ALAMO
The Alamo – Etats-Unis – 1960
Support : Bluray & DVD
Genre : Western
Réalisateur : John Wayne
Acteurs : John Wayne, Richard Widmark, Laurence Harvey, Frankie Avalon, Patrick Wayne, Linda Cristal, Joan O’Brien…
Musique : Dimitri Tiomkin
Durée : 155 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0 mono, français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : ESC éditions
Date de sortie : 16 juin 2021
LE PITCH
En 1836, après la rébellion de la province mexicaine du Texas, 185 civils américains, dont Davy Crockett et Jim Bowie se réfugient dans le monastère d’Alamo transformé en fort et résistent jusqu’à la mort aux 7 000 soldats mexicains dirigés par le général Santa Anna…
Le dernier combat
Projet de, presque, une vie, Alamo était pour John Wayne, passant pour la première fois à la réalisation, l’occasion de se confirmer en tant qu’auteur et de projeter impérialement sa vision de l’Amérique sur grand écran : forte, généreuse et héroïque. Un mythe au service d’un autre.
Plus de 150 films en tant qu’acteurs, une personnification iconique du grand héros américain classique, et pourtant John Wayne ne sera passé (officiellement) que deux fois derrière la caméra. En 1968 pour le propagandiste Les Bérets verts, efficace mais pas toujours excusable, et huit ans plus tôt pour le célèbre Alamo, révision d’une bataille fondatrice de l’histoire des USA. Un siège de 13 jours, opposant les partisans de l’indépendance texane contre l’armée du Général Antonio Lopez de Santa Anna. Moins de trois cents hommes contre des troupes de 1500 adversaires, qui se battront jusqu’au bout pour leurs convictions. Parmi eux ni plus ni moins que les célèbres aventuriers Davy Crockett et Jim Bowie, déjà des légendes de l’ouest. Un véhicule idéal pour la philosophie du Duke, qu’il ne traite pas forcément avec la ferveur historique que certains espéraient, mais envisage comme un gigantesque film d’aventure, un méga western, une chanson épique qui préfère justement les mythes fondateurs à un réalisme moins glorieux. En pleine Guerre Froide, alors que la fin de l’âge d’or du western classique est déjà bien entamée, il lui offre avec son Fort Alamo entièrement reconstruit, ses 4000 figurants et ses 1500 chevaux, un chant du cygne fastueux comme seul alors Hollywood savait encore les orchestrer.
Les hommes qui n’ont jamais peur
Pas étonnant que dans sa version longue, la première présentée en public, Alamo soit composé tel Ben-Hur ou Les Dix Commandements, d’une ouverture orchestrale et d’un entracte. L’ambition est certainement celle d’un grand spectacle populaire, comme en atteste la gigantesque dernière bobine aux batailles spectaculaires, admirablement orchestrées entre assauts, émotions et tirs aux canons, mais cette œuvre élégiaque est surtout empruntée d’un lyrisme plus humain. Un sentiment qui, tel Les Sept Samouraïs de Kurosawa, construit essentiellement sa force sur sa longue mise en place, jouant sur la découverte des principales figures Crockett, Bowie et le Colonel William Barret Travis (gigantesque trio d’acteurs que sont John Wayne, Richard Widmark et Laurence Harvey), leur respect mutuel, leurs nombreuses oppositions d’autorité et leur romantisme, et la constitution de nombreux tableaux picaresques, humanistes et sensibles offrant autant de très sympathiques portraits des nombreux hommes de la troupe, que ce sublimes cadrages évoquant naturellement l’influence du mentor John Ford. Une amplitude dramaturgique beaucoup plus ancrée encore dans la version longue du film, rallongeant de nombreuses scènes et dialogues, multipliant les anecdotes charpentées, dont le seul défaut est de se perdre parfois dans les grands discours exaltés et sentencieux sur le courage, le sacrifice et la république. John Wayne reste John Wayne, un homme et un acteur qui prit très (trop?) au sérieux sa place dans le prosélytisme de la bannière étoilée.
D’ailleurs, outre la belle réussite que représente Alamo, même dans sa version réduite d’une trentaine de minutes, elle montre aussi un versant moins commenté du monsieur qui certes place les Texans comme les véritables héros du film, mais ne cesse ici de célébrer avec autant de zèle la culture mexicaine, la beauté du pays et commente avec admiration les hauts-faits de ces opposants méritants. Un film animé d’une passion communicative, d’une verve martiale indéniable, mais ou le plus souvent c’est la tendresse du metteur en scène pour tous ces héros lointains qui emporte définitivement l’adhésion.
Image
Longtemps maltraité et, semble-t-il, désormais plus forcément dans des conditions optimales pour une restauration parfaite, Alamo fait tout de même un sacré bond en avant sur Bluray. Le travail de remasterisation a été très appliqué et soucieux de livrer la meilleure image possible. Les cadres sont relativement propres même si on dénote encore quelques points blancs et restes de griffures. La définition est, dans sa grande majorité, particulièrement savoureuse redonnant enfin une vraie profondeur au film, des matières fermes et surtout des couleurs riches et éclatantes. Quelques plans plus fluctuants, quelques bords moins précis ne gâchent certainement pas les 2h40 de spectacle. On parle bien entendu ici de la version cinéma du film, la version longues n’étant disponible qu’en SD et est considéré comme un bonus.
Son
Anglais et français sont proposés dans des DTS HD Master Audio 2.0 de très bonnes factures, aussi propres et claires que possible. Mais le beaucoup plus moderne DS HD Master Audio 5.1 se montre contre toute attente (les modernisations à outrances de classiques c’est toujours risqué) très efficace, offrant une amplitude et une dynamique inédite au film, et un coffre plus imposant aux musiques de Dimitri Tiomkin. Tout à fait en accord avec le souffle du film.
Interactivité
Après l’Allemagne c’est au tour de la France d’éditer Alamo en HD, tandis que les fans américains pleurent encore. D’autant plus que le digipack d’ESC comportant deux disques Bluray se montre très généreux, déjà en replaçant le fameux Making of rétrospectif du vieux DVD (en SD donc), mais avec une bonne vingtaine de minutes de témoignages supplémentaires. Quelques acteurs, des techniciens, des proches et autres spécialistes s’enchaînent pour retracer le projet le plus personnels de John Wayne et une aventure humaine. Des informations et thèmes que l’on retrouve forcément dans les suppléments produits en exclusivités par l’éditeur français : la longue présentation amoureuse de Jean-François Giré, l’entretien plus intime avec Patrick Wayne (fils de) et une courte visite au musée dédié à l’acteur.
Reste le gros du morceau, le fameux Director’s Cut (appelé aussi Montage Roadshow), malheureusement jamais préservé par la MGM et qui reste aujourd’hui uniquement visible dans un scope bizarrement étiré, granuleux, en SD et au format 2.05:1 4/3 (soit avec des bandes noires sur les côtés en prime). Un document d’archive donc, indispensable en effet, mais pas forcément toujours très agréable à visionner surtout sur plus de trois heures. Mais l’édition n’aurait certainement pas été complète sans.
Liste des bonus
« La Passion d’Alamo » : entretien avec le journaliste Jean-François Giré (40’), Version longue inédite du film (SD, 200’), Making of « The Alamo » (version longue inédite, 67’), « John Wayne mon père » : entretien avec Patrick Wayne (33’), Un musée pour John Wayne (10’), Galerie photos, Bande-annonce.