3 HOMMES ET UN COUFFIN
France – 1985
Genre : Comédie
Réalisateur : Coline Serreau
Acteurs : Roland Giraud, Michel Boujenah, André Dussollier, Dominique Lavanant, Philippine Leroy-Beaulieu, Marthe Villalonga
Musique : Aucune
Durée : 105 minutes
Image : 1.78 16/9
Son : Français Dolby Digital Audio 2.0
Sous-titres : Aucun
Editeur : Tamasa Éditions
Date de sortie : 08 mars 2022
LE PITCH
Ils sont trois, amoureux du luxe, des femmes quand elles ne font que passer et de leur liberté. Pierre, Jacques et Michel partagent un luxueux appartement dans le Marais à Paris. Stewart, Jacques s’envole pour trois semaines au Japon en laissant un message aux deux autres compères : « Un copain déposera un paquet et passera le reprendre plus tard.. ». Quelle stupéfaction lorsque Pierre et Michel se retrouvent « nourrices » d’un bébé déposé dans un couffin au seuil de la porte. Le paquet de Jacques ? Sans aucun doute. L’aventure se complique lorsqu’un second « paquet » plus compromettant est livré…
La dictature de la couche-culotte
Carton national de l’année 1985 et succès qui a réussi à s’étendre de par le monde (les Américains en ont même fait un remake), 3 Hommes et un couffin abordait frontalement, mais avec tendresse, la maternité des hommes. Un sujet révolutionnaire à l’époque et qui n’a pas totalement perdu de sa pertinence.
Comme s’en amuse à l’occasion Patrick Bruel dans ses interviews, les équipes de P.R.O.F.S et 3 Hommes et un couffin, dont les tournages furent concomitants, se lancèrent dans un petit pari : à savoir qui aurait à sa sortie le plus grand nombre d’entrées. Si le premier se tailla une bonne part du gâteau, le second renversa tout sur son passage, enquillant plus de 10 millions d’entrées (juste en France) et trois prix au Césars : Meilleur film, meilleur scénario et meilleur interprète de second rôle pour Boujenah. C’est qu’à la différence du premier, très axé sur la grosse artillerie et l’absurde, le second jouait plus volontiers sur l’étude de mœurs en s’attardant sur un vrai sujet de société, alors encore très ignoré dans la société française : la responsabilité des hommes dans les premiers mois de la maternité. Si aujourd’hui beaucoup de père ont pris à cœur leur rôle dans cette première phase éreintante, mais fusionnelles, en 1985 il était largement établi que c’était surtout un devoir de la femme. Une sortie d’ordre naturelle. Doté d’un regard toujours pertinent sur ses contemporains (La Crise et La Belle verte suivront), Coline Serreau imagine donc les mésaventures de trois célibataires endurcis, colocataires fêtards et insouciants qui se réveillent un beau jour avec un bébé posé devant leur porte.
Une éducation sentimentale
Et là de les voir découvrir stupéfaits le rythme épuisant (de l’esclavage ?) imposé par le charmant bambin, les nuits fragmentées, le désastre des langes, la vie sociale anéantie, les engueulades à bout de nerfs que la seule présence d’un nourrisson peut provoquer. De la longue explication à la pharmacie sur les différentes tailles de couches et les formats de biberons devant le regard vide et absents de Roland Giraud déjà en plein effondrement, à la première pause épique de couche aux attaches soi-disant faciles, sans oublier les tentatives désespérées pour endormir la petite en pleine rage de dents, 3 Hommes et un couffin prend donc un malin plaisir à mettre nos trois gaillards à une place qui n’était pas encore la leur. Emporté par le trio masculin absolument irrésistible de justesse et de drôlerie formée donc par Roland Giraud, Michel Boujenah et André Dussollier, la comédie fonctionne d’autant mieux qu’elle n’agresse jamais ses personnages, triture leurs défauts certes, mais toujours avec beaucoup d’amour afin de les faire grandir et se révéler à eux-mêmes. C’est bien entendu Marie, celle qui habite le couffin, qui va les faire grandir et accepter, entre autres, leurs désirs de maternité et donc leur part de féminité. En filigrane donc une image de l’éducation qui est en train de se modifier, une organisation des familles qui éclate déjà et une gente masculine qui semble enfin prête à prendre en main leur progéniture… et pas seulement pour leur coller quelques baffes.
Film d’une époque certainement, ampoulé par un quiproquo un peu lourdingue avec un paquet de drogue et une circonscription scénique on ne peut plus théâtrale, 3 Hommes et un couffin se déguste aujourd’hui encore avec beaucoup de plaisir et d’affection.
Image
Débarquant pour la première fois en bluray, 3 Hommes et un couffin annonce fièrement un nouveau master 2K. Une restauration qui a effectivement gommé tous les petits soucis que la pellicule a subie au cours des années (taches, points, griffures…) tout en assurant une vraie stabilité du cadre. La palette de couleurs se voit aussi dotée de contrastes beaucoup mieux marqués, même si la photographie reste de nature assez discrète. Cependant le grain, toujours à la limite du floconneux, reste assez envahissant entraînant même dans son sillage quelques matières baveuses. Pas rédhibitoire pour le bluray mais un poil décevant forcément.
Son
Exit la version remaniée 5.1 peu concluante du vieux DVD, ne reste ici plus ici que le mono d’origine en Dolby. Reste que la source est parfaitement claire, propre et équilibrée et reste parfaitement adéquate pour une comédie sans musique et ne reposant que sur les dialogues.
Interactivité
Tamasa reprend ici directement les suppléments proposés autrefois par Montparnasse édition à savoir essentiellement le petit making of rétrospectif « 3+1 ». Pas si long que cela soit, mais il regroupe les trois interprètes et la réalisatrice et évoque avec modestie et sans langue de bois toute la production du film. Les premiers acteurs pressentis (dont Daniel Auteuil partis pour Jean de Florette), la découverte du scénario, les exigences pointilleuses de la cinéaste, le thème du film, la complexité de travailler avec des bébés, le succès phénoménal à sa sortie… Un moment très agréable qui se prolonge avec un segment supplémentaire laissant Coline Serreau creuser un peu plus encore sa vision du film.
Liste des bonus
« 3+1 » : Interviews de Roland Giraud, Michel Boujenah et André Dussollier (23’), « Coline Serreau » : rencontre avec la réalisatrice (23’), Clip : « Au clair de la lune » + version karaoké, Bandes-annonce.