ASSOCIATION CRIMINELLE
The Big Combo – États-Unis – 1955
Support : Bluray & DVD
Genre : Policier, Film Noir
Réalisateur : Joseph H. Lewis
Acteurs : Cornel Wilde, Richard Conte, Brian Donlevy, Jean Wallace, Robert Middleton, Lee Van Cleef
Musique : David Raksin
Image : 1.77 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 87 minutes
Éditeur : Éléphant Films
Date de sortie : 11 juillet 2023
LE PITCH
Le lieutenant Leonard Diamond fait tout pour mettre sous les verrous Mister Brown, gangster aussi charmant que dangereux, demeurant intouchable. Mais la relation que le policier noue avec Suzanne Lowell, maitresse officielle du parrain, lui offre une piste intéressante pour mettre fin à son règne…
Attractions fatales
Réhabilité par les années, The Big Combo est l’autre grand film noir de Joseph H. Lewis avec le plus sec et nerveux Gun Crazy. Une œuvre plus classique en apparence, mais qui plonge comme rarement dans l’univers hautement ambiguë et immoral d’un monde criminel intouchable.
Celui que l’on connait sous le titre français bien sobre d’Association criminelle ne fit pas vraiment grand bruit lors de sa sortie sur les écrans en 1955. Une toute petite production pour la MGM qui d’ailleurs n’hésitera pas à en revendre les droits au spécialiste de la série B Allied Artist, et une commande presque parmi d’autres pour l’artisan Joseph H. Lewis capable de passer comme beaucoup de ses collègues des studios de l’époque, d’un genre à l’autre, d’un projet plus engageant à l’autre. Pourtant ce « petit » polar qui semble reprendre tous les clichés du très typé Film Noir semble s’évertuer à se détourner constamment des facilités. Rédigé par le très productif Philip Yordan (Plus dure sera la chute, La Chute de l’empire romain…), le scénario s’entête aux coté du lieutenant Diamond (Cornel Wilde) à poursuivre par tous les biais possibles l’organisation criminelle (réduite essentiellement à trois hommes de main) du terrible Mister Brown. Son recèle d’armes, le blanchiment d’argent sale, ses malversations, l’élimination des gêneurs, rien n’aboutit et l’homme semble définitivement inaccessible jusqu’à que le prénom « Alicia » ne soit prononcé par sa nouvelle fiancée après une tentative de suicide. Un McGuffin incertain, qui amène le policier dans la réserve d’un antiquaire, dans une maison de repos, où tout semble toujours frôler la trame du cauchemar éveillé, fragmenté, déconnecté, vain et pourtant…
Sous influences
Car l’enquête policière est réelle, tout autant que les multiples personnages qui la composent tous liés par des rapports de force constamment étirés, tendu et surtout des relations extrêmement ambivalentes. Pour l’époque l’amitié extrêmement douce et presque fusionnelle entre les deux tueurs Fante et Mingo (dont un excellent Lee Van Cleef) était d’ailleurs assez osée. Mais c’est surtout du côté hétéro que le film continue aujourd’hui de séduire. Ainsi Diamond, qui entretient une relation distendue avec une danseuse nue totalement éprise, ne cache pas sa passion pour Susan (Jeanne Wallace), la dernière poule de Brown dont elle n’arrive pas à s’échapper malgré ses violences et le contrôle qu’il fait constamment peser sur elle. Même terrain glissant pour une ex-femme constamment tirailler entre la peur et l’admiration pour un homme qui l’a détruit. Incarné par un fabuleusement inquiétant Richard Conte (L’Inconnu de Las Vegas, Le Parrain…), le fameux Brown règne en maitre sur son univers et celui du film, aussi séducteur qu’autoritaire, sans pitié et sans affect, il écrase systématiquement les autres dans le plan, en prenant irrémédiablement le contrôle. Habile, Joseph H. Lewis travaille l’espace et les perspectives avec minutie, toujours pour souligner autant les rapports de pouvoirs, que l’emprisonnement et la violence forcément retenue.
Une esthétique élégante et admirablement sculptée par les ombres du talentueux John Alton (Marché de brute, Le Livre noir, La Porte du diable… un grand habitué d’Anthony Mann donc), qui est parsemé de vrai moment de bravoure. Que ce soit un baiser forcé qui glisse vers une déroutante extase (le Code Hays en eu des frissons), une séquence de torture effectuée avec un morceaux de jazz endiablé amplifié par un appareil auditif, l’exécution silencieuse de Brian Donlevy marqué par les flashs de mitraillettes ou ce final où Brown poursuivi dans un hangar par une lumière projetée par Susan se révèle enfin tel qu’il est : un criminel tout aussi lâche que les autres. Surprenant, inventif et sulfureux, Association criminelle mérite bien de figurer parmi la liste des classiques du film noir.
Image
Même si l’image reste encore et toujours marquée par le passage de quelques griffures ou taches blanches toujours visibles et que les plans de transition autant que certains zooms affichent un grain plus fluctuant, la copie HD d’Association criminelle reste tout de même d’excellente facture. Tout d’abord par la stabilité des cadres et par un rendu relativement propre et maitrisé au demeurant, mais aussi avant tout par la mise en avant de la photographie de John Alton. Les contrastes sont finement ciselés et les argentiques bien présents avec des reflets particulièrement élégants.
Son
Seule la version originale mono est proposée ici. Celle-ci a clairement été rafraichie pour obtenir une restitution ferme et directe sans aucun soucis majeur ou perditions.
Interactivité
Pas de véritables images d’archives ou de documentaires rétrospectifs autour du film sur aucune édition ni américaine ni anglaise. Chacun y va donc avec ses spécialistes du film noir. Chez Elephant c’est donc Eddy Moine qui se charge de la présentation de ce dernier avec une présentation assez rigoureuse du pitch, du réalisateur, des acteurs et du directeur photo, avant d’embrayer avec facilité sur une petite critique enthousiaste et argumenté du film. Court mais très efficace.
Liste des bonus
Le film par Eddy Moine (14’), Bandes-annonces de la collection.