ALIEN : ROMULUS
Etats-Unis – 2024
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Horreur, Science-Fiction
Réalisateur : Fede Alvarez
Acteurs : Cailee Spaeny, Isabela Merced, Archie Renaux, David Jonsson, Aileen Wu, Spike Fea…
Musique : Benjamin Wallfish
Image : 2.3916/9
Son : Dolby Atmos Anglais, Dolby Audio + 7.1 Français, Allemand, Italien…
Sous-titres : Français, Anglais, Allemand, Italien…
Durée : 119 minutes
Editeur : 20th Century Studios
Date de sortie : 18 décembre 2024
LE PITCH
Alors qu’il entreprend des fouilles dans une station spatiale abandonnée, un groupe de jeunes voyageurs se retrouve confronté à la forme de vie la plus terrifiante de l’univers…
New Breed
Changement de voie pour la série Alien au cinéma avec Romulus ouvertement imaginé comme un retour aux sources à une expérience plus franche et directe. Un film d’horreur dans l’espace, à nouveau, profitant de la maitrise léchée de Fede Alvarez (le remake Evil Dead, Don’t Breath, Millenium : Ce qui ne me tue pas) dont finalement le principal défaut est d’être, simplement, un excellent technicien.
La saga Alien peut-elle vraiment exister loin de la tétralogie initiale de Ripley ? Pas si évident puisque même Ridley Scott s’y est largement cassé les dents en confondant signature stylistique avec délire auteurisant, pseudo métaphysique et lourdement misanthropique. Une trahison de l’univers initial au passage avec une origin story balourde et brouillonne. De toute façon, le 5ème Alien, que l’on imaginait enfin ramener l’héroïne incarnée par Sigourney Weaver sur terre en compagnie d’une horde de bestioles, restera éternellement un fantasme, un manque. Il faut alors faire son deuil et accepter qu’Alien étant devenu une licence des plus lucrative, les studios, et en particulier Disney, voudront forcément lui donner suite. En attendant (ou pas) donc une série tv intitulée Alien : Earth l’univers cinématographique du xénomorphe revient en arrière et s’installe quelque part entre les évènements du premier film de Scott et la suite martiale orchestrée par James Cameron. Forcément, en habitué de l’exercice, Fede Alvarez, qui est aussi à l’origine du projet, ne peut pas s’empêcher de multiplier les petites références, allusions, ou de jouer la carte des hommages bien visibles, reprenant quelques plans iconiques, des idées de designs, une catch phrase par là ou un androïde au visage de Ian Holms par ci, tout autant que s’efforcer de connecter son métrage à une chronologie devenue des plus alambiquée depuis Prometheus.
(re)naissance
L’exercice aurait pu s’avérer vain et laborieux si le réalisateur ne dépassait pas son statut de fanboy en embarquant littéralement l’univers Alien dans ses propres contrées. Un monde esthétique plus sombre, plus déliquescent, plus organique et démonstratif que ses ainés, où les couloirs hantés autrefois, marqués par une plutôt lumière froide, ne laissaient place à des filtres uniformes rouges ou jaunâtres et où les structures sont envahies de ténèbres, de fluides gluants et de visions grotesquement gynécologiques (œuf en formes de vulves, pénétrations sanglantes dans tous les sens, accouchement monstrueux…). Alvarez revient à cette sensation d’un lieu clos, ici une base expérimentale, construite comme un ventre organique où se joue moins une traque façon maison hantée, qu’une confrontation brutale et généreusement sanglante façon slasher. Très inspiré par la construction de l’excellent jeu spin-off Alien : Isolation, Romulus multiplie alors les tableaux mortels dans lesquels le petit groupe de jeunes héros doivent échapper à une armée de fagehuggers excités en avançant sans faire de bruit ou traverser une zone en apesanteur, détruisant une horde d’aliens (magnifiques) tout en échappant à leur sang-acide dans un curieux ballet.
