À L’OUEST RIEN DE NOUVEAU
All Quiet on the Western Front – Etats-Unis – 1931
Support : Bluray & DVD
Genre : Guerre, drame
Réalisateur : Lewis Milestone
Acteurs : Lew Ayres, Louis Wolheim, John Wray, Arnold Lucy, Ben Alexander…
Musique : Sam Perry, Heinz Roemehld
Durée : 132 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Editeur : Éléphant Films
Date de sortie : 7 décembre 2021
LE PITCH
Allemagne, 1914, la première Guerre Mondiale est déclarée. Un groupe de jeunes, galvanisé par les discours de leur professeur nationaliste, s’engage sans réfléchir. Un seul reviendra, traumatisé et blessé, essayant de convaincre les autres de l’horreur des champs de bataille …
Voyage au bout de l’enfer
Près de 90 ans après sa sortie, A l’ouest rien de nouveau n’a pas pris une ride et demeure un chef d’œuvre intemporel du septième art. Avec son message pacifiste et sa mise en scène sidérante d’efficacité, il reste encore et toujours une référence incontournable du film de guerre, et pas seulement…
Alors que depuis 1929, le cinéma parlant prend peu à peu le pas sur les films muets, Lewis Milestone (qui réalisera bien plus tard L’inconnu de Las Vegas et Les révoltés du Bounty) saisit l’occasion et réussit pleinement le pari en réalisant le premier film de guerre parlant avec ce A l’ouest rien de nouveau, adaptation du roman de l’auteur allemand Erich Maria Remarque publié en 1929.
Sa manière de sonoriser le film, tout en dédaignant l’apport de musique (parfois rajoutée par les distributeurs), est pour le moins marquante alors que nous sommes au balbutiement de cette évolution technique. Les bruits des obus et missiles sonnent plus vrai que nature et scandent le récit. De plus, dès la première séquence avec le professeur appelant ses élèves à s’engager, Milestone parvient à rendre tangible l’idée que les paroles infusent sur les esprits, et ce de manière didactique en filmant les réactions, et rêves, des jeunes face aux harangues.
L’enfer de la guerre est également parfaitement retranscrit à l’image, et pour un film de 1930, ça reste assez bluffant. Assisté d’anciens officiers de la Première Guerre Mondiale et de très nombreux figurants, le réalisateur nous fait revivre l’horreur des champs de bataille. Caméras subjectives, travellings latéraux au-dessus des tranchées ainsi qu’une image légèrement accélérée donnent un rendu tout à fait sidérant, une modernité et une efficacité encore exemplaire aujourd’hui.
« Plus jamais ça ! »
Au-delà de la maitrise technique, ce long-métrage a également marqué l’histoire du cinéma grâce à son discours pacifiste et malgré tout très pessimiste. Sorti dans l’entre-deux guerres, à une époque où d’anciens combattants de la Première Guerre Mondiale militaient pour le « plus jamais ça », le film fut un succès à travers le monde et remporta deux oscars dont celui du meilleur film, le premier pour Universal. Toutefois, comme un révélateur des événements à venir, il reçut un tout autre accueil en Allemagne où membres des SA-SS, pas encore au pouvoir, œuvrèrent à l’interdiction du film, au bout d’une semaine, à force de créer des échauffourées.
D’ailleurs, le livre de Remarque, qui s’inspira de sa propre expérience de soldat volontaire, fera partie des têtes de liste pour les autodafés de 1933, et l’auteur dut s’exiler… Pourtant le film, qui est une parfaite adaptation du roman, ne peut être taxé d’anti-allemand et la force de Milestone est de rendre le sujet universel. Cette bande de jeunes va-t-en-guerre aurait pu être de n’importe quelle nationalité.
Milestone comme Remarque dans son livre, cherche surtout à démontrer l’inutilité et la fatalité de la guerre : « tuer ou être tué ». Grâce à une mise en scène intelligente, le cinéaste fait peu à peu rentrer Lew Ayres (un sosie de Alan Ladd qui sera d’ailleurs objecteur de conscience durant la Seconde Guerre Mondiale !?) dans le rôle d’acteur alors que lui et ses camarades restent longtemps tels des spectateurs face aux soubresauts de l’Histoire.
Tour à tour comique, ironique, très violent (le code Hayes n’était pas encore en place, ce qui nous permet d’assister à une scène incroyable où un soldat laisse littéralement ses mains sur un fil barbelé après une explosion), émouvant et révoltant, A l’ouest rien de nouveau demeure un film exemplaire aussi bien d’un point de vue cinématographique qu’historique. Un indispensable pour les amoureux du cinéma.
Image
Le master restauré HD est impressionnant, même les scènes de nuit sont parfaitement claires et le noir et blanc est sublime. Le grain argentique est joliment préservé.
Son
Le Master rend parfaitement hommage au travail de Milestone sur le son : les bruits d’obus nous rendront moins dingues que les protagonistes mais ils sont, comme les dialogues, clairs et aérés. Une vraie réussite.
Interactivité
Eléphant Films propose la version muette du film. En effet, lors de sa sortie, tous les cinémas n’étaient pas dotés de la technologie nécessaire pour le cinéma parlant et une version muette existe donc. Il s’agit d’une véritable curiosité et le film ne perd en rien de sa puissance. Belle initiative de l’éditeur !
L’introduction par Robert Osborne permet d’en apprendre plus sur l’acteur principal Lew Ayres. Quant à l’entretien avec Frédéric Mercier, journaliste à Transfuge, il s’avère être passionnant. Il rappelle l’importance du livre original et la volonté d’y coller des scénaristes Maxwell Anderson et Del Andrews. Hormis une construction chronologique quelque peu différente, le film reprend des pans entiers du best-seller, notamment les dialogues.
Connaisseur du film, il analyse la qualité sonore du film et des scènes, en particulier celle où Paul tue un soldat français puis est contraint de passer une nuit à ses côtés dans un trou d’obus. Une manière d’évoquer la culpabilité du soldat comme Dans L’homme que j’ai tué de Lubitsch, sorti en1932.
Liste des bonus
Version muette du film (132’), Le film par Frédéric Mercier (30’), Introduction de Robert Osborne (3’), Bande-annonce (3’).