AFTER DARK, MY SWEET
Etats-Unis – 1990
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : James Foley
Acteurs : Jason Patric, Rocky Giordani, Rachel Ward, Bruce Dern, Tom Wagner…
Musique : Maurice Jarre
Durée : 111 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 16 juin 2021
LE PITCH
Des lumières de sa carrière de boxeur, il ne reste plus rien à Kevin. Depuis qu’il a quitté le ring, il a sombré dans la médiocrité, l’instabilité et la crainte de de lendemains sans cesse plus difficiles. Néanmoins, un jour, un rayon de soleil vient éclairer son morne quotidien. Une veuve fort avenante, Fay, semble lui porter attention. Le presque vagabond lui manifeste, bien évidemment, le même intérêt en retour, et ne se fait pas prier pour en tomber amoureux.
Pour une étreinte
Réalisateur émérite de l’excellent Comme un chien enragé, aujourd’hui surtout connu pour ses tristes suites de 50 nuances de Grey, James Foley s’installait sous le soleil californien pour signer l’un des films noirs les plus intéressants des années 90 : La Mort sera si douce.
Après s’être perdu dans Who’s That Girl, le véhicule de starification de Madonna (pour qui il avait signé une belle poignée de clips), James Foley trouva un écho à sa propre perdition dans le roman de Jim Thompson. Une pointure du roman américain que l’on ne présente plus, incroyable scénariste pour Kubrick (Les Sentiers de la gloire) et spécialiste du polar noir bien souvent adapté au cinéma (Guet-apens, Série Noire…). D’ailleurs cette année-là Stephen Frears exécute une parfaite version de Les Arnaqueurs. Plus que l’aura du romancier, c’est surtout son personnage central, Kevin Collins, boxeur ayant connu le match de trop, qui fascine le cinéaste. Pourtant ce dernier semble être un marginal, silhouette traversant les USA le regard fuyant, la démarche trébuchante, les propos pas toujours cohérent et que certain prennent trop facilement pour un imbécile. Interprété à l’écran par un Jason Patric (Génération perdue, Sleepers) des plus convaincants, le personnage devient une projection du cinéaste, figure double embarquée par une jeune veuve portée sur la bouteille (la Rachel Ward de Contre toute attente) et un vieux flicard (Bruce Dern) dans un kidnapping aussi risqué que foireux.
Les parias
Un trio d’alliés temporaires que le mensonge, le cynisme, la méfiance puis la paranoïa va forcément entraîner vers un échec cuisant comme tout bon film noir. Mais transposé dans la banlieue sableuse californienne, violemment ensoleillée et sans une piscine bleutée à l’horizon, le récit se pare alors d’une atmosphère plus tranchée, jouant sur la notion de frontière entre un paradis artificiel juste entraperçu (le monde des riches aux rues dorées et à l’horizon délavé) et la réalité de ces trois laissés pour compte, ratés, baignés dans le jaune sable. Un thriller jamais aussi réussi que lorsqu’il suit fiévreusement la voix off fatiguée de Jason Patrick, narrateur déjà au bout de la route, ou s’accroche aux engueulades et mauvais coups de ce tiercé perdant. After Dark, My Sweet convainc peut-être un peu moins quand il s’essaye aux élans contemplatifs, à la mise en image d’une mélancolie moderne un peu plombé par les composition lourde de Maurice Jarre. Excessivement mis en avant sur les affiches et lors de la promotion du film, l’érotisme torride attendu ne concerne en définitive qu’une seule séquence, laissant exploser la tension sexuelle entre le jeune boxeur aux allures un peu bestiales et la dame un peu frêle qui le loge. Elle se montre étonnement plus réaliste et sèche que la norme hollywoodienne, dépassant en tous cas en quelques plans à peine toutes les tentatives tristes vaguement dominatrices de Cinquante nuances plus sombres et Cinquante nuances plus claires.
Image
Il semblerait que le Bluray concocté par Carlotta soit une petite première mondiale, ce qui est d’autant plus louable que la copie est d’excellent qualité. Peu d’infos sur la restauration mais cette restauration s’impose, une fois le générique passé, par une très belle lumière, des couleurs admirablement contrastées et des cadres d’une très grande propreté. Sans doute remanié numériquement, mais l’image ne souffre d’aucun lissage intempestif laissant apparaître un léger grain très naturel et une définition pointilleuse.
Son
Préservant leur stéréo d’origine, l’éditeur nous délivre deux pistes DTS HD Master Audio de très bonne facture, sobre et frontaux forcément, mais avec quelques petites dynamiques et atmosphères bien placées.
Interactivité
Après la rencontre effectuée sur Comme un chien enragé, James Foley revient pour accompagner ce qu’il considère comme son second véritable film d’auteur. Un opus qu’il défend bec et ongle, dont il conte la découverte du livre comme une révélation, louant la chance qu’il a eu de pouvoir faire ce film en toute liberté. Il y discute aussi le choix des acteurs, leur direction qui dû s’adapter aux méthodes de chacun, le décors désertique, l’esthétique, toujours avec la même franchise.
Liste des bonus
« Lumière sur un film noir » : entretien exclusif avec James Foley (32’), Bande-annonce.