Léché, efficace et divertissant, Romulus modernise (au grand damne de certains) l’univers d’Alien pour lui donner un nouveau long métrage à la forme finalement inédite, plus tourné justement vers les habitudes, la grammaire et les attentes du public actuel. La jeunesse est d’ailleurs au centre du métrage, présentée comme les premières victimes d’un futur entre-dévorant, entièrement sous le joug de la fameuse corporation Weyland-Yutani. Les premières séquences du film, illustrant la véritable vie, sordide et désespérante, sur une colonie humaine façonnée par un esclavage nouveau, font de manière amusante autant le lien avec l’univers de Blade Runner (piste souvent évoquée par Ridley Scott), qu’éclore un duo touchant et accrocheur composé par l’orpheline Rain (Cailee Spaeny déjà très bien dans Priscilla et Civil War) et surtout Andyy (David Jonsson), nouveau modèle d’Android décidément aussi fragile qu’humain.
Si le film n’a pas forcément cette patte presque « auteur » que pouvait avoir les quatre premiers opus aux approches profondément tranchées, il réussit cependant à apporter sa pierre au vaste édifice en leur proposant un point de liaison, mélangeant racines horrifiques, efficacité, séquences claustrophobiques et délires baroques dans un même ride.
Image
Produit avec des cameras Arri Alexa 35 et achevé au format 4K, Alien Romulus est une nouvelle démonstration de force pour 20th Century Studios qui impose un master Ultra HD extrêmement performant, constamment précis et creusé, fourmillant de détails et de finesses, tout en jouant sur des séquences saturées et des environnements particulièrement sombres. Profitant de toute la batterie de technologie les plus pointues (4K Native, HDR et Dolby Vision), le disque 4K restitue avec ferveur les visions spatiales autant que les couloirs étriqués, souligne l’importance de la direction artistique et la richesse de créatures et effets spéciaux le plus souvent possibles réalisés en physique et non en synthèse. Tout est à sa place et généreusement éclairé.
Son
Si l’éditeur excelle du coté de l’image, il se montre toujours aussi juste pour les amateurs de version doublées puisqu’il ne propose de mixage Dolby Atmos que pour la version originale. Le Dolby Audio + 7.1 n’en est certes pas si loin et assure un spectacle des plus efficaces, mais le Dolby Atmos impressionne toujours plus dans sa faculté à délivrer des expériences totalement immersives, à jouer constamment sur une multitude de détails sonores, d’effets dynamiques et nerveux, mais naturels, pour rendre ici aussi bien la tension et l’omniprésence des aliens, que l’enveloppement dans une base au cœur d’un espace assourdissant.
Interactivité
Pas de suppléments sur le disque UHD, il faut donc se diriger vers la galette Bluray glissée dans le boitier. Celle-ci propose quelques bonus relativement classiques mais très bien produits avec un making of ultra pro évoquant bien entendu le fameux « héritage », le point de départ du film, son tournage, l’effort porté sur les effets spéciaux en dur (animatronics et autres marionnettes), les personnages et les talents incommensurables de Fede Alavarez, complété par un sujet concentré sur le tournage de la séquence en apesanteur. Un bon mélange d’interviews et d’extraits des coulisses mais sans une une image ou un propos qui ne déborde du cadre. Même la petite interview croisée du réalisateur avec son producteur Ridley Scott semble un poil trop sage, tous deux se congratulant comme deux potes et parlant, un peu, des particularités de l’univers d’Alien et des formes changeantes de la licence.
Un peu plus étonnantes, les quelques scènes rallongées comportent deux-trois détails plus grotesques et crados qui ont été mis de côté. Too much sans doute mais amusant.
Liste des bonus
Scènes alternatives/rallongées (11’), « Retour à l’horreur » : Making of (25’), « En apesanteur avec le xénomorphe » (11’), Conversation autour d’Alien (9’).