VERMINES
France – 2023
Genre : Horreur
Réalisateur : Sebastien Vanicek
Acteurs : Theo Christine, Sofia Lesaffre, Jérôme Niel, Lisa Nyarko, Finnegan Oldfield, Marie-Philomène Nga, Xing Xing Cheng, …
Musique : Douglas Cavanna, Xavier Caux
Durée : 103 minutes
Distributeur : Tandem Films
Date de sortie : 27 décembre 2023
LE PITCH
Kaleb vit dans une tour d’habitation de la banlieue parisienne. En froid avec son meilleur ami et sa sœur, il traverse une période de solitude. Passionné d’animaux exotiques, il fait l’acquisition d’une araignée venimeuse qui va échapper à sa vigilance et propager son espèce dans tout l’immeuble. Placés à l’isolement, les habitants doivent faire face à des araignées dont le nombre et la taille ne cessent de croître …
On se fait une toile ?
L’année 2023 se termine en apothéose pour le cinéma de genre français avec la sortie de Vermines, redoutable série B où les habitants d’une cité affrontent des légions d’araignées parmi les plus dangereuses jamais vues sur un écran de cinéma. Pour son premier long, Sebastien Vanicek démontre qu’il a de l’énergie à revendre.
La Tour de Guillaume Nicloux, Acide de Just Philippot, Le Règne Animal de Thomas Cailley, La Gravité de Cédric Ido ou encore Vincent doit mourir de Stéphan Castang et Mars Express de Jérémie Périn ont confirmé en 2023 la très bonne santé du cinéma de genre hexagonal avec de beaux retours critiques et publics à la clé. Bien que nettement plus modeste dans ses ambitions que les titres que nous venons de citer, Vermines enfonce le clou et prouve (comme si cela était vraiment nécessaire) que les p’tits gars bien de chez nous sont parfaitement capables de damer le pion aux grosses machines US.
Dans son croisement entre le « film de banlieues » et le film de monstres old school, Vermines fait tout d’abord remonter un mauvais souvenir à la surface, celui de La Horde, ignoble série Z pondue en 2009 par le duo Benjamin Rocher / Yannick Dahan et où un immeuble d’une cité du 93 devenait le théâtre d’un affrontement entre flics ripoux, kaïras sadiques et zombies enragés. Assourdissant, brouillon et antipathique, La Horde gâchait son potentiel de train fantôme bad ass en poussant tous les curseurs à fond et en substituant à de vrais personnages une galerie de clichés grimaçants. Tout l’inverse de Vermines qui, grâce à l’apport du co-scénariste Florent Bernard (plus connu sous le pseudo de FloBer et à l’œuvre sur les vignettes humoristiques de Golden Moustache, Bloqués ou plus récemment La Flamme), soigne la caractérisation de ses protagonistes et parvient à les rendre immédiatement attachants et crédibles. On pourra certes reprocher au scénario de ne pas prendre beaucoup de risques, d’abuser de dialogues à base de « wesh » et de dépeindre la banlieue sous un angle finalement très édulcoré mais la dynamique de la narration fonctionne sans le moindre accroc et l’ensemble se tient admirablement.
Arac Attack
Mais qu’en est t-il des fameuses bébêtes, me direz-vous ? Fin connaisseur, Vanicek tire une bonne part de son inspiration de L’Horrible Invasion de John Bud Carlos et d’Arachnophobie de Frank Marshall, soit les plus belles réussites à ce jour du « spider-flicks ». Au premier, il emprunte une approche terre à terre, pessimiste et énervée. Du second, il retient le savant mélange d’humour et d’horreur grand public. Dès son prologue hargneux situé en plein désert du Maroc, le cinéaste nous renseigne sans détour sur le degré de la menace : pour se défendre, ses araignées se déplacent à toute vitesse et mordent pour tuer et pour pondre. Transportées en lieu clôt, elles grandissent et se multiplient à vitesse grand V. Submergés, les survivants doivent se faufiler dans des couloirs et des cages d’escalier entoilées et grouillant de cadavres et de milliers d’arachnides mortelles. Véloce, la mise en scène épouse le modus operandi de ces méchantes bestioles tout en restant lisible et en ménageant des plans plus longs, comme ce spectaculaire travelling arrière tournant sur lui-même dans un couloir sombre où les araignées ont fait leur nid. Un couloir que les héros vont évidemment devoir traverser le plus vite possible en raison d’une veilleuse qui coupe la lumière au bout d’une minute. Un grand moment de tension parmi beaucoup d’autres.
Si son refus de sortir de rails très confortablement établis peut rendre l’expérience parfois très prévisible, Vermines n’en demeure pas moins un roller coaster de fort belle facture et qui doit beaucoup à une équipe technique et artistique animée par l’amour du travail bien fait. Mr Vanicek, à présent, on attend la suite !