ALLIGATOR 1&2
Alligator, Alligator II : The Mutation – Etats-Unis – 1980, 1991
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Lewis Teague, Jon Hess
Acteurs : Robert Forster, Robin Riker, Michael V. Gazzo, Henry Silva, Sydney Lassick, Joseph Bologna, Dee Wallace, Richard Lynch
Musique : Craig Huxley, Jack K. Tillar
Durée : 185 minutes
Image : 1.85
Son : Anglais et français DTS Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Carlotta
Date de sortie : 07 mars 2023
LE PITCH
L’Incroyable Alligator : Dans les années 1960, une petite fille en vacances en Floride recueille un bébé alligator. De retour à Chicago, son père le jette dans les égouts. 12 ans plus tard, l’alligator a bien grandi notamment en mangeant des cadavres d’animaux ayant servi à des tests scientifiques.
Alligator II : Victime des déchets toxiques déversés dans son marécage, un alligator mutant, devenu géant, s’attaque aux habitants de la petite ville voisine en passant par les égouts.
Les crocs de Chicago
Petit mais très sympathique classique du cinéma d’attaque animal, ou film de monstre écologique, Alligator réalisé par le futur metteur en scène de Cujo, se dote désormais d’une restauration pimpante et d’un superbe steelbook gorgé de bonus, accompagné de sa plus anecdotiques suite Alligator II The Mutation.
Rip off du succès planétaire Les Dents de la mer, Alligator avait tout pour rester un simple film d’exploitation parmi beaucoup d’autres. Une petite production imaginée par Brandon Chase, spécialisé dans les pellicules sexy et l’épouvante très fauchée, qui y misa les restes de sa fortune, mais qui va entièrement être réévalué et amélioré en premier lieu par les interventions de John Sayles (Piranha, Hurlements, A armes égales). Celui-ci va réincarner l’action du film dans l’urbanité de Chicago, muscler le rythme et surtout doter les personnages d’une réelle présence grâce à quelques dialogues à l’ironie bien sentie. S’inspirant de la légende urbaine des bébés crocodiles lâchés dans les égouts de New York et croisé avec les habituels, mais très softs, considération écologistes (ici un labo qui déverse ses saloperies dans les eaux usées de la ville), sa trame s’engouffre sans faiblir dans les poncifs attendus mais les croise avec une légère trame policière honnête mais surtout traité avec humour par un Robert Forster décontracté et bourré d’autodérision. Idem pour l’apparition d’Henry Silva en chasseur professionnel, mimant le cri de séduction des crocodiliens à une charmante journaliste, avant de se faire boulotter par le monstre dès sa première rencontre. Une créature au centre de toutes les attentions, beaucoup plus imposantes que ses congénères et dont les apparitions mélangent l’utilisation de jeunes alligators déambulant dans des environnements miniatures, quelques bouts de gueules et queues géantes et surtout un énorme costume animé par deux cascadeurs (dont Kane Hodder, futur Jason Voorhees) dont les mouvements peu convaincants obligèrent à un temps d’écran limité. Là est tout le talent du jeune Lewis Teague, échappé de l’écurie Roger Corman et futur réalisateur de Cujo, Cat’s Eye ou Le Diamant du Nil qui certes ne va pas livrer une grande démonstration de mise en scène stylisée et novatrice, mais va s’appuyer solidement sur son savoir-faire, sa sobre précision et un montage particulièrement efficace pour jouer d’économie et d’apparitions spectaculaires afin de donner une vraie puissance à sa créature. Une dangerosité constante, plus qu’une crédibilité quelconque, qui peut dès lors jaillir du moindre plan d’eau, exploser un trottoir à coup de gueule, massacrer les invités d’un mariage et même gober tout rond un gamin balancé pour rire dans la piscine par ses copains. Divertissant, un poil méchant et jamais prise de tête, Alligator reste un petit bijou de série B qui dépasse constamment ses très modestes origines.
Copie Lacoste
Lancé dix ans plus tard par un Brandon Chase (qui avait entre-temps mis en boite L’épée sauvage d’Albert Pyun) motivé par la réception du film lors de ses dernières diffusées télévisées, Alligator 2 n’est malheureusement pas tout à fait du même bois. Pensé clairement pour une diffusion télévisée, voir le marché de la vidéo, et encore et toujours financé avec des poches trouées, il n’hésite pas à mélanger allégrement la trame du précédent opus avec le déroulé classique des Dents de la mer (vont-ils ou non fermer l’accès à ce lac !!!), à reprendre quelques stock-shots du film de Teague et à combler les trous avec un crocos encore plus rigide et parcellaire que dans le premier. Avec un scénario franchement oubliable habité par un Joseph Bologna (Le Bus en folie, C’est la faute à Rio) peu convaincant à contre-emploi de ses comédies habituelles et les participations un peu plus solides de Dee Wallace et Richard Lynch, cette Mutation peine à passionner. Il se traine en outre un humour souvent balourd, des scènes de catch mexicain inutiles (mais Chase pensait que ça plaira au public latino…) et surtout une atmosphère bien peu tendue où les apparitions de la star du film, l’alligator donc, se font bien rares, jamais sanglantes ni convaincantes. Lui aussi éduqué à la méthode Corman et déjà aux commandes de précédents La Traque infernale ou Watchers, Jon Hess n’arrive qu’à rendre une copie gentiment appliquée, trop sage et presque grand public, pour reproduire l’effet surprise de son modèle.
