SUPER MARIO BROS. LE FILM
The Super Mario Bros. Movie – États-Unis, Japon – 2023
Genre : Animation, Fantastique
Réalisateur : Aaron Horvath, Michael Jelenic, Pierre Leduc
Acteurs : Chris Pratt, Anya Taylor-Joy, Charlie Day, Jack Black, Seth Rogen, Keegan-Michael Key
Musique : Brian Tyler
Durée : 92 minutes
Distributeur : Universal Pictures
Date de sortie : 05 avril 2023
LE PITCH
Alors qu’ils tentent de réparer une canalisation souterraine, Mario et son frère Luigi, tous deux plombiers, se retrouvent plongés dans un nouvel univers féerique à travers un mystérieux conduit. Mais lorsque les deux frères sont séparés, Mario s’engage dans une aventure trépidante pour retrouver Luigi. Dans sa quête, il peut compter sur l’aide du champignon Toad, habitant du Royaume Champignon, et les conseils avisés, en matière de techniques de combat, de la Princesse Peach, guerrière déterminée à la tête du Royaume. C’est ainsi que Mario réussit à mobiliser ses propres forces pour aller au bout de sa mission.
It is him ! Mariiiio !
Mascotte moustachue du leader Nintendo, figure culte et incontournable des jeux vidéo et de la culture populaire, ce brave Mario (et euh oui, son frangin aussi) saute enfin à pieds joints dans le vaste monde du cinéma. Oublié le nanar halluciné des années 90, avec le studio Illumination (Moi, Moche et méchant et ses suites) aux commandes et Shigeru Miyamoto à la production, les fans ont enfin le film qu’ils méritaient… Et peut-être même un peu plus.
Toutes les licences passant forcément un jour par la moulinette du cinéma popcorn, on peut s’étonner que Nintendo, même échaudé par l’étrange machin sorti en 1993 ou la très oubliable série mal animée diffusée quelques années avant, ait résisté aussi longtemps aux multiples propositions. C’est finalement donc le célèbre studio Illumination fier d’une succession de cartons au box-office, dont le dernier Les Minions 2, et une véritable excellence technique, qui a finalement remporté le pompon. Et là encore les risques étaient multiples, car l’univers même du petit plombier, ses royaumes champignons, ses plantes carnivores, son ennemis godzillesques et la multiplication de ses apparitions, aurait pu rapidement se heurter à bête volonté d’en rationaliser les contours, de leur offrir une logique plus palpable. Et là, en dehors d’un scénario pas franchement mémorable qui revient, rapidement, sur les origines new-yorkaises du personnage, Super Mario Bros. Le Film fait très fort en se vautrant totalement dans un univers foutraque, naïf, incroyablement coloré et aux collages ultra visibles, sans jamais détourner le regard ou y apporter une once de cynisme. Certes on se moque éperdument de la relation symbiotique existante entre les deux frangins et de la volonté farouche de Mario de délivrer son Luigi, mais ce n’est en définitif qu’un MacGuffin, un point de départ un peu facile, pour offrir un tremplin à une aventure ramassée, résumée à l’essentiel et forcément très proches de ceux de la plupart des jeux.
« Welcome to the warp zone! »
Ainsi pour sauver le monde des champignons (et non plus la princesse, la nouvelle Peach étant pleine de ressources), il suffira de parcourir plusieurs mondes reliés entre eux par des tuyaux verts, réussir différentes épreuves et mettre la main sur la Super Étoile aux pouvoirs colossaux. A l’image des jeux donc, le film enchaine les tableaux avec ferveur et énergie et fait constamment pleuvoir sur l’amateur avide un déluge de clin d’œil, références à toutes époques confondues, à de nombreux épisodes jusqu’au premier Donkey Kong en Arcade ou la première cartouche NES, avec en point d’orgue des reprises musicales réjouissantes signées par un Brian Tyler étonnement inspiré. Du pur fan service sans doute, mais le film s’avère aussi saisissant qu’émouvant dans sa volonté de véritablement incarner en mode cinéma la grammaire même des jeux estampillés Mario. La séquence tant attendue de Mario Kart (sur une piste arc-en-ciel) retrouve la fébrilité tendue d’une partie sur Wii, la confrontation entre Mario et le brave Donkey Kong n’est pas loin de la sauvagerie d’un Smash Bros., tandis que la première mission de plombier de Mario retrace ni plus ni moins que tout le level design du premier tableau de Super Mario Bros. sur la vénérable Famicom. Mario bondit de plateformes en plateformes, récolte des bonus « chat » ou « tanuki » en plus des traditionnels Champi et « fleurs enflammées », mais avant de survoler l’ultime niveau, doit surtout apprendre le B.A.B.A. du gameplay sur un parcours d’entrainement éprouvant à la dure les règles du die & retry que seuls les vieux ont souffert sur les pads grisâtres.
Une rare compréhension de l’art vidéoludique, jamais très loin des meilleures séquences de Ready Player One, qui élève constamment un bon spectacle familial, doté d’un humour bienvenu (merci Jack Black !), de modélisations et d’animation ultra pointues, et que l’on pourrait sans doute qualifier de meilleur adaptation cinéma d’un jeu vidéo. Chapeau Mario !