ABATTOIR 5
Slaughterhouse Five – États-Unis – 1972
Support : Bluray
Genre : Science-Fiction, Comédie dramatique
Réalisateur : George Roy Hill
Acteurs : Michael Sacks, Ron Leibman, Valérie Perrine, Eugene Roche, Sharon Gans
Musique : Glenn Gould
Image : 2.40 16/9
Son : Anglais et Français DTS HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Durée : 103 minutes
Éditeur : Carlotta Films
Date de sortie : 18 avril 2023
LE PITCH
USA, années 60. Présent à Dresde en 1945 lors des terribles bombardements qui ont détruit la ville, l’ancien GI Billy Pilgrim mène une vie de famille en apparence rangée. Mais le traumatisme subi à transformé Billy, qui peut désormais voyager dans le temps. Il est sans cesse renvoyé à Dresde au cœur des bombardements…
Retour vers le futur…
Cachée derrière le titre pour le moins sibyllin d’Abattoir 5, cette œuvre assez méconnue de George Roy Hill, sortie en 1972 après plusieurs succès oscarisés du cinéaste de L’Arnaque et Butch Cassidy et le Kid, a pourtant récolté le prix de la mise en scène à Cannes la même année. Une récompense amplement méritée tant ce film multiple brille d’une technique et d’une vision d’auteur absolument éblouissantes.
Récit d’anticipation, film de guerre, chronique d’une famille américaine des années 60… Abattoir 5 déroute tout d’abord par la multiplication des styles, des environnements et des époques déployées. L’intrigue, adaptée du roman éponyme de Kurt Vonnegut Jr., suit le destin de Billy Pilgrim durant trois périodes de sa vie. Plongé dans l’horreur d’un camp allemand et des bombardements meurtriers de Dresde lors de la seconde guerre mondiale, citoyen américain marié et père de famille dans les années 60 et enfin cobaye dans une bulle de verre aux côtés d’une starlette de cinéma sur une planète nommée Tralfamadore dans un futur (?) indéterminé… George Roy Hill ne va cesser durant tout le métrage de passer d’une époque à l’autre, par le vecteur de son personnage principal, Pilgrim, censé avoir la faculté de voyager à travers le temps. Un postulat de science-fiction jamais réellement explicité, mais qui sert néanmoins au cinéaste comme médium pour explorer les actions de son(ses) personnage(s) à différents stades de sa vie. Les actions entraînent alors des réactions d’une période sur l’autre, grâce à des transitions et des effets de montage imperceptibles.
C’est là le tour de force du film, qui peut apparaître nébuleux au premier abord, mais qui se révèle pourtant si brillant dans la fluidité avec laquelle il trace une ligne continue, ininterrompue de l’existence de Pilgrim, sans se soucier d’une quelconque chronologie puisque certains événements trouvent des répercussions… dans le passé.
Télé-réalité ?
Le personnage de Pilgrim, brillamment et sobrement interprété par Michael Sacks, traverse son existence davantage en observateur qu’en réel acteur, sur la base de l’assertion : “Dans la vie, il faut se souvenir des bonnes choses et oublier les mauvaises”, répétée à plusieurs reprises par différents personnages. Dès lors, chacun pourra se faire son idée : d’où part le récit ? Est-ce Pilgrim, dans sa bulle de verre sur la planète Tralfamadore, qui revisite des événements de son passé… Où est-ce que l’épisode de la planète est le rêve d’un homme inadapté à la vie sociale des années 60 ?… A ce titre, il est intéressant de noter la vision du cinéaste, qui au sein de ces séquences dans le futur, évoque avec pas mal d’avance la situation d’un couple placé dans une bulle sous le regard de spectateurs invisibles, qui n’attendent qu’une chose : vont-ils s’accoupler ?… De la télé-réalité avant l’heure !
Le fait est qu’Abattoir 5, film déroutant au premier abord, ne peut révéler toutes ses richesses qu’après plusieurs visions. Ce qui rend sa possession en support physique indispensable au cinéphile curieux de (re-)découvrir une œuvre atypique, déroutante, et pourtant en tous points remarquable.
Image
Carlotta reprend ici fièrement la dernière restauration en date du film. Un travail effectué à partir d’un nouveau scan 4K des négatifs 35mm et nettoyé avec beaucoup de soin de A à Z. Les cadres sont donc effectivement particulièrement propres et retrouvent une belle précision, un certain relief et surtout une stabilité qui lui avait été refusée depuis longtemps. Sauf qu’Abattoir 5 est un long métrage qui repose à la fois sur une photographie plutôt homogène, voir volontairement terne (beaucoup de gris et de marrons) et une pellicule très granuleuse d’origine avec quelque superpositions au montage qui encombrent légèrement l’encodage. On est donc loin de l’image pure et lisse, parfaite, mais on reste dans un rendu pointu et constamment respectueux de l’œuvre originale.
Son
Restauration toute aussi sobre et solide pour la version original débarrassée de la moindre imperfection et assurant une restitution claire et équilibrée en DTS HD Master Audio 1.0. Sans doute un peu moins posée, le doublage français de qualité reste propre mais avec une légère distance plus prononcée.
Interactivité
Nouveau coffret collector pour Carlotta avec un beau boitier cartonné contenant son petit lot de goodies avec reproduction de la brochure promotionnelle d’époque et des fac-similés des Lobbycards et de l’affiche du film.
Il y a aussi bien entendu un petit digipack tout fin avec son Bluray pour lequel l’éditeur français a récupéré deux suppléments des éditions anglo-saxonnes. Soit une rencontre avec l’acteur Perry King, fils de Billy dans le film, qui raconte son admiration pour Butch Cassidy et le Kid, ses acteurs et son metteur en scène, sa prestation au casting d’Abattoir 5 et le long monologue qu’il attendait et qui ne fut jamais tourné. Suit une interview de Robert Crawford Jr producteur du métrage et qui raconte la difficile mise en place d’un projet souvent jugé comme très peu commercial et un tournage visant forcément certaines économies. Des segments intéressants qui sont à nouveau complétés par la reprise de l’excellente analyse du film par Jean-Baptiste Thoret qui était déjà disponible sur l’ancien DVD Opening.
Liste des bonus
Le fac-similé de la brochure promotionnelle d’époque (24 pages), Un jeu de 12 lobby cards (photos d’exploitation, 13 x 16,3 cm), Une affiche du film (53,4 x 38 cm), « L’Évolution de Pilgrim : le tournage d’Abattoir 5 » : entretien avec Perry King (2019, Arrow, HD, 13’54”, VOST), « Décrocher le temps : « Abattoir 5 », le documentaire » : entretien avec Robert Crawford Jr. sur le documentaire inachevé des coulisses du film (2019, Arrow, HD, 14’31”, VOST), « Le Pèlerin d’Oz » : analyse du film par Jean-Baptiste Thoret (2011, Opening, 15’55”), Bande-annonce originale (4’30”, VOST).