TERRIFIER 2
Genre : Horreur
Date de sortie : 11 janvier 2023
LE PITCH
Après avoir été ressuscité par une entité sinistre, Art le Clown revient dans la ville de Miles County où il prend pour cible une adolescente et son jeune frère le soir d’Halloween.
Attention film méchant
Les spectateurs s’évanouissent dans les salles, vomissent dans les couloirs, s’enfuient choqués par les débordements gores… Déjà entendu ? Certainement. Il n’empêche que l’argument pub fonctionne toujours plein pot puisque Terrifier 2, dernière sensation horrifique américaine du moment, aura bien les honneurs d’une sortie salle en France. Et il n’est pas étonnant que cette dernière soit à nouveau due à l’équipe d’ESC, déjà responsable du joli petit pari qu’était The Sadness.
The 9th Circle, conforté par Terrifier version short puis par la réunion de ces deux là dans le film à sketch All Hallow’ Eve, le personnage prend vraiment et tout naturellement sa dimension avec le long métrage Terrifier sorti en 2016 (et désormais visible sur Shadowz). Confectionné avec des moyens rikiki mais un sacré amour du slasher, du gore et du film d’horreur à l’ancienne, l’opus indépendant et souvent bricolé se dote d’un excellent bouche-à-oreille et d’une petite aura qui va permettre à une campagne Indiegogo d’être financée à 430% (!!!) et de donc donner naissance à un Terrifier 2 beaucoup plus ambitieux. Car Damien Leone n’aborde pas sa petite création avec détachement, mais entend bien façonner une véritable mythologie autour de son personnage iconique. Un véritable univers qui confirme d’ailleurs une plongée de plus en plus marquée dans le fantastique et le surnaturel. Jusqu’ici tueur sadique mais bel et bien mortel, Art devient comme Freddy, Jason ou Myers avant lui, un boggeyman immortel échos de frontières entre réalité et imaginaire qui ne seront pas sans rappeler un certain Freddy 3 Les Griffes du cauchemar. Une petite sidekick plus flippante encore apparait, des liens étranges se tissent entre le monstre et une famille marquée par le deuil, et une renaissance aussi improbable que parfaitement dégueulasse finit de l’installer comme une nouvelle icône du genre.
Pâté servi en terrine
Terrifier 2 véritablement estomaquant dans ses déversements de litrons d’hémoglobine et ses déchainements sanguinolents sans pitié. Comme tout bon splatter movie à l’ancienne, l’opus enchaine ainsi les meurtres, les victimes et massacres gratuits, et s’abandonne dans la description barbare de lacérations, énucléations, castrations, démembrements, scalpages, Art ne se contentant jamais d’un petit meurtre rapide. Il a tendance à s’acharner joyeusement sur les corps jusqu’à les transformer en amas de viande, dans des démonstrations effectivement assez impressionnantes, mais toujours jubilatoires par excès, de la maitrise des maquillages et SFX de la part de Damien Leone effectivement aussi Directeur des effets spéciaux. L’opportunité de revoir en salles ce type de spectacle décomplexé, jovialement glauque, a effectivement quelque chose de transgressif, de profondément irrésistible. Cependant, sans doute emporté par l’engouement autour de sa saga en devenir, Damien Leone s’est senti pousser des ailes gonflant bien au-delà du raisonnable la durée de son film. De 85 petites minutes bien tendues pour le premier Terrifier, le bougre passe ici à plus de deux heures d’exploitation franchement injustifiées. Les séquences s’étirent, le script s’embourbe dans ses prétentions, les faiblesses des acteurs deviennent plus qu’évidentes dans des passages dialogués souvent bien lourds, le metteur en scène s’embarque dans quelques délires oniriques interminables, et le film se paye même un épilogue surréaliste plombant.
Terrifier 2 aurait gagné à avoir un regard extérieur, la vision d’un monteur taillant sévèrement dans le gras et les errances constantes de l’objet. Fun et gore, ambitieux et courageux, mais bien trop longuet pour aboutir à l’uppercut voulu.