TERRIFIER 3
Etats-Unis – 2024
Genre : Horreur, Slasher, Gore
Réalisateur : Damien Leone
Acteurs : Lauren LaVera, David Howard Thornton, Samantha Scaffidi, Elliott Fullam, Jason Patric…
Musique : Paul Wiley
Durée : 125 minutes
Distributeur : Factoris Films
Date de sortie : 9 octobre 2024
LE PITCH
Seuls rescapés du massacre d’Halloween orchestré par Art le Clown, Sienna et son frère essaient de reconstruire leur vie. À l’approche des fêtes de fin d’année, ils s’efforcent d’oublier les horreurs passées. Mais alors qu’ils pensent enfin être en sécurité, Art refait surface, bien décidé à faire de Noël un cauchemar sanglant.
The (Horror) Show Must Go On
Damien Leone revient en force avec Terrifier 3 ! Après un premier film qui jouait (trop) la carte de l’épure sur 1h25 et un deuxième opus pachydermique de 2h18, ce troisième volet s’étalant sur 2h05 trouve enfin un équilibre bienvenu. Le résultat ? Un spectacle généreux et efficace, où l’ennui n’a pas sa place.
Créer une nouvelle icône de l’horreur est un défi aussi complexe que d’inventer un nouveau super-héros. Impossible de rivaliser avec des personnages légendaires qui ont des décennies de culte derrière eux, qu’ils s’appellent Superman ou Michael Myers. Pourtant, même s’il a pris son temps (sa première apparition remonte à 2009 dans le court-métrage The 9th Circle), Art le clown a fini par trouver sa place sur le Mont Olympe des croquemitaines. Magistralement interprété par David Howard Thornton depuis Terrifier en 2016, Art ne perd rien de son mordant dans Terrifier 3, et laisse transparaître un humour encore plus marqué. Grâce aux talents de pantomime de Thornton, le clown nous arrache désormais quelques rires (en plus d’un bras, au passage), ajoutant une touche grotesque qui le rapproche d’un Freddy Krueger. Ses meurtres, à la fois sadiques et teintés d’humour noir, le transforment en un véritable showman du macabre, pour le plus grand plaisir de ses fans.
Le film prend également le temps d’étoffer sa mythologie, amorcée dans les courts-métrages de Leone et réintroduite dans le deuxième opus. Cette dimension narrative enrichit l’univers du clown tueur, ouvrant la voie à une saga qui lorgne du côté de l’horreur surnaturelle. Parallèlement, Terrifier 3 explore les séquelles psychologiques des survivants, rappelant par moments Halloween II de Rob Zombie. On retrouve même un clin d’œil direct au cinéma de Zombie avec la présence de deux de ses acteurs, Daniel Roebuck et Clint Howard, dans une scène de violence purement gratuite où Leone démontre son savoir-faire dans l’art des mises à mort brutales et inventives. Quant à Lauren LaVera, héroïne du deuxième film, elle apparaît ici bien plus passive que dans l’épisode précédent. Néanmoins, sa présence reste magnétique, surtout dans ses confrontations avec Art.
Pour l’amour de l’Art
Comme ses prédécesseurs, Terrifier 3 embrasse pleinement une esthétique grand-guignolesque, avec des effets visuels artisanaux et une touche de grotesque très théâtrale. Chaque scène de carnage est une performance, un hommage aux maîtres des effets spéciaux réalisés “en dur”. Damien Leone maîtrise l’art de rendre l’horreur à la fois choquante et ludique, provoquant des rires nerveux chez le spectateur. La photographie, avec ses teintes chaudes (moins typées “train fantôme“ que dans le deuxième film), et son grain élégant, soulignent le désir de Leone de ressusciter un certain cinéma bis d’antan. Toutefois, comparer Leone à des réalisateurs comme John Carpenter ou George Romero serait une erreur. Terrifier 3 ne cherche ni la terreur subtile ni le sous-texte social. Tout au plus, le film tente-t-il vaguement de questionner notre rapport ambigu à la violence, entre dégoût et fascination. Damien Leone s’inscrit plutôt dans la lignée des grands maquilleurs de l’horreur (sa formation initiale) comme Greg Nicotero et Tom Savini. Le caméo de ce dernier dans Terrifier 3 est d’ailleurs un clin d’œil réjouissant, une sorte d’adoubement symbolique entre maître et disciple.
Malgré ses qualités plastiques, Terrifier 3 laisse tout de même un goût d’inachevé en ce qui concerne sa narration (une constante dans la saga). Leone continue de repousser les limites du gore, mais il devra veiller à ne pas étirer inutilement l’histoire sur le(s) prochain(s) opus au risque de perdre son audience. Cependant, à l’heure où le cinéma d’horreur américain semble se résumer à James Wan, Mike Flanagan (avouez que ça fait rêver !), ou à des compagnies telles que Blumhouse et A24, Damien Leone incarne le geste punk dont le genre a terriblement besoin avec son cinéma de série B – voire Z – sans concessions, libre et inventif. Reste à voir s’il saura maintenir cette énergie jusqu’à la conclusion de sa saga fétiche.