucis d’un réalisateur face à un grosse machinerie assujettie au report du tournage à cause du COVID ou aux aléas météorologiques. Plutôt franc et sincère, avec un détour sur les costumes, les décors et les pitreries des acteurs qui patientent entre deux prises, le documentaire aurait pu (dû ?) être beaucoup plus long.
Liste des bonus
Making of (36’), 13 scènes coupées (18’), Interviews de l’équipe (9’), Clip « Ils sont fous ces humains » de -M- avec BigFlo et Oli (3’).