WHEN EVIL LURKS
Cuando Acecha la Maldad – Argentine/Etats-Unis – 2024
Genre : Horreur
Réalisateur : Demián Rugna
Acteurs : Ezequiel Rodriguez, Demián Salomón, Silvina Sabater, Virginia Garófalo, Luis Ziembrowski, Emilio Vodanovich, Marcelo Michinaux, Paula Rubinsztein…
Musique : Pablo Fuu
Durée : 99 minutes
Distributeur : ESC Films
Date de sortie : 15 mai 2024
LE PITCH
Après avoir découvert un cadavre mutilé près de leur propriété, deux frères apprennent que les événements étranges survenant dans leur village sont causés par un esprit démoniaque qui a élu domicile dans le corps purulent d’un homme. Le mal dont souffre ce dernier ne tarde pas à se répandre comme une épidémie, affectant d’autres habitants de la région.
Le malheur est dans le pré
Grace à ESC Films, c’est un nouveau film de genre bien crado et qui tâche qui sort sur les écrans français. When Evil Lurks de Demián Rugna assure son lot de tripailles et de déviances malsaines avec une belle autorité. Une démarcation plutôt pertinente du film de possession que le spectateur français a l’immense opportunité de découvrir dans les salles obscures…
Le Mal est partout, tout le temps. Y compris dans les endroits les plus insoupçonnés. Les cabanes dans les bois, les grandes villes américaines, les pavillons de banlieue… On connaît. Ce qu’on sait moins, c’est que le Diable s’incarne également dans les lieux les plus reculés, notamment dans le milieu rural d’Amérique du Sud, et en Argentine plus exactement. Pour sûr qu’on n’irait pas nécessairement débusquer Satan par là-bas, et pourtant… Dans When Evil Lurks, le réalisateur Demián Rugna fait surgir l’horreur au cœur du quotidien de personnages et d’un environnement que l’on a peu l’habitude de voir dans le genre horrifique, qui plus est dans le cinéma de possession. Tout part d’un cadavre découpé en deux découvert en plein cœur d’un champ et surtout d’un homme alité, bedonnant, au corps déformé et putride, présentant les premiers indices d’un cas de possession très avancé. On va dès lors s’attacher à suivre un groupe de trois personnages, un propriétaire terrien attaché à ses richesses et deux frères, impliqués malgré eux dans cette descente aux enfers, qui découvrent progressivement qu’une entité maléfique plane non seulement dans l’air, mais qu’elle se répand progressivement. Outre sa localisation peu habituelle, When Evil Lurks s’affirme par son association de sous-genres : films de possession, donc, mais aussi d’infectés, d’épidémie. Car le Mal dont on ignore globalement la provenance, se transmet d’un corps à l’autre en faisant pas mal de dégâts sur son passage. Cette approche, si elle n’est pas foncièrement originale en soi, s’avère malgré tout assez audacieuse dans la manière dont elle se déploie, et permet au film de prendre la forme d’une fuite en avant sanguinolente. Les personnages sont poursuivis par un mal sans réelle forme, qui déboule sans prévenir, sans que l’on sache réellement quelles sont les risques et les conditions de la transmission. Le Mal s’insinue au sein d’une cellule familiale pour le moins explosée et éparpillée, dont les personnages présentent des rapports pour le moins distordus (l’un des frères séparé de sa femme et de ses enfants, qui tente vaille que vaille de les sauver).
De la tripe à la mode Rugna
Demián Rugna ne lésine pas sur le gore, même s’il équilibre parfaitement les aspects graphiques du film et la suggestion, avec quelques passages fugaces mais viandards au possible, surtout sur certaines scènes violentes et choquantes, à commencer par une longue séquence de montée en tension autour d’un chien, dont l’aboutissement, un jumpscare paradoxalement attendu (redouté ?), parvient malgré tout à surprendre et à horrifier. D’ailleurs, le cinéaste argentin ne fait pas non plus dans la demi-mesure lorsqu’il s’agit d’aborder des thèmes à la limite du tabou, comme la gestion des corps, des cadavres, ou encore le sort qu’il attribue aux enfants, qu’il n’hésite pas à sacrifier de la pire des manières possibles, avec un plaisir certain à entretenir son côté dérangeant. Si on pourra reprocher au film quelques passages dialogués qui s’étendent un peu trop, notamment dans son dernier tiers, avec l’irruption d’un personnage miraculeusement au fait du Mal à l’œuvre et servant de caution explicative, on ne pourra qu’être soufflé par une première partie totalement maîtrisée, suffocante, au rythme endiablé et qui ne laisse que peu de place à la respiration, tant la tension est élevée et prend aux tripes. On est ici bien loin des tropes du film de possession démoniaque hollywoodien, avec ce « road-movie d’horreur » comme le qualifie le réalisateur, et si ce When Evil Lurks ne réinvente pas non plus la roue, il parvient à asséner son approche horrifique avec suffisamment d’aplomb et de méchanceté pour nous laisser un peu décontenancé, comme deux ronds de flan.
Le film bénéficie d’une assez miraculeuse sortie en salles grâce à Factoris Films qui s’est associé avec ESC Films, ce-dernier étant déjà « responsable » des sorties cinéma d’œuvres aussi dinguo et craspecs que Terrifier 2, The Sadness, Projet Wolf Hunting… C’est encore une belle prise de risque que le public va devoir encourager en se précipitant pour découvrir cette plongée horrifique et sanglante au cœur de l’Argentine.