AMERICAN NIGHTMARE 5 : SANS LIMITES
The Forever Purge – Etats-Unis – 2021
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Everardo Gout
Acteurs : Ana de la Reguera, Tenoch Huerta, Josh Lucas, Leven Rambin, Cassidy Freeman, Alejandro Edda, Will Patton, …
Musique : The Newton Brothers
Durée : 103 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, Dolby Digital 5.1Français, Italien, Espagnol…
Sous-titres : Français, Anglais, Espagnol …
Éditeur : Universal Pictures France
Date de sortie : 8 décembre 2021
LE PITCH
Un couple de réfugiés mexicains et les riches propriétaires d’un ranch texan font cause commune lorsque la Purge annuelle finit par déborder de son cadre légal pour se transformer en guerre civile …
Dystopie mon amour
Après le home invasion à tout petit budget, le diptyque urbain, la série télé et la préquelle, voici venu un cinquième opus ciné en forme de grand final insurrectionnel. Et la franchise The Purge, créée par James DeMonaco et produite par Jason Blum, de jongler une fois de plus entre un concept puissant, une conscience politique louable et une écriture pachydermique qui vient malheureusement gâcher la fiesta.
Le refrain est à présent bien connu. Une fois par an et pour une durée de 12 heures, tous les citoyens des Etats-Unis sont autorisés à tuer, piller, violer, torturer et à commettre n’importe quel autre crime violent qui pourrait leur passer par la tête, le tout avec la bénédiction du gouvernement emmené par les Nouveaux Pères Fondateurs, les descendants dégénérés du Tea Party et du Trumpisme financés par la NRA (National Rifle Association). Le but de cette « Purge » ? Officiellement, il s’agit de faire baisser la criminalité du pays en créant un exutoire légal pour des citoyens de plus en plus frustrés par les inégalités sociales et/ou raciales. Officieusement, la Purge a mis en place une nouvelle économie basée sur le commerce des armes et autres systèmes de sécurité et les pauvres et les minorités se retrouvent sans défense face à une caste de psychopathes fortunés et privilégiés. Soit une sorte de sélection pas très naturelle arborant fièrement le masque hideux d’un néo-capitalisme réactionnaire.
L’idée de cette société cauchemardesque, nous la devons à James DeMonaco, scénariste pas forcément doué (Jack, Négociateur, le remake d’Assaut, … bof) passé à la mise en scène pour un résultat tout aussi mitigé. Mais il faut bien reconnaître qu’il s’agit d’une idée brillante, visionnaire et suffisamment forte pour devenir le socle de toute une franchise. Au travers du prisme d’une violence désormais institutionnalisée, DeMonaco dresse le bilan pessimiste d’une nation malade de ses dérives politiques et d’un système où l’individualisme est un ogre pour les plus faibles. Le problème (et il est de taille !), c’est que ce cinquième long-métrage souffre, comme ses prédécesseurs, d’une écriture prévisible et maladroite qui finit par plomber ses meilleures intentions.
Texas Adios
Le parallèle entre une Purge hors de contrôle menée par des miliciens complotistes accrocs aux réseaux sociaux et les militants QAnon accrochés aux basques de Donald Trump et de ses sbires au point de prendre d’assaut le Capitole est proprement stupéfiant, surtout lorsque l’on prend conscience du fait que le film a été mis en boîte bien avant les tristes évènements du 2 janvier 2021. Quant à l’ironie d’assister à la prise d’assaut de la frontière du Mexique par des Américains cherchant à fuir cette nouvelle guerre de sécession, elle est bien évidemment savoureuse mais Roland Emmerich (ça fait mal au cul de l’admettre) est déjà passé par là avec Le Jour d’Après, film catastrophe écolo au traitement tout aussi éléphantesque. Parce qu’au lieu de livrer une intrigue linéaire avec toute la fluidité et la pertinence attendue, James DeMonaco confirme sa fâcheuse tendance à cocher les cases avec un zèle de collégien livrant sa première rédac. Les rednecks forcés de reconnaître la valeur de leurs ouvriers immigrés ? Check. Les personnages de femmes fortes post #MeToo ? Check. Les Indiens qui sortent de leur réserve pour lâcher des paroles de sagesse et combattre les vilains blancs avec des arcs et des flèches ? Check, encore et toujours. Ne vous y méprenez pas, la démarche est sincère et plus qu’appréciable. Mais l’absence presque totale de nuances (le personnage de Josh Lucas passe bien trop vite d’une ambiguïté viriliste et texane au camp du « Bien »), les soucis de cohérence (quid du retour au pouvoir des Nouveaux Pères Fondateurs et des origines de cette Purge sans limites ?) et les facilités d’écriture (quand il s’agit d’agiter un slogan pour échapper à un gang de motards ! Euh, ok …) ne facilitent pas la digestion d’un long-métrage trop routinier pour convaincre pleinement.
Il reste pourtant des raisons de se réjouir et de ne pas trouver le temps trop long. Abandonnant le cinémascope et la dominante de la pénombre urbaine des volets précédents, la mise en image d’Everardo Gout, élégante et puisant son inspiration dans les westerns des 50’s mais aussi – ô surprise ! – dans les FPS de nos consoles de jeu next gen apporte un changement bienvenu. La thématique du masque, présente depuis le tout début et raccrochant les wagons avec le cinéma d’horreur, est toujours aussi bien exploitée et le premier acte est plutôt réussi, devant beaucoup à un casting très impliqué où se distinguent la charismatique Ana de la Reguera et le toujours trop rare Will Patton. Succès au box-office oblige, un sixième film se profile déjà à l’horizon quand bien même l’épilogue de celui-ci voudrait mettre un point final au règne de la Purge. Petite suggestion pour l’avenir : laisser l’écriture du scénario à des artisans plus talentueux. Ce n’est pas tout d’avoir de bonnes idées, encore faut-il avoir l’art et la manière d’en faire quelque chose de vraiment mémorable.
Image
Une définition ciselée et un traitement singulier et très convaincant des diverses sources de lumière (lampe torche, incendies, soleil de plomb) sont les points forts d’un master forcément irréprochable, tournage en numérique haute définition oblige.
Son
Malgré un doublage soigné et une dynamique précise et soutenue, le 5.1 « classique » de la version française ne fait pas une seconde le poids face à l’ouverture acoustique et au réalisme immersif du Dolby Atmos de la piste anglaise.
Interactivité
Un peu redondantes de l’une à l’autre et montées sur un rythme bien trop intense pour que l’on puisse profiter des rares bribes d’informations filtrant au travers du sempiternel message promo, la paire de featurettes ici proposée manque clairement d’intérêt. Et le constat est à peu de chose près le même pour l’ouverture alternative (qui n’a jamais été filmée et est donc restée à l’état de storyboards) et une scène coupée développant l’importance et la valeur du personnage de Juan. Un commentaire audio ou un long entretien avec James DeMonaco et/ou Everardo Gout aurait pu faire la différence et pimenter une interactivité trop paresseuse et dénuée de recul.
Liste des bonus
Début alternatif, Séquence Storyboard, Scène coupée, Effondrement du système : dans les coulisses d’American Nightmare 5, Une garde robe épouvantastique, Bande-annonce.