ALLAN QUATERMAIN ET LES MINES DU ROI SALOMON
King Solom’s Mine – Etats-Unis – 1985
Support : Bluray et DVD
Genre : Aventure
Réalisateur : J. Lee Thompson
Acteurs : Richard Chamberlain, Sharon Stone, Herbert Lom, John Rhys-Davies, Ken Gampu
Musique : Jerry Goldsmith
Durée : 100 minutes
Image : 1.78
Son : Anglais et Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Distributeur : ESC
Date de sortie : 7 décembre 2022
LE PITCH
Dans le but de retrouver son père, célèbre professeur d’archéologie disparu depuis des mois, la belle Jesse Huston fait appel à Allan Quatermain, un intrépide aventurier.
Les Aventuriers de l’inspiration perdue
Un an après la perfection Indiana Jones et le Temple maudit, deux petits rigolos (Golan et Globus) s’imaginait titiller le Spielberg sur son propre terrain en lançant leur propre grand spectacle d’aventure pulp : Allan Quatermain et les mines du roi Salomon. Et le trésor, manifestement, ils le cherchent encore…
En ce mitan des années 80, la mythique Cannon prend enfin son envol et commence à sérieusement remplir les salles d’exploitation et à faire joyeusement son beurre sur le dos de la série B musclée. Pourquoi alors ne pas s’en prendre à Spielberg & Lucas et proposer ni plus ni moins qu’un ripoff de leur plus belle création : Indiana Jones. On pensait que l’aventure n’avait qu’un nom, Golan et Globus entendent bien faire de la place pour un certain Allan Quaterman. Pour le coup une vraie légende du genre, héros de roman crée en 1885 par Henry Rider Haggards et dont justement les premières itérations sur grands écrans dans les années 30 et 50 furent l’une des nombreuses inspirations pour l’homme au fouet. Un simple retour des choses pourquoi pas, mais les deux producteurs ne s’arrêtent pas là et décident de pousser la ressemblance plus loin encore en recopiant allègrement quelques séquences (la poursuite dans le marché alors que la donzelle est prisonnière d’un tapis…), quelques méchants (oh tiens des Allemands qui ne se déplacent jamais sans un air de Wagner) et même l’acteur John Rhys-Davies ancien sympathique Sallah devenant ici un méchant turc increvable. De quoi s’engouffrer constamment dans la parodie pure et simple du modèle. Il n’est peut-être pas si surprenant alors de retrouver à l’écriture un certain Gene Quintano, auteur à venir de quelques trésors de légèreté comme Police Academy 3 et 4, Operation Dumbo Drop ou Alarme fatale.
Trépidations africaines
Très loin du noble anglais des bouquins ou de la figure d’autorité incarné par Sean Connery dans La Ligue des gentlemen extraordinaires, le Allan Quatermain de Richard Chamberlain est donc un gros rigolo adepte de la dynamite balançant des jeux de mots pourris devant le danger (« Mieux vaut pétard que jamais »), foirant constamment ses plans et s’acoquinant avec une insupportable blonde bêtement admirative qui passe son temps à se fourrer dans le pétrin. Pauvre Sharon Stone, alors cantonnée aux seconds rôles crétins et débarquée sur le tournage presque par erreur puisque Menahem Golan voulait la Stone Lady, soit Kathleen Turner, héroïne de À la Poursuite du Diamant Vert (aka Romancing the Stone en anglais) et non pas cette quasi inconnue. Bonne ambiance sur le tournage… Pas très à l’aise au millieux de cette grosse artillerie volontairement caricaturale revenant aux tribus cannibales et arriérées d’un autre temps, et montrant constamment ses limites créatives et budgétaires dans une succession de fonds verts et des collages vites plaqués, d’effets spéciaux assez craignos (l’araignée géante et le pseudo dragon valent leur pesant de cacahuètes) et de décors cartons pâtes tristement étriqués. Toujours difficile de savoir si l’on rit avec ou du film dans ce joyeux nanar qui n’a certainement pas l’intention de se prendre la tête. La preuve, là où Les Aventuriers de l’Arche perdue prenait sérieusement son temps pour installer ses enjeux , son univers et son esthétique, Allan Quatermain et les mines du Roi Salomon dégage ce qui aurait du être son introduction d’une quinzaine de minutes pour embrayer immédiatement dans une action qui ne cessera jamais, enchaînant castagnes, poursuites en train, avion ou marmite géante, massacres gratuits de peuplades locales et énigmes pourraves résolues par inadvertance. Le tout est mollement mis en scène par l’ancien solide artisan J. Lee Thompson (Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif, La Conquête de la planète des singes) devenu dès lors l’homme à tout faire de la Cannon et Charles Bronson.
Finalement le seul qui prend tout cela au sérieux et s’applique avec ferveur, c’est le formidable Jerry Goldsmith qui livre une bande originale pleine d’entrain, de fougue, de vrais sentiments d’aventure venant pour le coup titiller les encolures de John Williams et de son Indiana Jones.
Image
Apparue en 2017 aux USA chez Olive Film ce master HD a été retravaillé uniquement par des moyens purement numériques. Nettoyage relativement solide des plans (quelques fioritures perdurent), stabilisation des cadres, approfondissement de cadres larges, rehausse des teintes… rien de miraculeux mais en tout cas des procédés qui redorent nettement le film forcément toujours amoindri par une lumière trop doucereuse (on aperçoit les filtres pour limiter la réverbération de la lumière) et des collages à l’ancienne pas toujours heureux. On reste ici agréablement étonné de voir réapparaître un petit grain de pellicule et une définition appréciable à défaut d’être vraiment impressionnante
Son
Préservées en stéréo, les deux pistes DTS HD Master Audio 2.0 assure une bonne clarté et même quelques effets légèrement dynamiques sur les avants. Claires, nettes et surtout sachant sobrement s’effacer pour laisser éclater le talent de Jerry Goldsmith. Du coté des doubleurs français c’est une autre paire de manche. Les acteurs en rajoutent des caisses, multiplie les boutades supplémentaires, mais avec des voix qui peuvent s’avérer excessivement crispantes et exaspérantes.
Interactivité
Allan Quatermain et les mines du Roi Salomon est proposé dans deux éditions. Une simple Bluray + DVD glissée dans un boitier amaray avec fourreau. Une collector en boitier VHS pour nostalgique contenant quelques goodies comme un livret inédit et des reproductions de photos d’exploitation et de l’affiche. Dans les deux cas, l’unique supplément vidéo est le même. Soit une intervention de Frédéric Albert Levy, ancien de Starfix et spécialise de la licence James Bond, qui reprend cet étrange objet par le menu. Retour aux sources littéraires et à quelques réalités historiques et bibliques, les inspirations d’Indiana Jones, la carrière de J. Lee Thompson et le ton très particulier du film entre parodie et hommage, et son succès surprise en 1985.
Liste des bonus
Entretien avec Frédéric Albert Levy (23’).