ALIENS
Etats-Unis – 1986
Support : 4K Ultra HD & Bluray
Genre : Science-Fiction
Réalisateur : James Cameron
Acteurs : Sigourney Weaver, Michael Biehn, Carrie Henn, Bill Paxton, Lance Henriksen, Paul Reiser, …
Musique : James Horner
Durée : 137 minutes (Version Cinéma) / 154 minutes (Édition Spéciale)
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais Dolby Atmos et DTS HD Master Audio 2.0, Français et Allemand DTS High Resolution 5.1, Espagnol et italien Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français, allemand, italien…
Editeur : 20th Century Studios
Date de sortie : 24 avril 2024
LE PITCH
Seule survivante du carnage du Nostromo, Ellen Ripley est secourue après avoir dérivé en hibernation dans l’espace pendant 57 ans. Traumatisée, elle tente d’avertir la compagnie qui l’employait du danger mortel des xénomorphes de LV-426 mais personne ne la croit. Lorsque le contact est rompu avec la colonie établie sur la planète en question, Ripley accepte à contre cœur de se joindre à un peloton de Marines pour une mission de sauvetage…
Voyage au bout de l’enfer
Prenant le contre-pied du huis clos horrifique et atmosphérique de Ridley Scott, James Cameron multiplie les monstres comme des petits pains et livre avec Aliens, le retour, une symphonie guerrière éprouvante et spectaculaire comme le cinéma de science-fiction n’en avait jamais connu auparavant. Allégorie sur la guerre du Vietnam, portrait d’une femme brisée qui se réinvente en valkyrie surarmée et démonstration de force d’un cinéaste aux ambitions grandissantes, le représentant ultime de la séquelle bigger, better & louder.
Malgré un succès fracassant au box-office de l’année 1979, Alien peine à générer une suite. La faute à un changement de présidence à la 20th Century Fox et à un long procès qui oppose le studio à Brandywine Productions, la société fondée par Walter Hill, David Giler et Gordon Carroll. Et bien que ces différends soient finalement réglés en 1983, il faut encore trouver un successeur à Ridley Scott et à Dan O’Bannon. Le choix de Brandywine se porte sur un débutant du nom de James Cameron. Terminator n’est pas encore sorti en salles mais son scénario impressionne les pontes de la Fox. Il en va de même pour le script de Rambo II que le scénariste et réalisateur vient de livrer à Carolco. Le triomphe de Terminator en octobre 1984 rassure encore davantage Fox et Brandywine et Cameron remporte le contrat en compagnie de son épouse et productrice d’alors, Gale Ann Hurd.
Si le tournage commando de Terminator s’était déjà révélé complexe et épuisant, l’équipe des studios Pinewood en Angleterre n’était clairement pas préparée au niveau d’exigence que le cinéaste canadien impose dès son arrivée. Le premier directeur de la photographie, Dick Bush, collaborateur fréquent de Ken Russell, est viré sans autre forme de procès et remplacé par Adrian Biddle, l’acteur James Remar est remplacé par Michael Biehn dans le rôle de Hicks après quelques jours de tournage pour une affaire de drogues et Cameron et Hurd doivent affronter au quotidien la défiance des techniciens britanniques jusqu’à une grève surprise. Mené à bon port, sans le moindre retard et sans dépassement de budget, le tournage d’Aliens laisse son casting et son équipe au bord de l’épuisement, et l’étiquette de cinéaste « difficile » (on préférera le terme de perfectionniste) va désormais coller à la peau de James Cameron de façon définitive. Lequel ne s’en est jamais excusé, et avec raison, le résultat de ces efforts offrant une justification amplement suffisante.
