5 FEMMES À ABATTRE
Caged Heat – États-Unis – 1974
Support : Bluray & DVD
Genre : Action, Women in Prison
Réalisateur : Jonathan Demme
Acteurs : Juanita Brown, Barbara Steele, Erica Gavin, Roberta Collins, Ella Reed, Cheryl Smith, Warren Miller…
Musique : John Cale
Image : 1.85
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Durée : 81 minutes
Éditeur : The Ecstasy of Films
Date de sortie : 28 février 2023
LE PITCH
Aux États-Unis, les détenues d’une prison de femmes vivent dans des conditions déplorables. Elles doivent non seulement se contenter de cellules immondes, mais aussi subir le sadisme de la surveillante-chef, une femme invalide et frustrée. En outre, le médecin de la prison se livre à des expériences cruelles sur les détenues indisciplinées. Après une tentative de mutinerie, deux prisonnières savent qu’elles risquent d’être ramenées à la clinique, où le médecin leur fera subir des électrochocs. Pour échapper aux supplices, elles décident de s’enfuir.
Esprit rebelle
Les films de Femmes en prison (WiP pour les aficionados) ne manquent pas, surtout dans le catalogue de la fripouille Roger Corman qui en produit les exemples les plus mémorables (The Big Bird Cage, Big Doll House…) et ce curieux Caged Heat plus tardif mais confié à un jeune poulain méritant, futur réalisateur du Silence des agneaux !
Avant d’être un cinéaste consacré par le Hollywood maintream pour le mélodramatique, mais nécessaire, Philadelphia, Jonathan Demme a donc débuté, comme beaucoup avant lui, au sein de l’écurie du roi de la série B Roger Corman. Comme attaché de presse (Le Baron rouge), comme scénariste (Angels Hard as They Come), comme producteur et réalisateur de seconde équipe (The Hot Box), avant qu’il ne dégotte enfin son premier projet en tant que réalisateur (comme le lui avait prédit François Truffaut en personne quelques années plus tôt) avec ce 5 Femmes à abattre pur produit, sur le papier, de la New World Picture et de la méthode Corman. Un petit budget forcément, un pitch typique du genre « Femmes en prison », des scènes de violence attendues, un soupçon de nudité gratuite… et dès lors le fameux producteur laisse les coudées franches à son nouvel homme de confiance qui va s’empresser d’en détourner les clichés. La sexualité (trouble ou saphique) et les fameuses scènes de douche avec nudité frontale sont bien présentes, mais l’eau est froide et les plans sont étonnement jamais voyeuristes ou bêtement sexy, le jeune cinéaste capturant surtout des corps démunis, meurtris et avilis autant par le carcan de cette prison dirigée par une directrice handicapé et frustré (géniale Barbara Steele) que par le regard pervers de la gente masculine.
Les évadées
Pas un homme pour rattraper l’autre ici, nos pauvres héroïnes doivent alors se débrouiller toutes seuls et apprendre à s’entraider pour s’échapper des lieux et sauver leur copine d’une trépanation par un docteur sadique. L’action y a beau être assez rare, elle est à chaque fois rondement menée avec un montage qui s’avère percutant (l’évasion et le gunfight final) et un certain sens du suspens (l’exploration des conduits d’aération pour nourrir la collègue en isolation) déjà évident, mais Demme ne se contente pas de cocher les passages obligés et teinte le tout de ruptures de style et de mélanges détonants qui feront le sel de ses futurs comédies délirantes Dangereuse sous tous rapports et Veuve, mais pas trop. On passe ainsi d’instant aux lisières de l’onirisme avec les fantasmes éperdus de nos donzelles, un habillage reprenant l’esthétique et la sécheresse rugueuse du documentaire, et une tendance régulière à glisser vers le détail absurde et les excès du cinéma d’exploitation. Accompagné d’un casting féminin d’habituées du monde du bis comme Roberta Collins (The Big Doll House, La Course à la mort de l’an 2000), Cheryl Smith (Lemora, Le Monstre qui vient de l’espace) ou Juanita Brown (Foxy Brown), 5 femmes à abattre compose forcément avec un rythme parfois un peu chaotique, une économie bien fauchée et quelques sorties routes un peu hasardeuses, mais reste l’un des Women in Prison les plus percutants et imaginatifs de son époque.
Bien troussé, malin, doté d’une personnalité très particulière, il marquait en effet et avec une modestie admirable, la naissance d’un metteur en scène des plus prometteurs. Le documentaire Stop Making Sense ou le thriller mythique Le Silence des agneaux, viendront bien entendu le confirmer.
Image
Nouvelle restauration apparue en 2020 du coté de chez Shout Factory, la copie proposée par The Ecstasy of Films est absolument superbe. Certes quelques petites griffures ou points blancs sont encore présents à l’écran, mais l’ensemble a admirablement été rafraichi et nettoyé avec beaucoup de soin, mais sans jamais amoindrir la matière pellicule, le grain très prononcé et tous les contours films à petit budget. Cela n’empêche donc pas la définition d’être impressionnante de précision avec un piqué qui souligne chaque détails (personnages, décors urbains, désert…) et surtout révèle une profondeur insoupçonnable jusque-là et une photographie sculptée par l’excellent Tak Fujimoto.
Son
Jamais distribué en France dans sa version intégrale, 5 femmes à abattre n’est donc disponible dans notre langue que de manière partielle avec des segments qui repassent en VOST. C’est bien entendu celle-ci qu’il faut privilégier tant le doublage se montre peu convaincant et doté d’un mixage désincarné et aux accents métalliques. Bien plus fraiche et directe, la version originale montre tout de même les limites de la source avec des ruptures régulières d’intensité et une captation pas toujours des plus précises. Du coup le DTS HD Master Audio mono s’en sort pas si mal.
Interactivité
Notre courageux éditeur français n’a malheureusement pas réussi à récupérer les suppléments américains, une très courte interview de Roger Corman et surtout un commentaire audio du réalisateur, mais se dégotte tout de même une petite exclusivité avec le montage cut proposé en vidéo par chez nous. Une qualité VHS effectivement avec quelques morceaux manquants et quelques retouches étranges dans le montage de certaines scènes. Pour obtenir des infos sur le film et son tournage, il suffit de se tourner vers le livret très complet composé par Marc Toullec qui revient sur une quarantaine de pages sur les débuts de Jonathan Demme et ses cinq années passées du côté de la New World Picture de Roger Corman. Un dossier bien mené.
Liste des bonus
Livret inédit de 40 pages rédigé par Marc Toullec, Film cut en VHS (74min), Bandes-annonces.