A L’INTÉRIEUR
France – 2007
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateurs : Julien Maury et Alexandre Bustillo
Acteurs : Béatrice Dalle, Alysson Paradis, Nicolas Duvauchelle, François-Régis Marchasson…
Musique : François-Eudes Chanfrault
Image : 1.85 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0
Sous-titres : Aucun
Durée : 82 minutes
Editeur : ESC Éditions
Date de sortie : 24 avril 2024
LE PITCH
Depuis la mort tragique de son mari dans un accident de voiture, Sarah est seule et malgré une mère omniprésente, c’est seule qu’elle passera son réveillon de Noël. Seule et enceinte. Dans sa maison, tout est calme. Jusqu’au moment où quelqu’un vient frapper à sa porte. Derrière, une femme prête à tout pour arracher l’enfant qu’elle porte en elle…
Leur petit premier
Livide, Aux Yeux des vivants, Leatherface, Kandisha, The Deep House et Le Mangeur d’âmes : les deux cinéastes français Julien Maury et Alexandre Bustillo ont le cinéma de genre chevillé au corps et persistent au milieu d’un microcosme français toujours aussi frileux. Une aventure qui a commencée en 2007 avec le choc A l’intérieur, première œuvre imparfaite soit, mais sacrée coup dans la gueule.
Même si les afficionados de Mad Movies connaissaient déjà le nom d’Alexandre Bustillo et les curieux des festivals bis avaient pu croiser un Julien Maury confectionnant ses courts métrages à l’arrache, on peut dire le duo sortait vraiment de nulle part lorsqu’ils se mirent en tête de signer leur premier long métrage. Un film d’horreur qui plus est. Et pas un tendre. Une terrible histoire, digne d’un fait divers sordide, où une pauvre jeune femme enceinte (Allyson Paradis) est harcelée à son domicile par une autre (Beatrice Dale) qui tente d’entrer dans la demeure pour lui voler son bébé. Du Home Invasion que grâce au soutien de La Fabrique de film, les deux réalisateurs vont pouvoir mener jusqu’au bout et surtout repousser dans ses derniers retranchements avec une sauvagerie et une violence rarement atteinte (même depuis) sur nos écrans hexagonaux. Un jusqu’au-boutisme sans concession qui va multiplier les plaies ouvertes et les lacérations (et quelques brulures aussi) sur les deux protagonistes alors que la petite maison de banlieue se transforme par un subtil et magnifique jeu de mise en scène et de lumière en allégorie d’une poche amniotique viciée. Sadique, A L’intérieur transforme l’un des plus beaux évènements de l’existence, le don de la vie, en long chemin de la souffrance, en survival barbare et terminal, en combat à mort qui ira jusqu’au bout de sa logique et de son nihilisme macabre.
Sans péridurale
S’il reste un spectacle particulièrement gore (et les maquillages restent impressionnant), A l’intérieur n’a cependant jamais les accents du film d’exploitation gratuit, assénant ses coups avec sécheresse, noirceur et réalisme, même lorsque les auteurs se laissent emporter de manière jubilatoire par leurs références cinéphiles dans un final grand guignol halluciné où se télescopent Massacres à la tronçonneuse, Lucio Fulci et même Predator ! Bourrins oui, mais déjà particulièrement doués, travaillant une atmosphère délétère et obsédante, magnifiquement habitée par les composition flippantes et mélancoliques du regretté François-Eudes Chanfrault, le duo transforme par quelques effets discrets et élégants (oui aussi) la terrifiante Béatrice Dale en entité maternelle dévorante, en sorcière moderne aux accents tragique, bourreau mais indéniablement victime de sa propre folie. Un film saisissant, techniquement déjà très maitrisé malgré un budget que l’on devine serré (le numérique n’aide pas toujours) auquel on pardonnera aisément les petites faiblesses des débuts (les plans « in utero » peu utiles et très datés) et un mélange de dialogues faibles et de direction d’acteurs pas toujours au point qui rendent tout particulièrement les séquences d’ouvertures quelques peu laborieuses. A l’intérieur n’est jamais aussi bon que lorsqu’il entre sévèrement dans le vif du sujet.
Image
Capturé à l’origine en numérique puis projeté en 35mm dans les salles, A L’intérieur revient ici directement à sa source et délivre une prestation forcément un bon cran au-dessus de l’ancien DVD. Les contours sont nettement mieux dessinés, les couleurs plus maitrisées et surtout les longues séquences ultra-sombres sont parfaitement lisibles. Le DVD était tout bonnement excellent pour l’époque, le Bluray ne démérite pas même si du coup la définition ne cache plus vraiment les petites faiblesses d’une captation numérique en 2007 avec de petits scintillements dans les scènes de jour et un piqué toujours retenu.
Son
Bustillo et Maury on parfaitement gardé en tête que le son était l’un des éléments cruciaux pour un film d’horreur. Ultra efficace en salle, le mixage garde ici toute sa superbe avec un DTS HD Master Audio 5.1 plein de subtilités. Un travail dynamique autant à l’aise dans la mise en avant des dialogues que dans la mise en place d’effets oppressants, voir terrifiants. De son côté la piste 2.0, forcément moins retentissante, montre cependant une jolie netteté qui ne laissera pas les installations les plus modestes sur le carreau.
Interactivité
16 ans après le double DVD collector, A L’intérieur revient avec (enfin) une édition Bluray, accompagnée à nouveau de son petit DVD consacré aux bonus. Partiellement les même que l’édition de Pathé avec en première ligne l’excellent Making of de près d’une heure bourrée d’infos et d’humour et le court métrage de Julien Maury, sorte de n’importe nawak autour d’un livreur de pizza récalcitrant. Pas question non plus de passer à côté du commentaire audio dans lequel les deux réalisateurs reviennent sur la naissance du projet, le bonheur qu’ils ont eu à le tourner, leur multiples références (plus ou moins discrètes) avec aux passages quelques jolies précisions de Laurent Bares, le directeur photo.
Si certains items plus accessoires n’ont pas été repris, ils ont cependant été remplacés sur le Bluray par quelques interviews inédites. A commencer par le long entretien dans lequel Bustillo et Maury reviennent des années après sur leur première expérience, leurs souvenirs divers et variés, leur escapade américaine avec les frères Weinstein (infructueuse on le sait) et bien entendu un regard un peu plus affuté sur leurs « erreurs de jeunesses ». Suivent une nouvelle rencontre avec Beatrice Dale, toujours aussi enthousiaste sur le film, puis Alyssson Paradis accompagnée à nouveau de Julien Maury. L’édition s’achève par une réflexion / analyse par le journaliste universitaire Frédéric Astruc en particulier par le biais de la « New French Extremism » apparue à la fin des années 2000 et dont justement A l’intérieur reste l’un des plus solides représentants.
Liste des bonus
Commentaire audio de Julien Maury, Alexandre Bustillo et Laurent Barès, Souvenirs d’un premier film (51’), La sorcière moderne avec Béatrice Dalle (7’), Une actrice sur le fil avec Alysson Paradis et Julien Maury (20’), Présentation d’Alexandre Bustillo (6’), Présentation de Julien Maury (8’), Sous la peau du film avec Frédéric Astruc (18’), Bande-Annonce, A l’intérieur du making of (52’), Pizza à l’œil de Julien Maury (6’), Fausse bande-annonce (2’), Teaser.