X
Etats-Unis – 2022
Genre : Horreur
Réalisateur : Ti West
Acteurs : Mia Goth, Martin Henderson, Jenna Ortega, Owen Campbell, Brittany Snow, Scott Mescudi
Musique : Tyler Bates, Chelsea Wolfe
Durée : 106 minutes
Distributeur : Kinovista
Date de sortie : 2 novembre 2022
LE PITCH
En 1979, un groupe de jeunes cinéastes compte faire un film pour adultes dans la campagne du Texas, mais lorsque leurs hôtes les surprennent en flagrant délit, les acteurs sont obligés de se battre pour leur vie.
Partie de jambes en l’air chez les ploucs
La hype n’a que cessée de grandir autour de la dernière exaction de Ti West (Cabin Fever 2, The House of the Devil), renouveau osé du slasher et déjà en cours d’extension via deux suites / prequel, Pearl et MaXXXine, toujours chez A24. Et bonne surprise, après moult tergiversations, le film sort finalement bel et bien en salles en France !
Été 1979. Sous le soleil écrasant du Texas, une jeune équipe de tournage se rend dans une ferme isolée afin de réaliser un film pornographique amateur. Et ce, à l’insu des propriétaires du lieu, un couple de vieux paysans récalcitrants… X, huitième long-métrage de Ti West, ne dépareille pas dans la filmographie du réalisateur américain. On est bien en présence d’un film d’horreur à l’ancienne, évoquant les classiques du genre des 70’s, à commencer par Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper, œuvre séminale qui a engendré tellement de variations et quasiment autant de photocopies sans grand intérêt, pour un résultat souvent médiocre. On a rarement l’occasion de voir de réels descendants investis et habités qui peuvent prétendre tutoyer modestement le chef-d’œuvre de Tobe Hooper. Heureusement, Ti West figure en tête de liste des réalisateurs ayant tout compris au cinéma d’horreur contestataire des années 70. Des films dont l’horreur graphique n’a d’égale que la terreur sociale qu’ils auscultent et restituent à la face du spectateur. X replonge dans une époque bénie du cinéma (les années 70), de ses films réalisés à l’arrache sous un soleil de plomb et de ses mœurs décomplexées permettant à des producteurs malins de surfer sur le marché du film pour adultes en plein essor.
Emballant et jouissif
Auteur d’une poignée d’excellents films d’horreur, notamment The House of the Devil en 2010 (mais aussi des anthologies VHS et ABCs of Death en 2012 et du western In a Valley of Violence en 2016), qui embrassaiet déjà avec pertinence l’essence des classiques du genre des années 70-80, Ti West confirme sa position de cinéaste majeur du genre horrifique américain. Dans X, le réalisateur respecte avec application le schéma et les archétypes du survival mâtiné de slasher, pour mieux se les approprier, en les pervertissant de l’intérieur. Si on voit venir plusieurs bobines à l’avance la vendetta sanglante du couple de vieux « rednecks », on est davantage surpris par leurs motivations, celles-ci étant directement liées à la nature et au caractère sulfureux du projet « artistique » de leurs jeunes locataires. X devient dès lors un étrange tableau évoquant un sujet tabou au cinéma : la sexualité des seniors, mais aussi la lente dégénérescence des corps et le basculement vers la folie. Une approche osée et audacieuse dans le carcan d’un film de genre, qui plus est agrémentée d’une bonne dose d’humour, le tout sur fond de mise en abîme des galères d’un tournage de film indépendant (aussi pornographique soit-il). Ce cocktail explosif fait de X un film horrifique totalement emballant et jouissif (!), qui ne lésine pas sur les effusions gores, ni sur son torpillage en règle du fanatisme religieux. Ti West y confirme ses talents de metteur en scène et sa maîtrise des codes du cinéma d’horreur, et continue de façonner un style qui aime privilégier et s’appesantir sur la montée en tension, mais aussi les silences et l’attente, ces « moments de creux » entre deux scènes fortes, généralement royalement ignorés dans le genre. Avec X, Ti West signe incontestablement l’un des tout meilleurs films d’horreur de ces dernières années. Une merveille que l’on aura le droit de découvrir sur grand écran grâce à Kinovista (The Nightingale, The Innocents).