ALBERTO EXPRESS
France, Canada – 1990
Support : Bluray
Genre : Comédie
Réalisateur : Arthur Joffé
Acteurs : Sergio Castellitto, Nino Manfredi, Marie Trintignant, Marco Messeri, Michel Aumont, Jeanne Moreau…
Musique : Angelique et Jean-Claude Nachon
Durée : 92 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 02 avril 2024
LE PITCH
Alors que son épouse est sur le point d’accoucher, Alberto, jeune italien installé en France, se rappelle brusquement au milieu de la nuit la dette qu’il a contractée auprès de son père. Ce dernier lui a présenté le jour de son départ l’addition de tout ce qu’il a dépensé pour lui depuis le jour de sa naissance. La tradition familiale veut en effet que le fils rembourse le père la veille de la naissance de son premier enfant, sous la peine de courir un terrible danger… Alberto fonce à la gare de Lyon. Commence alors un long périple…
Train de vie
Un metteur en scène ne peut pas tout. Il a beau être maître de son scénario, de son film, il ne l’est pas forcément sur les droits de celui-ci. C’est le parcours de combattant qu’a vécu Arthur Joffé pour voir son film le plus intime Alberto Express sortir ce jour en bluray après sa présentation à la section Cannes Classics. Rien de cela n’aurait vu le jour sans la complicité du CNC mais surtout sans son amitié avec le dirigeant de Carlotta, éditeur dont la boulimie cinéphilique n’est plus à faire.
Le grand malheur du jeune cinéaste à l’époque est d’avoir eu beaucoup trop d’argent pour réaliser son premier film. C’est bête mais c’est comme ça. Son scénario de Harem vite vendu suite à la palme d’or de son court-métrage Merlin ou le court de l’or (visible dans les bonus) a fait de l’œil à la jolie Nastassja Kinski et à Ben Kingsley, au charme moins premier degré, faisant gonfler drastiquement son budget. Chose qui fait des jaloux au sein de la vieille branche du cinéma français aux dires de son metteur en scène. Pas de bol, le succès étant absent, il devra patienter cinq ans avant de pouvoir concrétiser son prochain rêve, une farce à l’italienne, entre rêve et réalité à la manière de Federico Fellini. Tourné avec des acteurs français et transalpins parlant chacun dans leur langue maternel, Alberto Express respire aussi bien la référence que la vie en générale.
Papaouté
Arthur Joffé traverse la période mouvementée de la paternité. La crainte d’avoir un premier enfant qui n’était pas programmé et la joie de le serrer pour la première fois dans ses bras. Deux sentiments aussi distants que proches. De quoi alimenter facilement un scénario. C’est dans cette passe anxiogène de la vie où la peur de l’inconnu se confronte à la réalité à la manière floue d’un rêve que l’écriture du projet prend forme. Une base onirique sur laquelle s’appuie Joffé pour relater cette histoire abracadabrante sur un fils qui doit rembourser tout ce que à son père a dû débourser depuis sa naissance jusqu’au moment où il va devenir père à son tour. Une coutume familiale soi-disant. Car oui, un enfant coûte très cher mais beaucoup moins que le plaisir de l’accueillir dans son foyer (si ça peut rassurer de futurs parents). Mais un principe rigolo ne fait pas une histoire transcendante. La faute à une structure qui lorgne plus du côté de film à sketch qu’à une narration digne de ce nom. Dans son périple en train reliant Paris à Rome, Sergio Castellitto rencontre une troupe d’énergumènes au gré des wagons qu’il arpente composant chacun une scène. Marie Trintignant, Jeanne Moreau, Michel Aumont font partie de cette faune hétéroclite visiblement heureux de participer à l’aventure. La mise en scène essaie de se montrer frénétique sans jamais vraiment donner le tournis. Pourtant elle sait se faire inventive, mais tenir le rythme d’un TGV n’est pas facile ; même si les efforts sont louables. Alberto Express reste malgré tout un film sur la vie, sur la transmission générationnelle, sur l’angoisse de grandir, sur l’ampleur de l’amour à naître.
Le film malgré un succès d’estime et des critiques assez positives, ne boostera pas la carrière de son réalisateur pour autant. Son parcours ressemblera plus à un RER avec beaucoup de pannes et d’arrêts. Cinq films en quarante ans, c’est comme autant d’enfants qu’il peut prendre le temps de chouchouter.
Image
Tiré de sa source en 35mm, le master se voit restauré aux normes du 4K. L’éditeur fignole sa copie dans le plus grand respect de l’argentique. Les couleurs retrouvent leur dynamisme et les lumières accentuent les détails avec une excellente gestion du détail dans la balance des noirs.
Son
Le mixage reste en Mono Français/Italien ce qui n’empêche pas le son de faire dans le détail avec le DTS HD. Les dialogues sont bien équilibrés tout comme ses ambiances (notamment à bord du train) et la bande originale trouve elle aussi un nouveau souffle salutaire.
Interactivité
Mis à part deux courtes scènes coupées, l’édition nous permet de découvrir les deux premiers courts-métrages d’Arthur Joffé ; à savoir La découverte tourné en 1980 et Merlin ou le cours de l’or qui a obtenu la palme d’Or du meilleur court-métrage au festival de Cannes en 1982. Ceux-ci permettent d’approfondir le côté décalé de l’auteur et sa fidélité avec le débutant Dominique Pinon présent tout au long de sa carrière.
Liste des bonus
Courts-métrages La découverte (17’), Merlin ou le cours de l’or (18’), scènes coupées (2’), bande annonce (1’).