ANGEL : LA TRILOGIE

Angel, Avenging Angel, Angel III: The Final Chapter – Etats-Unis – 1984, 1985, 1988
Support : Bluray
Genre : Thriller, Action
Réalisateur : Robert Vincent O’Neil, Tom DeSimone
Acteurs : Donna Wilkes, John Diehl, Cliff Gorman, Susan Tyrrell, Dick Shawn, Rory Calhoun, Betsy Russell, Mitzi Kapture…
Musique : Craig Safan, Christopher Young, Berlin Game
Durée : 286 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 28 avril 2021
LE PITCH
Molly Stewart, 15 ans, mène une double vie. Lycéenne modèle le jour, elle devient à la nuit tombée Angel, une prostituée officiant sur Hollywood Boulevard. Alors qu’un dangereux tueur en série fait son apparition dans les rues de Los Angeles, assassinant sauvagement deux de ses amies, Angel refuse de céder à la peur…
Tombée du ciel
Vendu en France avec la bannière particulièrement élégante « Bonne élève le jour, bonne p… la nuit », Angel a tout en apparence de la petite péloche douteuse et racoleuse, ayant fait son succès sur quelques atours inavouables. Considéré aujourd’hui comme un petit classique du cinéma d’exploitation des années 80, Angel s’avère une série B bien mitonnée et finalement assez sensible.
Aucun doute cependant que le film en lui même se soit monté, sous le regard de New World Picture, dans une optique purement mercantile, aguicheuse, voyant dans le scénario coécrit par Robert Vincent O’Neil et Joseph Cala une évocation sulfureuse de la prostitution infantile (l’héroïne n’a que 15 ans et est censée vendre son corps depuis deux ans déjà) annonçant son lot de petit glissements érotiques. Mais si on excepte quelques rapides scènes totalement gratuites de douche, ironiquement, dans le gymnase du lycée, Angel fait preuve d’une pudeur étonnante. L’héroïne elle même, la jeune Molly, ne montrera jamais rien de son corps autre que sa jupe trop serrée ne laisse entrevoir, mettant surtout en avant un caractère extrêmement touchant, à la fois rayonnant et déjà marqué par la vie, admirablement portée par la bouille de Donna Wilkes (Les Dents de la mer 2). Un petit bout de femme entouré par un groupe de marginaux tout aussi réussis allant du travesti fan de Mae West (Dick Shawn), de la lesbienne excentrique (Susan Tyrrell) au vieux cowboy nostalgique (Rory Calhoun), qui célèbrent finalement l’aspect cosmopolite des quartiers chauds de Los Angeles et l’esprit de communauté qui y naissait. Déjà à l’écriture sur le très intéressant Vice Squad, Robert Vincent O’Neil capture avec la même efficacité, mais cette fois ci en tant que metteur en scène, l’intensité de ce cette vie nocturnes et l’esthétique de la rue. Affichant une mise en scène proche du documentaire (beaucoup de scènes ont été « volées » sur place), il signe un film qui a une véritable tendresse pour son sujet, qu’il traite autant avec humour et légèreté, qu’une certaine dureté, en particulier lorsque Molly / Angel se voit jugée et agressée par quelques abrutis de son lycée. Se sont sans doute là les vrais « méchants » du film, symboles esquissés d’une société « normale » qui a laissé tomber la gamine, l’envoyant dans les pattes d’un serial killer bien déglingué, dont elle échappera fièrement qu’en devenant une véritable héroïne de série B américaine après une poursuite en pleine rue ponctuée de coups de fusils à pompe et un petit hommage iconique au western classique.
