38°5 QUAI DES ORFÈVRES
France – 2023
Support : DVD
Genre : Comédie
Réalisateur : Benjamin Lehrer
Acteurs : Didier Bourdon, Caroline Anglade, Yann Papin, Pascal Demolon, Artus, Frédérique Bel…
Musique : Julien Auclair
Image : 2.35 16/9
Son : Français Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Aucun
Durée : 81 minutes
Éditeur : M6 Vidéo
Date de sortie : 19 octobre 2023
LE PITCH
Panique quai des Orfèvres ! Un tueur en série, surnommé le Ver(s) Solitaire, sème des alexandrins sur des scènes de crime, causant terreur et confusion. Clarisse Sterling, une jeune enquêtrice enthousiaste, se voit confier cette affaire sous la supervision du légendaire commissaire Keller. Armée de 200 g de chouquettes et d’un bel ananas bien placé, Clarisse doit jongler entre les bras cassés de la brigade criminelle et des énigmes tordues pour démasquer l’assassin… La mission impossible ne fait que commencer.
Humour criminel
Remarqué au festival de l’Alpe d’Huez par un (tout de même !) Grand Prix du Jury, 38°5 Quai des orfèvres voudrait redonner vie à la parodie ciné à la française. Dans les sillons lointains d’un cultissime La Cité de la peur, ce dernier aimerait bien devenir culte à son tour en rejouant le polar frappé et méga référentiel. Attention, euh, c’est du lourd.
Malgré le titre choisi, la première réalisation cinéma de Benjamin Lehrer ne va pas titiller l’univers noir et pas drôle du tout d’Olivier Marchal, mais une nouvelle fois le classique absolu de Jonathan Demme : Le Silence des agneaux. Une référence qui commence à prendre de l’âge et devenue extrêmement prévisible, entrainant donc dans son sillage une jeune enquêtrice pleine d’ambition appelée Clarice Sterling (« comme la livre »), un serial killer au modus operandi spectaculaire (ici les comptines de notre enfance en version gore) et bien entendu un professeur qui attend impassiblement, lascif, dans sa cellule au fond du couloir. Tout y passe… encore. Une ligne rouge qui affirme rapidement la limite même du film, constamment ancré dans des modèles qui l’écrasent et des clins d’œil qui commencent à sérieusement dater et qui ont déjà pour la plupart été rejoués des dizaines de fois. Évidemment le réalisateur / scénariste a dû être nourri à la mamelle du génie des Monty Python, des ZAZ (les Y a-t-il ?) et aimerait sans doute égaler leurs pendant français Les Nuls, voir avec un soupçon de modestie le très sympathique Mais qui a tué Laura Palmer ? de Khad et Olivier.
La blague qui tue pas
Pour cela il multiple les gags au premier et à l’arrière-plan, accumule les dialogues nonsensiques, les détournements acrobatiques et les personnages frappés (mention spéciale au grand breton à couettes), mais quelques cascades foireuses, un ananas dans le fondement et des victimes en costume de lapin plus loin, l’émulsion ne prend clairement pas. Une mauvaise mayonnaise pourtant pleine de potentiel sur le papier avec des échanges bien délirants et à côté de la plaque, quelques idées à l’humour noir bien trop rare par chez nous, mais la comédie, et encore plus ce type de parodie frénétique, exige un timing pointu et un rythme percutant. La mise en scène a malheureusement toujours un train de retard, s’attarde lourdement sur ses petits effets et reste ampoulé par une esthétique de programme télé bien de chez nous, lisse et impersonnel. Pas beaucoup mieux du coté du casting, malheureusement livré à lui-même, flottant toujours dans des cadres trop larges pour lui, où seul finalement l’excellent Artus réussi à tirer son épingle du jeu. Un médecin légiste à l’humour corrosif, organisant un « Autop’Chef » du pauvre avec ses élèves en pleine autopsie, achevant les mourant si besoin est et affirmant une certaine fascination pour la tripaille et la perversité qui redonne un peu de épices à une comédie bien molle.
Quelques bonnes intentions et de grands modèles ne font malheureusement pas un grand film… Ni de bonnes barres de rire. 38°5 Quai des orfèvres n’est donc jamais incisif, jamais efficace, hésitant alors très vite entre désintérêts et longues gènes. Allez, on oublie ?
Image
Etonnant de voir qu’en 2023 des éditeurs continuent de distribuer des nouveautés cinéma… uniquement en DVD. Quel que soit le film, les amateurs doivent donc se contenter d’un support Home Cinema forcément limité et affichant une copie SD qui va cracher un peu sur la dernière TV géante Full HD. Bien entendu 38°5 tire le format vers ses limites avec un piqué au max de ses capacités, des contrastes et des couleurs costauds, mais la compression visible et la définition bouchée rappellent qu’on est bel et bien avec un petit DVD dans les mains.
Son
Le Dolby Digital 5.1 donne quelques notes de dynamisme, développe de petites ambiances, mais l’essentiel se joue ici sur les dialogues, frontaux et centraux. L’ensemble et clair et confortable.
Interactivité
Sans doute qu’un petit détour sur les plateaux de tournages aurait pu être l’occasion de voir la troupe s’amuser entre chaque prise. Pourtant le seul making of proposé ici est celui de la bande originale. Quelques minutes à peine sur l’enregistrement avec orchestre et on passe à deux petites scènes coupées longuettes.
Liste des bonus
Enregistrement de la musique du film (5’), Scènes coupées (5’).