AN AMOROUS WOMAN OF TANG DYNASTY
唐朝豪放女 – Hong-Kong – 1984
Support : Bluray
Genre : Drame, érotique
Réalisateur : Eddie Fong
Acteurs : Pat Ha, Alex Man, Chang Kuo-Chu, Monica Lam, Feng Ku
Musique : Jim Shum
Durée : 102 minutes
Image : 1.85
Son : Cantonnais DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0, Mandarin DTS HD 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 06 octobre 2022
LE PITCH
Les derniers mois de la vie de Yu Hsuan Chi, prêtresse et poétesse taoïste, engagée dans un combat féministe qui parfois va la dépasser…
Vers de satin
Autre curiosité dans le vaste catalogue de la Shaw Brothers, An Amorous Woman of Tang Dynasty est un film érotique soft en costumes, entremêlé de quelques combats aux sabres. Pas vraiment un film d’exploitation non plus, mais le portrait d’une femme libre et passionnée signée par l’un des représentant de la Nouvelle Vague HK.
Ce représentant c’est Eddie Fong, réalisateur plutôt discret qui n’a signé finalement que quatre films en dix ans (dont Cherry Blossoms avec Chow Yun Fat) avant de se consacrer à la production pour son épouse Clara Law (La Tentation d’un bonze, The Unbearable Lightness of Inspector Fan), mais qui en 1984 s’était fait un nom en tant que scénariste incontournable au sein de ce que l’on appela rapidement la Nouvelle Vague. On le retrouve ainsi crédité sur The Beast de Dennis Yu, L’Enfer des armes de Tsui Hark, Nomad de Patrick Tam et Coolie Killer de Terry Tong. Quelques hauts-faits qui intéressent fortement la Shaw Brothers qui tente alors de draguer cette nouvelle génération d’auteurs et de cinéastes à même de vivifier l’honorable maison. Bien entendu cela doit se faire au sein du cadre des productions Shaw, soit avec un tournage presque uniquement en studio, l’utilisation rigoureuse des décors et des costumes de leur collection, quelques scènes de sabres bien placées et, exigence plus récente, son lot de séquences dénudées. A la clef une production de Catégorie III qui aurait pu s’épancher dans le pur film d’exploitation, grivois et voyeuriste, si Eddie Fong dont c’est la première réalisation, n’avait pas décidé de s’intéresser à la destinée romanesque de la poétesse Yu Hsuan Chi, figure historique de la dynastie Tang. Un symbole à la fois de son fleurissement et de ses limites morales, libertine assumée et féministe avant l’heure.
L’insoumise
An Amorous Woman of Tang Dynasty est ainsi le très beau portrait d’une femme en marge, s’efforçant constamment d’imposer son indépendance dans un monde d’hommes, d’affirmer ses désirs et ses penchants dans un temps où une femme changeant de partenaires et organisant quelques orgies amicales était forcément considérée comme une courtisane (au mieux). Un biopic d’autant plus ambitieux que le métrage s’efforce d’y insuffler autant la poésie mélancolique du personnage, que sa fougue (personnifié par le guerrier et amant incarné par Alex Man) le tout fortement auréolé d’inspiration japonaises allant du théâtre kabuki (l’importance des masques, la musique, les cadres…) aux romans pornos. Les scènes de sexe célébrant la grâce de la sublime Pat Ha (Flaming Brothers, On the Run) s’inscrivent dans un dispositif esthétique réfléchi, conçu comme une suite de tableaux élégants et sensuels venant refléter les combats de Yu Hsuan Chi, sa liberté mais aussi ses errances et faiblesses qui l’entraineront vers un destin plus funeste. Eddie Fong y voyait une grande fresque qui s’étalerait sur près de trois heures (ou plus proches des 2h30 selon certaines sources), mais la Shaw Brothers n’apprécia par franchement qu’une production érotique se transforme en un film plus personnel et surtout limite drastiquement son nombre de séance. Du premier montage (disparu), il ne reste aujourd’hui qu’une durée plus classique de 90 minutes au rythme saccadé, aux épisodes déséquilibrés et aux ellipses souvent curieuses. Pas toujours facile alors de suivre l’esprit complexe de l’héroïne, limite changeante et inconstante ici, mais An Amorous Woman of Tang Dynasty garde une aura indéniable.
Image
Comme quasiment toutes les sorties Shaw Brothers, An Amorous Wowan… repose sur la première restauration effectuée par Celestial à l’ère du DVD. Heureusement celle-ci avait été suffisamment soignée et approfondie pour passer le cap de la HD avec un transfert toujours aussi propre, stable et surtout lumineux et coloré. Les contrastes sont parfaitement dessinés, la définition plus qu’honorable et seuls quelques plans plus doux et un léger bruit vidéo remplaçant malheureusement le grain de pellicule plus naturel, viennent un peu gâcher le spectacle dès que la luminosité baisse.
Son
Les pistes mandarin et cantonais sont disponibles sur le disque. La première langue est uniquement proposée en DTS HD Master Audio 5.1 alors que la seconde affiche en plus la stéréo d’origine. L’essentiel ici c’est que toute les pistes ont été rafraichies et égalisées ne laissant passer que de très rares effets de saturation. Pour les moutures 5.1 quelques petits effets dynamiques tentent bien parfois de s’imposer, mais le film reste tout de même essentiellement calme.
Interactivité
Sortie traditionnelle pour An Amorous Woman… (donc pas de double programme) avec une excellente présentation des plus informative par Arnaud Lanuque et une rencontre avec l’acteur Alex Man par Mr Ambroisine. Le premier revient sur les carrières du réalisateur et des acteurs, replace les faits historiques qui servent de toile de fond et bien entendu sur les changements opérés à la Shaw Brothers et dans le cinéma HK en ce début des années 80. Le second permet de découvrir un personnage très sympathique et loquace, qui se remémore avec plaisir ses premières années dans le studio, le tournage de A Amorous Woman… et bien entendu les scènes dénudées tournées avec le plus grand sérieux.
Liste des bonus
Présentation du film par Arnaud Lanuque, Interview de Alex Man par Fred Ambroisine, Bande-annonce.