ACE VENTURA EN AFRIQUE
Ace Ventura : When Nature Calls – Etats-Unis – 1995
Support : Blu-ray & DVD
Genre : Comédie
Réalisateur : Steve Oedekerk
Acteurs : Jim Carrey, Simon Callow, Ian McNeice, Maynard Eziashi, Sophie Okonedo…
Musique : Robert Folk
Durée : 94 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1, Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : ESC Éditions
Date de sortie : 4 octobre 2023
LE PITCH
Des détectives privés comme Ace Ventura vous n’en verrez pas deux dans votre vie, pour cause il ne recherche que chats, chiens, perruches et autres animaux en tous genres. Cette fois-ci, il est chargé de retrouver une chauve-souris blanche disparue au fin fond de l’Afrique sauvage avant que la guerre n’éclate entre deux tribus…
Hakuna Matata
Votre chat a disparu, votre chien a fait une fugue, votre girafe à un torticolis et le docteur Dolittle ne décroche pas ? Pas grave car le vrai professionnel répond toujours à l‘appel. Ace Ventura LE spécialiste en débilité animalière.
C’est dingue tout ce qui peut se passer en un an et demie. Captain America était complètement largué après des décennies dans la glace alors qu’il n’a fallu que 18 mois pour que la planète cinéma paie des millions à un inconnu pour sortir son dernier film. Soit exactement le temps entre les deux Ace Ventura, espèce de parenthèse extra dimensionnelle entre The Mask, Dumb and Dumber et Batman Forever. Derrière, un homme aux mille visages pour un seul nom, celui de Jim Carrey. Toujours aussi irritant pour les uns, hilarant pour les autres, le comique divise les critiques américains mais pas les spectateurs. Son humour excessif influencera une génération de comiques dont Judd Apatow et sa bande seront les chefs de file. En France il restera longtemps dans l’indifférence générale, pire, il sera catalogué comme acteur de films pour enfants. Il faudra attendre Man on the Moon et Eternal Sunshine of the spotless mind pour que son image intéresse enfin les critiques. Ceci dit, Alain Resnais avait déclaré lors de l’été 1995 que Ace Ventura en Afrique était le film le plus distrayant de la saison. Mais sa remarque a dû passer inaperçue.
Le roi Jim
Jim Carrey, homme-orchestre a le monde à ses pieds. Borderline, il pousse à l’extrême son image. Tout Ace Ventura en Afrique s’articule autour de lui. Un quitte ou double de génie, n’en déplaise aux mauvaises langues. L’acteur a besoin de se sentir en confiance pour aller au bout de sa démarche, il place au poste de réalisateur son ami Steve Oederkerk qui le connaît sur le bout des doigts (c’est d’ailleurs pour cela qu’il a refusé l’offre de Spike Jonze de le diriger pour un troisième volet). L’acteur ose. Il désire aller bien plus loin que dans le premier film. Il se moque des bien-pensants et assume à mille pour cent son esprit politiquement très incorrect. S’il se mettait à dos le lobbying LGBT dans Ace Ventura, il se moque ici ouvertement des stéréotypes africains. Forcément les ligues s’outragent et une pétition a même court pour qu’une célèbre plateforme de streaming le retire de son catalogue. Mais derrière ces propos subversifs et grinçants se cache une critique de ce monde, celui que l’acteur observe et n’apprécie que trop peu, et qui l’angoisse. Celui de l’hypocrisie. Alors il se moque des clichés, accentue chaque propos par le potache, des effets de bruitage burlesque et ses facéties inimitables. L’humour va loin, très loin, décontenance par ses excès jubilatoires. Pourtant, dans l’ombre se cache comme beaucoup de comique un mal-être intérieur qui s’extériorise par l’humour, qu’il soit noir ou blanc. Alors lorsque ceux-ci sont canalisés par un réalisateur de génie, ça donne un film comme le Truman Show de Peter Weir. Mais en attendant l’heure est de profiter de ce sommet d’imbécilité géniale, qui fait de Ace Ventura en Afrique l’une des meilleures comédies régressives américaines qui soit.
Qui aurait cru que ce festival Carrey annonçait les prémices d’un acteur dépressif faisant des films contre la morosité d’un monde au bord du burn-out. Ça, au moins on ne l’avait pas vu venir.
Image
Ace Ventura garde son cinémascope respecté avec son grain nettoyé de la plupart de ses défauts de pellicules. Si la stabilité de l’image flanche sur certains plans, le reste est très correct avec de beaux contrastes et profondeurs. Le plus beau travail est sans aucun doute celui fait sur les couleurs chatoyantes de la jungle avec une colorimétrie respectée.
Son
Fidèle à nos souvenirs, la piste son est bien équilibrée et nous offre de beaux effets avec les bruitages animaliers et autres ambiances sonores. Mais nostalgiques que nous sommes, la cerise reste le doublage de Carrey par Emmanuel Curtil aussi revigorant pour les uns qu’agaçant pour les autres.
Interactivité
Esc nous a concocté des bonus maison avec le journaliste Simon Riaux et Jacques Demange, l’auteur des « Mille et un visages de Jim Carrey » en intervenant. Tout deux jubilent de pouvoir parler de l’acteur et abordent la carrière du comédien sous un angle peu exposé comme le coté angoissé de Carrey ou son humour féroce derrière la façade d’amuseur public.
Liste des bonus
« Jim Carrey, un comique angoissé » (19’), « Jim Carrey, l’humour d’une époque » (9’), « Ace Ventura, né en Afrique » (6’).