Retour au turbin
Difficile à vendre, difficile à percevoir de l’extérieur, Angel va devenir un vrai succès sur la longueur, restant en haut de l’affiche et du top 10 plusieurs mois d’affilés avant de connaître des échos aussi populaires dans le reste du monde (en particulier en Europe). De quoi donner à New World Picture la ferme envie de remettre rapidement le couvert. Emballé bien trop rapidement selon les mêmes coscénaristes, de toute façon obligé de rempiler liés par les termes de leur contrat, Angel 2 (ou Avenging Angel) doit en plus composer avec l’absence de Donna Wilkes dans le rôle titre, remplacée par une Betsy Russell (la saga Saw) beaucoup plus bimbo. Si l’idée d’un gang de truands et de ripoux s’efforçant de conquérir Hollywood Boulevard sous couvert d’en nettoyer les rues est plutôt intéressante, faisant directement écho à ce qui attendait New York, l’opus se montre beaucoup plus poussif, plus rigolard et surtout nettement moins rythmé. Une suite honorable, efficace parfois, mais déjà en deçà, dont le déclin va être largement confirmé dans Angel III : The Final Chapter. Changement intégral d’équipe et de casting, c’est désormais Tom DeSimone derrière la caméra et Mitzi Kapture devant. Le premier est surtout connu pour le slasher Hell Night et une bonne poignée de porno gay, alors que la seconde, déjà très charmante, n’avait pas encore connu les honneurs des Dessous de Palm Springs. Impossible d’ailleurs de ne pas rapprocher cette peinture du petit monde du porno et des réseaux d’exploitation de la traite des blanches, des sujets préférés de la sélection Hollywood Night. Filmé sans grande inspiration, embourbé dans une tragédie familiale (Molly se découvre une sœur…), cette seconde suite ne dépasse effectivement jamais la facture du téléfilm un poil soigné. Manque ici au programme un terrible Angel 4 : Undercover, sorte de DTV limite amateur et carrément vulgaire, question d’affirmer que le premier Angel possède vraiment une saveur unique.
Image
Forcément, c’est le premier film de la série qui a été le plus soigné pour sa restauration. Un scan 4K du négatif 35mm pour une restitution tout à fait propre, stable, et capable surtout d’apporter une définition inespérée pour ce titre. Les détails sont bien dessinés, les scènes de rues dotées d’une très belle profondeur, et si on oublie quelques plans un peu lus marqués, le grain de pellicule est rendu avec de délicates intentions. Un petit cran en dessous avec des scans 2k (tout de même), les deux suites font preuve d’une propreté équivalente mais avec un grain là un peu plus marqué, légèrement granuleux parfois. Dans tous les cas on n’en attendait vraiment pas autant pour de petits films d’exploitations de ce genre.
Son
Les nostalgiques retrouveront avec plaisir le bon vieux doublage bien daté, écrasé et excessif d’origine proposé dans un DTS HD Master Audio 2.0 assez sobre. Disposés dans un même mix les versions originales se montrent naturellement plus fluides, claires et naturelles avec de légères dynamiques bienvenues.
Interactivité
Retour en grande pompe pour la collection Midnight Collection de Carlotta, avec ni plus ni moins qu’un coffret trilogie regroupant les trois premiers chapitres « officiels » des aventures d’Angel. Une reprise du travail éditorial de Vinegar Syndrome aux USA aussi bien du coté des masters que des suppléments, ce qui nous permet de profiter de bonus assez généreux. En particulier sur le premier film, qui a le droit à sa petite sélection de scènes coupées (sans son), d’une rencontre avec l’actrice Donna Wilkes, d’une petite exploration des thèmes crées par Craig Safan et des interviews séparées du réalisateur et du scénariste. Robert Vincent O’Neil et Joseph Cala les deux géniteurs d’Angel et ami proches, reviennent sur leur collaboration, un tournage guérilla dans les rues de Los Angeles et le succès, imposant et surprise, du film. On y discute déjà de quelques tensions avec les producteurs, qui viendront clairement s’accentuer lors du tournage de la suite (comme évoqué dans leur interview croisée présentée sur le second bluray), imposée contractuellement et sans Donna Wilkes pour quelques histoires de gros sous. A la débutante Betsy Russell de prendre la relève, qui en garde manifestement tout de même un très bon souvenir. Rien en revanche à noter sur le troisième disque si ce n’est sa petite bande annonce d’époque.
Liste des bonus
« À la découverte d’un ange » : entretien avec Robert Vincent O’Neil (30’), « Jouer sur les deux tableaux » : entretien avec Donna Wilkes (12’), « Rencontre fortuite » : entretien avec Joseph Cala (17’), « Le thème d’Angel » : entretien avec Craig Safan (10’), Scènes coupées et chutes (7’), « À la poursuite de l’ange » : entretien avec Robert Vincent O’Neil et Joseph Cala (9’), « Enfant de la balle » : entretien avec Betsy Russell (10’), Bandes-annonces.