WONKA
Etats-Unis, Royaume-Uni – 2023
Genre : Comédie musicale
Réalisateur : Paul King
Acteurs : Timothée Chalamet, Calah Lane, Keegan-Michael Key, Hugh Grant, Paterson Joseph…
Musique : Joby Talbot, chansons originales de Neil Hannon
Durée : 116 minutes
Distributeur : Warner Bros.
Date de sortie : 13 décembre 2023
LE PITCH
Découvrez la jeunesse de Willy Wonka, l’extraordinaire inventeur, magicien et chocolatier de l’univers féerique de Charlie et la chocolaterie de Roald Dahl. Un jeune homme débordant d’idées et déterminé à changer le monde… avec gourmandise !
Un ticket en or massif
Nouveau film dans l’univers de Charlie et la Chocolaterie, Wonka de Paul King prend la forme d’une origin-story autour du personnage de Willy Wonka dont il dévoile les jeunes années en mode comédie musicale. Bonne idée ou effet de mode sans intérêt ?
Le roman Charlie et la Chocolaterie de Rold Dahl traverse les générations et continue d’alimenter l’imaginaire des petits et des grands. Après une première transposition à l’écran en 1971, dans le film homonyme de Mel Stuart mettant en vedette Gene Wilder, puis l’adaptation technico/gothique de Tim Burton avec Johnny Depp en 2005, c’est au tour de l’Anglais Paul King de proposer sa version, en fait un préquel, qui explore les origines du personnage de Willy Wonka, un nouvel aspect du personnage qui jongle entre fidélité au matériau original et larges libertés sur certaines encolures. Un parti-pris payant, puisque le résultat fait honneur à ce créateur de chocolats magiques, doux-rêveur et entrepreneur de bonheur. Destiné en premier lieu à un jeune public, Wonka reste cependant un petit bonbon sucré pour le public adulte. La raison de cette franche réussite a un nom : Paul King. Le réalisateur anglais nous refait le coup du diptyque Paddington, précédente réussite incontournable du cinéaste, qui avait su savamment doser les ingrédients de l’adaptation d’une œuvre pour enfants, avec ce charme « so british » et une mise en scène continuellement inventive. Des qualités que l’on retrouve ici à l’œuvre, et il y avait du boulot, tant l’opus de Tim Burton, globalement décevant et marquant déjà le déclin inexorable du cinéaste, nous avait laissé un souvenir peu convaincant. Wonka réussit en premier lieu à créer un univers crédible, à la fois merveilleux et inquiétant, s’appuyant sur des personnages certes, peu originaux, mais suffisamment écrits et incarnés pour que l’on puisse croire en eux. Autre choix payant, le recours aux décors et effets en dur qui, s’ils n’excluent évidemment pas l’usage d’effets numériques et autres fonds verts, apportent une consistance et une ambiance « à la Dickens » qui sied admirablement au film et son histoire. Des décors et plus globalement une direction artistique générale somptueuse, sans être pour autant ostentatoire, que Paul King filme avec une inspiration réelle, le réalisateur emballant quelques séquences très réussies (l’arrivée dans la cité, la scène de la laverie, les souvenirs de la mère) et composant des images iconisantes fortes. Bref, un vrai plaisir de retrouver un véritable cinéaste derrière la caméra pour ce genre de projet plutôt destiné au jeune public.
Tradition et modernité
Wonka revient à la comédie musicale assumée, à l’image du film de 1971, ce qui n’était pas vraiment le parti-pris de celui de Tim Burton. Pour autant, les séquences chantées et dansées étaient attendues au tournant, vu les récentes productions similaires disneyennes de triste mémoire. Sans être non plus révolutionnaires, ces moments s’avèrent très convaincants, notamment grâce aux morceaux écrits et composés par Neil Hannon, leader du groupe The Divine Comedy et Joby Talbot. Entraînants et jamais lénifiants, les intermèdes chantés renouent avec une tradition de la comédie musicale historique comme pouvait l’être Mary Poppins tout en lorgnant vers une modernité discrète mais efficace et à propos. Il faut également souligner l’implication et la crédibilité de Timothée Chalamet, acteur encore difficilement saisissable, ici totalement investi dans le rôle-titre, qui éclipse sans problème ses prédécesseurs et s’avère désormais LE Willy Wonka idéal, suffisamment charmant et naïf pour emporter le morceau. Un rôle sur-mesure. Le Oompa Loompa incarné par Hugh Grant offre quant à lui ce décalage parfait qui sied au personnage.
Bref, ce Wonka 2023 est une franche réussite, parfaitement amusant et mignon sans être niais, au fort pouvoir d’évocation, qui ne souffre pas outre mesure de quelques défauts de rythme et d’une seconde moitié moins marquante, lorgnant sur le film de casse, et qui trouve même le moyen de laisser poindre l’émotion dans son final. Que demande le peuple ? Une belle surprise, mais venant de l’excellent Paul King, est-ce vraiment étonnant ?