20.000 LIEUES SOUS LES MERS
20,000 Leagues Under the Sea – Etats-Unis – 1916
Support : Bluray & DVD
Genre : Aventure
Réalisateur : Stuart Paton
Acteurs : Dan Hanlon, Edna Pendleton, Curtis Benton, Allen Holubar…
Musique : Brian Benison, Maximilien Mathevon
Durée : 86 minutes
Image : 1.33 16/9
Son : DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Rimini Éditions
Date de sortie : 07 juillet 2021
LE PITCH
Un monstre sous-marin ayant été repéré par plusieurs navires, le gouvernement des États-Unis met sur pied une expédition chargée de le tuer. Le professeur Aronnax, sa fille, et Ned Land, un célèbre harponneur, font partie du voyage. Le monstre est en réalité un sous-marin créé par le capitaine Nemo pour venger un deuil secret.
Le monde du silence
Quarante ans avant le petit chef d’œuvre de Richard Fleischer pour la maison Disney, c’était Universal qui marquait son époque avec une adaptation très libre de Jules Vernes, mais dont l’esprit se voit porté par un mélange savoureux d’exotisme fantastique et de véritables prouesses techniques.
La société de production Universal est encore bien jeune lorsqu’elle se lance en 1916 dans la création de cette adaptation du roman 20 000 Lieues sous la mer. Une prouesse d’autant plus remarquable qu’à ce moment-là le principe de long métrage est encore très marginal et que Jules Vernes avait en l’occurrence été abordé presque uniquement sous la forme de scénettes dont les plus célèbres restent celles de Méliès. Énorme production pour son époque avec son budget renversant de 200 000 dollars, le film est ainsi conçu comme une vitrine spectaculaire de ce qui va devenir les des plus grandes majors américaines, une démonstration de son ambition et de son approche grandiose du cinéma. Le fondateur Carl Laemle ne lésine pas sur les moyens, s’offrant des décors fastueux, un véritable voyage jusqu’aux Bahamas, un Nautilus grandeur nature et une pieuvre géante… euh sans doute impressionnante pour son temps. Et si ce 20 000 lieues sous les mers a gardé une place importante dans l’histoire du cinéma c’est moins pour la mise en scène peu inspirée de Stuart Paton (certain s’en souviennent pour son The Alamo de 1936) que pour ses prises de vues sous-marines révolutionnaires.
Vernesland
Une première, permise par l’invention de John Ernest et George Williamson, la photosphère, un caisson pouvant accueillir à plusieurs dizaines de mètres sous la surface l’opérateur caméra. Le clou du film était donc d’observer pour la première fois sur écran les fonds marins, les ballets des poissons, la prédation de requins et même quelques aventuriers en scaphandres se débattant contre un monstre marin inerte et en mousse. Amusant aujourd’hui certes, mais frappant en 1916 ! Ce mélange d’aventure fantaisiste et d’innovation est certainement à la hauteur du grand Jules Vernes même si le film n’hésite pas à mélanger le roman du titre avec la trame de L’île mystérieuse et à y ajouter une enfant sauvage dont les origines viendront expliciter la vendetta du Capitaine Nemo. Un personnage assez impressionnant ici, puisque pour une fois véritablement présenté sous les traits d’un ancien noble indien musulman. Mélange parfois un peu curieux entre fidélité à l’œuvre initiale et joyeux n’importe quoi digne d’un comic strip ce 20.000 lieues sous les mers témoigne surtout d’une époque où le cinématographe était encore perçu comme une grande attraction de fête foraine, à la fois création artisanale et performance annonçant le monde de demain. Une sorte de retour vers le futur désuet mais définitivement charmant.
Image
Restauré par Universal à partir d’un scan 4K d’une copie 35mm nitrate, ce film muet retrouve clairement de sa superbe. Si les séquences sous-marines sont malheureusement toujours très abîmées (et cela semble irrémédiable), le reste du matériel se montre assez impressionnant offrant des plans à la définition constamment maintenu, au piqué imposant, travail un grain naturel et des contrastes finement définis. Admirable pour une production qui a dépassé les 100 ans.
Son
Bande son produite en 1991, celle de Brian Benison et Maximilien Mathevon accompagne parfaitement l’action dans un mélange de classicisme et de sonorités modernes typiques des récents habillages de film muet. Le DTS HD Master Audio 2.0 lui offre un écrin idéal.
Interactivité
Rimini nous propose ici une très belle édition, d’autant plus appréciable qu’elle est largement plus complète que son homologue américaine (chez Kino) et entièrement confectionnée maison. On découvre ainsi une présentation du film par Laurent Aknin, revenant sur les petits arrangements littéraires, les prouesses techniques du film, l’importance de Carl Laemmle et la naissance d’Universal. A cette interview succède une longue évocation de toutes les adaptations de Jules Vernes à l’écran narrée par Alexandre Jousse et joliment habillée par le réalisateur / Animateur Jean-Manuel Costa. C’est ce dernier aussi qui s’est chargé, en se basant sur une copie d’origine, de reconstituer la version teintée HD du film. Une petite merveille, plus évocatrice encore que la version noir et blanc, qui est donc une exclusivité française.
Liste des bonus
Version teintée, réalisée à partir du master HD par le réalisateur Jean-Manuel Costa, d’après une copie teintée d’origine, Interview de Laurent Aknin, historien du cinéma (19’), « Mobilis in Mobile » : les adaptations de Jules Verne au cinéma, par Alexandre Jousse, journaliste et réalisateur (23’).