« Game over, man ! »
Carton au box-office et auprès de la critique (certains y voient un film supérieur à Alien mais le débat est stérile, tant les deux films sont différends), film culte à la longévité stupéfiante et source d’inspiration inépuisable pour près de 99% des blockbusters hollywoodiens qui mélangent action et science-fiction, Aliens n’a pas volé sa réputation de classique majeur du cinéma des années 80. Narrateur hors-pair, James Cameron fait monter la sauce avec une efficacité redoutable avant d’ouvrir le feu avec une gourmandise non feinte lorsque les créatures débarquent, décimant les deux tiers d’une escouade de soldats bad ass et forts en gueules. Les deux tiers restants du métrage mélangent action, horreur et émotion avec un sens aiguisé du rythme, du spectacle et de la réplique qui tue (essayez donc de faire mieux que le « Get away from her, you bitch ! » que Ripley lance avec fureur à la reine Alien avant de croiser le fer avec le monstre dans un mano a mano incroyable).
Aliens en met plein les yeux et n’a pas pris une ride, demeurant, presque 40 ans plus tard, un modèle d’écriture, de direction artistique, de mise en scène, de découpage, de montage et de direction d’acteurs. Il ne faut que peu de temps au cinéaste pour rendre immédiatement attachants et mémorables la sévèrement burnée Vasquez (Jenette Goldstein), le gueulard Hudson (Bill Paxton) ou le plus stoïque Hicks (Michael Biehn). Quant à Paul Reiser, il incarne encore aujourd’hui avec Carter Burke le visage même du traître en costard cravate, prêt à sacrifier le monde entier pour un juteux profit (cherchez la ressemblance avec Macron, vous nous remercierez plus tard).
Mais le cœur du film est à chercher du côté de son héroïne (et de la petite fille qui l’accompagne, surprenante Carrie Henn). Final girl apeurée mais pleines de ressources perdant ses illusions envers ses employeurs dans le premier film, Ellen Ripley subit le programme Sarah Connor de la femme ordinaire devenant amazone, domine ses peurs, se reconnecte avec son instinct maternel et vide des brouettes de chargeurs sur une armée de monstres baveux. La métamorphose imposée au personnage est à la fois troublante, émouvante et divertissante et consacre Sigourney Weaver en icône absolue de la SF et pour une nomination aux Oscars tout à fait méritée.
« Ma maman m’a toujours dit que les monstres n’existent pas, les vrais monstres. Mais y en a. » T’inquiètes, fillette, Ripley veille au grain !
Image
Attendu au tournant comme True Lies et Abyss, le master 4K d’Aliens se révèle très proche de ce dernier. De la même façon, le film n’a pas bénéficié d’une restauration à la source et la remasterisation repose sur un travail massif effectué sur la source numérique datant de la première sortie Bluray, mais lourdement impactée par l’utilisation très visible de logiciels de nettoyage et d’une IA afin d’upgrader l’ensemble. Un résultat validé par le réalisateur mais qui pourtant transforme considérablement l’expérience du film en lui retirant presque tout son grain cinéma, gommant sa photographie légèrement laiteuse, avec un rendu général effectivement extrêmement contemporain (on a l’impression que le film a été tourné la semaine dernière) mais qui forcément ne va pas plaire à tout le monde… Tout comme la colorimétrie aux bleus et verts métallisés accentués qui remplacent souvent les teintes plus sombres d’autrefois. En outre le lissage cosmétique est plus visible ici que sur Abyss avec parfois des visages qui peuvent sembler légèrement trop brillants et des chevelures en mode spaghetti. C’est vrai qu’à côté du sublime et vibrant UHD du premier Alien, il y a un monde. Attention cependant l’ensemble est loin d’être totalement honteux, et dans son optique moderniste à clairement été soigné avec une définition extrêmement puissante et une profondeur inédite sur le film jusque-là. Maintenant les débats entre cinéphiles risquent de faire rage pendant longtemps…
Son
Là pour le coup, le Dolby Atmos devrait largement ravir tout le monde avec une nouvelle prestation impeccablement orchestrée venant donner encore plus d’amplitude aux décors et à l’atmosphère des différents décors, tout en jouant plus subtilement encore sur la dynamique de tension, les déplacements d’aliens, les menaces verticales, sans jamais dénaturer le mixage d’origine. Une grande réussite, profonde et enveloppante. L’édition propose aussi la stéréo initiale dans un DTS HD Master Audio 2.0 ferme et percutant.
