ARLINGTON ROAD
États-Unis – 1999
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Mark Pellington
Acteurs : Jeff Bridges, Tim Robbins, Joan Cusack, Hope Davis, Robert Gossett
Musique : Angelo Badalamenti
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Durée : 117 minutes
Editeur : L’Atelier d’images
Date de sortie : 02 mai 2023
LE PITCH
Arlington Road, quartier résidentiel de Washington. Michael Faraday sauve la vie du fils de ses voisins, grièvement blessé en jouant avec des feux d’artifice. À la suite de cet évènement il se lie d’amitié avec les parents du jeune garçon, Oliver et Chery.
Bien sous tous rapports
Reflet final d’une décennie passée à questionner les modèles et la raison d’état (Les X-Files et JFK sont passé par là), Arlington Road est un savant thriller, entre délire parano, complot de proximité et manipulation à grande échelle qui fait toujours froid dans le dos. Si la réalisation n’est pas toujours à la hauteur du propos, les performances de Jeff Bridges et Tim Robbins comblent aisément les lacunes.
De l’assassinat de JFK à la prise d’assaut du Parlement américain par une horde de militants réactionnaires, l’inquiétude autour de cellules terroristes droitières qui se dissimuleraient dans les diverses banlieues américaines, dans les recoins reculés, reste un sujet constamment actuel et anxiogène. C’est d’ailleurs le sujet privilégié du cours de Michael Faraday, prof d’histoire en faculté, qui met constamment en garde ses étudiants contre la présence de ce type de réseaux, mais aussi les manipulations médiatiques qui les entourent et la paranoïa mal placée que cela peut parfois créer. C’est pourtant lui-même qui va se mettre à douter de la moralité de son nouveau voisin, affichant la bonhommie toute chaleureuse de Tim Robbins, bon mari, bon père de famille, et camarade bien intégré dans toutes les manifestations scoutes et les barbecues du weekend. Quelques discussions politiques qui glissent légèrement, des éléments de son passé qui se contredisent, en cherchant la petite bête, le personnage incarné par Jeff Bridges se met à échafauder une théorie complotiste. Jeff Bridges joue forcément sur ses aspects fiévreux, passionnés et légèrement délirants, tandis que Robbins instaure immédiatement une certaine sympathie, une chaleur amicale, que l’on ne peut s’empêcher, par excès de propreté, de trouver inquiétante.
La fête des voisins
Les deux acteurs font énormément à la réussite du film, jouant sur une mécanique de vampirisation particulièrement bien coordonnée et des confrontations verbales parfaitement sinueuses, mais il faut reconnaitre qu’ils sont particulièrement bien servis par le scénario retors et sophistiqué de Ehren Kruger. Futur auteur de blockbusters comme Top Gun Maverick, Ghost in the Shell ou Transformers 2,3 et 4, mais aussi de thrillers plus tortueux comme Scream 3 et le très bon La Porte des secrets, il travaille ici une tension qui prend savamment son temps pour mettre en place les pièces de son puzzle (piège ?), jouant tour à tour sur le deuil difficile d’une femme morte pour son pays, les convictions patriotiques de l’américain moyen, la culpabilité, les angoisses d’un père, pour constamment questionner l’équilibre mental de son protagoniste et par ricochet celui de son pays très loin désormais de ses idéaux et de sa force morale affichée. Malin et bien fichu, et surtout admirablement jusqu’au-boutiste dans sa noirceur, Arlington Road n’a pourtant pas vraiment fait de vagues à sa sortie. Sans doute car en dehors d’un générique d’ouverture limite cauchemardesque et quelques effets spielbergien disséminés avec parcimonie, la mise en scène de Mark Pellington (La Prophétie des ombres) n’arrive jamais vraiment à offrir une dimension supplémentaire à l’entreprise. Clippeur plutôt sollicité depuis les années 90, téléaste fréquent, mais honnête faiseur sur grand écran, il reste la plupart du temps simple spectateur de l’action ou de la performance de ses acteurs. De ce coté là il est parfaitement servi certes, mais on ne peut s’empêcher de penser ce qu’aurait donner un tel projet entre les mains d’un cinéaste plus inspiré, plus atmosphérique, plus maniaque.
Image
En France, Arlington Road en était resté à un vieux DVD correspondant plus ou moins à sa sortie en salle. Le master HD récupéré par L’Atelier d’images reprend cependant à celui déjà exploité aux USA depuis une quinzaine d’années et a forcément pris un bon coup de vieux au passage. L’image est super propre, les cadres stables, mais le procédé numérique utilisée booster le transfert, les légères retouches sans doute effectuées pour homogénéiser le tout et une source à la définition très en retrait par rapport aux standards actuels aboutissent à une image souvent trop lisse, peu creusée et aux noirs et lumières peu intenses. L’ensemble est tout à fait correct et confortable, mais dans le détail ça prend de l’âge.
Son
Le film retrouve ses deux pistes anglaise et française en 5.1 mais cette fois-ci avec la finesse accrue du DTS HD Master Audio. Le résultat n’en reste pas moins très proche du rendu initial c’est-à-dire des mixages qui mettent essentiellement en avant les dialogues, mais manquent là aussi trop souvent de relief dans les ambiances. Quelques envolées plus dynamiques lors des rares accélérations du film, mais ce sont surtout les percussions de la bande originale qui font tout le travail.
Interactivité
L’Atelier d’images démontre une fois encore tout le soin qu’ils apportent à la confection de leurs éditions en étant allé rechercher l’intégralité des suppléments disponibles sur les précédentes éditions DVD ou Bluray. Ainsi, le commentaire audio du réalisateur et de Bridges s’avère très calme mais pourtant constamment pertinent par le franc-parler des deux intervenants. Certes il n’a pas été sous-titré par l’éditeur, mais les meilleurs passages sont proposés en exergue avec quelques scènes commentées et sous-titrées. On retrouve aussi le making of d’époque, un peu promo, qui traverse efficacement les thématiques et enjeux du film tout en délivrant quelques images des coulisses, ainsi que la fin alternative, légèrement plus longue, éclairant sur le destin du fils de Faraday et ajoutant une noirceur jugée intolérable par le producteur. Il est d’ailleurs question d’une autre fin alternative, happy end pourri tourné à la va vite pour faire plaisir à la production dans l’inédite rencontre en visio entre Pellington et ses acteurs Tim Robbins et Jeff Bridges. Tous trois semblent ravis de revenir discuter du film, de ses contours politiques, de leurs rôles et de leur collaboration, avec une fois encore une liberté de ton plutôt rafraichissante.
Liste des bonus
Commentaires audios de Mark Pellington et Jeff bridges (VO), Interview de Mark Pellington, avec Tim Robbins et Jeff Bridges (2023, 30’), Scènes commentées (10’), « Hidden Vulnerability » : making of (19’), Fin alternative (7’).