ANATOMIE
Allemagne – 2000
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Stefan Ruzowitzky
Acteurs : Franka Potente, Benno Fürmann, Anna Loos, Sebastian Blomberg
Musique : Marius Ruhland
Durée : 103 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Allemand et Français en DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : ESC Distribution
Date de sortie : 10 juin 2022
LE PITCH
Le rêve d’une jeune étudiante en médecine se réalise. Elle a été sélectionnée pour suivre les cours d’anatomie d’un professeur très réputé. Cependant, l’enthousiasme cède vite la place à l’angoisse lorsqu’elle découvre sur la table de la salle de dissection un jeune homme qu’elle a vu vivant la veille…
« ça ne va pas faire mal »
Grosse surprise du tout début des années 2000, Anatomie venait narguer les neo-slasher américains avec sa saveur, et son sens du rentre dedans, tout teuton. Alors que le cinéma de genre français se cherchait encore (s’est-il un jour trouvé ?), Anatomie tranchait dans le vif au scalpel.
Distribué et souvent vendu par la Columbia comme une production quasiment américaine, Anatomie avait effectivement de quoi surprendre avec sa facture extrêmement maîtrisée des codes renaissants du slasher alors très en vogue dans tout l’occident. Également scénariste, Stefan Ruzowitzky orchestre effectivement avec beaucoup de savoir-faire le whodunnit attendu, usant de lents mouvements de caméra incarnés dans les décors froids de l’université de médecine, quelques jumpscare bien placés et surtout un rythme bien tendu qui dépasse aisément le film de série. Mais en bon film européen, Anatomie ne se sent certainement pas prisonnier d’un unique genre, extrêmement codifié qui plus est, ancrant fermement ses racines dans une atmosphère beaucoup plus européenne, venant ajouter à la mixture quelques effluves de secte ancienne, les anti-Hipocrates, n’hésitant pas à expérimenter sur des moribonds encore vivants pour faire avancer la médecine, un peu à la manière du fameux Les Rivières pourpres de Mathieu Kassovitz qui sortait sur les écrans la même année. Pas uniquement un simple gimmick pour habiller le décorum, ce rapport à un ordre oublié, particulièrement actif durant la Seconde Guerre Mondiale, rappelle surtout les jeunes spectateurs allemands à un héritage qu’ils aimeraient surtout oublier définitivement. C’est effectivement un peu le cas de l’héroïne Paula, dont les découvertes vont l’amener à reconsidérer l’admiration qu’elle pouvait avoir pour son grand-père.
Le corps médical est plus beau vu de l’intérieur.
Il est ainsi toujours question de vieux démons dans Anatomie. Et d’une fascination omniprésente pour la mort, les corps froids, figés, présentés sous la forme d’écorchés anatomiques rigidifiés (comment ne pas penser à Hellraiser ?), en contraste avec la vie débordante des jeunes étudiantes et en particulier de leur rapport à la chair. Les Allemands sont bien moins prudes et manichéens que les Américains sur la question, et si le personnage incarné par l’excellent Frank Potente (Cours, Lola, Cours, La Mémoire dans la peau) reste dans la marge de l’héroïne un peu coincée qui apprend à dépasser sa peur comme Jamie Lee Curtis dans Halloween 2, sa coloc jouée par la chanteuse Anna Loos déjoue astucieusement les clichés. Jeune femme aimant les hommes et le sexe, sa Gretchen blonde et bien en chair affirme ouvertement ses désirs… et un QI au-dessus de la norme. Sous des dehors de mélange de film d’horreur un poil gore mâtiné d’accents comiques qui n’échappent pas à quelques glissements gras (en même temps vu l’humour du milieux), Anatomie reste un film différent, qui justement sait repousser intelligemment le genre dans lequel il s’introduit, annonçant même par ses séquences de meurtre où les victimes sont autopsiées, éviscérés et étudiés consciencieusement encore conscients, la mode à venir des inlassables torture-porn. Un soupçon de poésie macabre en plus.
Un mélange entre dégoût et beauté plastique qui nous renvoie toujours aussi efficacement à nos propres angoisses et à notre méfiance du corps médical.
Image
Inédit en France en Bluray, Anatomie n’est pourtant pas tout jeune en HD puisque le master utilisé affiche déjà une dizaine d’année au compteur. Une remasterisation d’ailleurs effectuée à partir d’une source vidéo elle aussi plus toute fraîche. Forcément, le rendu final est assez décevant avec quelques traces de pellicules encore visibles, un bruit vidéo des plus présents et un filtre edge enhancement qui fait souvent apparaître des halo disgracieux autours des acteurs. Les couleurs s’en sortent beaucoup mieux et la définition offre quelques jolis détails et même une profondeur assez bien dessinée.
Son
On retrouve ici les pistes 5.1 déjà présentes sur l’ancien DVD, mais avec cette fois-ci le DTS HD Master Audio qui fait bien. Un petit surplus d’intensité pour des doublages, anglais et français, pas toujours des plus équilibrés et qui plus est aux voix rarement convaincantes. Heureusement la version allemande est bien là avec un rendu plus naturel, plus fluide et surtout des acteurs beaucoup plus impliqués.
Interactivité
Rien de neuf à se mettre sous la dent mais heureusement tous les bonus produits pour la sortie DVD répondent présents (et en SD) avec une featurette sur les maquillages et les mannequins morbides, une comparaison film / story-board, deux scènes coupées avec commentaires optionnels et un making of promotionnel allemand / anglais à la facture très classique mais qui au moins donne la parole à peu près tout le monde et évoque, brièvement, la tradition horrifique allemande. Plus complet, précis et argumenté, le commentaire audio, sous-titré, du réalisateur reste le supplément le plus cinéphilique et creusé du lot.
Liste des bonus
Making of, Scènes coupées, avec commentaire optionnel de Stefan Ruzowitzky (VOST), Les maquillages (VOST), Comparaison film / story-boards, Clip : « My Truth » de Anna Loos, Galerie animée de photos, Bande-annonce.