Pour la version française, pas trop se surprise avec le DTS 5.1 identique à celui du bluray que l’on connaissait, soit très efficace mais moins généreux aux encornures.
Interactivité
L’édition est proposée comme les deux autres James Cameron sortis à la même date sous un fourreau cartonné contenant un boitier scanavo triple. Un disque UHD comportant les deux montages du film, un équivalent Bluray (avec la nouvelle copie) et un second Bluray cette fois-ci réservé aux bonus. Impossible de faire la fine bouche devant le programme colossal qui a été regroupé ici puisque on retrouve l’intégralité des suppléments présentés sur l’ancien Laserdisc (défilé de textes et de photos regroupés par thématiques), mais aussi les makings of et multiples featurettes disposées sur le premier bluray puis sur l’édition 30eme anniversaire. L’interview de James Cameron n’est donc pas de l’année mais bien de 2016, mais aborde toute de même toute la construction de l’univers d’Aliens, des premiers croquis du cinéaste à leur mise en images, des designs des créatures toujours respectueuses du travail de Giger jusqu’aux vaisseaux de Sid Mead et la base des colons. Les personnages, l’atmosphère, l’impact du film de Ridley Scott et l’arrivée de Cameron sur la suite sont raconté avec toujours autant de franchise et d’humour.
Tout y est déjà dit ou presque et pourtant le toujours très impressionnant making of fragmenté « Puissance de feu supérieure », de plus de trois heures et accompagné de ses propres bonus (presque une heure en rab) plonge comme jamais dans les coulisses du film et aborde à grand renforts d’interviews, d’images de tournages, de recherches techniques et de documents rarissimes la fabrication de l’épopée épique de A à Z. Et bien entendu pour ceux qui n’en ont jamais assez, il reste les deux commentaires audio palpitants avec James Cameron d’un coté et la productrice et le casting de l’autre, et les mélomanes se jetteront sur les pistes isolées des BO signées James Horner.
Enfin indispensable, mais il est bon de le rappeler, l’édition propose sur l’UHD et sur le Bluray les deux montages du film… Attention d’ailleurs, sans prévenir les disques lancent sans le demander la version cinéma. L’édition Special est accessible, un peu cachée, dans les menus.
Liste des bonus
Introduction de James Cameron pour la Special Edition (0’34”, VOST), Commentaire audio de James Cameron, Gale Anne Hurd, Stan Winston, Robert Skotak, Dennis Skotak, Pat McClung, Michael Biehn, Lance Henriksen, Jenette Goldstein et Bill Paxton (2003, VOST), Piste isolée de la musique du film définitive composée par James Horner pour la version cinéma et pour la version cinéma, Accès direct aux 16 scènes inédites et additionnelles de la Special Edition (19’57”, VOST), « The Inspiration and Design of Aliens » : entretien avec James Cameron (2016), « Puissance de feu supérieure : création d’Aliens le retour » : 11 modules making of (185’), Contenus additionnels pour « Puissance de feu supérieure : création d’Aliens le retour » : 25 modules making of (58’), Pre-Visualizations: Multi-Angle Videomatics : 2 angles et commentaire audio de Pat McClung, superviseur miniatures (3’), Scène coupée : « Burke Cocooned » (1’), Montage de scènes coupées absentes des deux versions du film (4’), Traitement original par James Cameron (pages texte anglais), Archives de storyboards, L’Art d‘« Aliens, le retour » (graphismes de Ron cobb, Syd Mead et James Cameron), Portraits de l’équipe et du casting, Images de production, Polaroïds de continuité, Armes et véhicules, Atelier de Stan Winston, Caméras casques Marines coloniaux (5’), Graphismes vidéo (4’), Enquête Weyland-Yutani : dossiers du Nostromo (3’), Galeries d’images (effets visuels, enregistrement de la musique, première, séance spéciale), Archives Laserdisc (bonus de l’édition Laserdisc 1991, 31 chapitres, textes anglais, photos et vidéos), Exploration du générique (3’), Bandes-annonces.