Méritant largement d’être aujourd’hui redécouvert dans des conditions techniques luxueuses le premier Alligator fait toujours partie du haut du panier des films de crocodiles (tout un sous-genre en soi). Et l’on peut y voir avec indulgence la présence de sa suite comme un complément de programme, un bonus, qui rappellera quelques pelletées de DTV mal fichus aux plus nostalgiques.
Image
Même sources que les deux éditions éditées aux USA par Shout Factory (mais nous on a un steelbook !), les nouveaux masters HD d’Alligator 1 et 2 sont particulièrement performants. Peu d’informations sur l’opération utilisée mais un retour à la source et des scans 4k (pour le premier) et 2K (pour le second) sont évident tant la définition apporte une grande masse de détails inédits, une profondeur toujours soignée et des matières particulièrement pointues. Les cadres ont été nettoyés avec beaucoup de soin, sans jamais dénaturer l’image, et les couleurs retrouvent une sacrée vivacité et des contours noirs particulièrement profonds. Absolument rien à reprocher ici, avec forcément une nette préférence pour le rendu du premier film, beaucoup plus riche et organique, proposé soit en Bluray soit en UHD dans des éditions distinctes. Pour le second format, le film gagne encore en fluidité, en détails et en finesse avec une définition plus poussée et un traitement Dolby Vision qui étend encore le spectre colorimétrique.
Son
DTS HD Master Audio 1.0 pour le premier, DTS HD Master Audio 2.0 pour le second, les versions originales se montrent là aussi joliment rafraichis avec des rendus propres et clairs, parfois même pas dénué de quelques petites dynamiques réussies et naturelles. C’est un peu plus problématique pour les versions doublées françaises, plutôt sympa et dans le ton pour Alligator, mais tristement plaquée et écrasée pour Alligator II, avec d’ailleurs un petit bug sonore à la 40ème minute.
Interactivité
Encore une belle édition pour le gros bis par Carlotta qui propose en Steelbook soit les deux films en blurays, soit avec le premier en UHD. Cette édition particulièrement se dote d’un supplément exclusif qui est le montage télévisé du film de Lewis Teague censuré de ses séquences les plus sanglantes mais complété par quelques scènes de dialogues coupées au préalable. Ces séquences inédites sont cependant proposées en bonus séparés sur les deux éditions.
Pour le reste le programme est partagé et abondant avec pour le premier disque l’interview de Teague, le scénariste John Sayles, le responsable des effets spéciaux Robert Short et même Bryan Cranston. Oui, l’acteur de Breaking Bad, qui œuvrait alors comme assistant de production et qui reste très fier d’avoir confectionné avec amour la viande et le sang qui gicle lors de l’explosion finale ! Une anecdote parmi d’autres au milieu de ces entretiens qui reviennent sur les différentes directions du script, les soucis rencontrés avec le fameux alligator, le tournage dans les égouts de la ville et la solidité du casting.
Amusant, ce sont exactement les mêmes problématiques ou presque qui sont au centre des rencontres entourant Alligator II avec Jon Hess, son frère et réalisateur de seconde équipe Eugene, le monteur et le spécialiste des SFX John Eggett, tout comme les idées parfois embarrassantes du producteur Brandon Chase. Copieux.
Liste des bonus
L’Incroyable Alligator : « Une bête sauvage dans la ville » : entretien avec Lewis Teague (HD, 25’), « L’Auteur de ‘L’Incroyable Alligator » : entretien avec le scénariste John Sayles (17’), « Les Boyaux de l’alligator, le grand fleuve et Bob » : entretien avec Bryan Cranston (HD, 22’), « La Chance de l’alligator » : entretien avec Robert Short, responsable effets spéciaux de maquillage (HD, 12’), « L’Incroyable Alligator » : version TV américaine avec scènes additionnelles ou censurées en exclusivité sur ce 4K Ultra HD (HD, 98’), Scènes additionnelles : les scènes additionnelles ou censurées de la version TV isolées (HD, 10’), 2 bandes-annonces.
Alligator II La Mutation : « Le Lagon du lac d’Echo Park » : entretien avec Jon Hess (HD, 16’), « Frères de sang » : entretien avec Eugene Hess, réalisateur seconde équipe (HD, 6’), « Un montage qui a du mordant » : entretien avec Marshall Harvey, monteur (HD, 5’), « En eaux troubles » : entretien avec John Eggett, coordinateur effets spéciaux (HD, 7’), Bande-annonce.